Abdelmalek est le fils d´une famille aisée qui a joué à Arsène Lupin. Butin: deux milliards de centimes. Abdelmalek F. s´accuse du vol. Il dit avoir agi seul. Le voleur du milliard et quelques milliers de centimes du sac trouvé soi-disant dans un appartement fermé depuis quatre ans. «Je suis le voisin et je n´ai pas eu de difficultés à déplacer les liasses chez mes parents. Encore une autre chose: celui-là, le codétenu, n´a rien à voir. J´ai agi seul», marmonne le longiligne détenu qui va suivre avec un plaisir qu´il cache mal, la version du codétenu rappelé à l´ordre par Sihem Bechiri, la juge du dimanche qui va relire des passages de déclarations du PV du juge d´instruction. Le troisième inculpé va être plus crédible. Il répond aux questions du tribunal avec sérénité. Samir, le frère d´un des inculpés, raconte la découverte du cabas chez lui à Bab El Oued: «STP, c´est une somme d´argent confiée par un ami qui ne saurait tarder à venir récupérer son argent. De toute façon, nous faisons des affaires ensemble», m´avait-il confié: «Vous n´aviez rien soupçonné dans toute cette histoire?» demande la juge qui va suivre Samir dira, que six jours plus tard son frère était revenu à la maison lui proposer quelques millions: «Voilà, sers-toi», m´avait-il affirmé. Entre-temps, Maître Abouza-karia, l´avocat de l´inculpé principal pensait à haute voix: «C´est un mystère. Près de deux milliards en liquide, qui traînent dans un appartement vide durant quatre années.» Revenant sur le fait que l´inculpé principal ait nié avoir eu des complices, la présidente s´exclama: «Vous volez près de deux milliards de centimes, vous partagez six cents millions entre ces deux, en guise de charité!» Le détenu parle de pressions du commissariat et même de coups, avant d´expliquer que le cabas était si lourd qu´il avait été obligé de prendre par petites liasses, du balcon de la victime au leur. Reste le mystère des deux complices qui n´ont jamais su expliquer la provenance des 400 millions de centimes. A quel titre? Et comme pour détendre l´atmosphère de Ramadhan 1428, l´inculpé principal raconte qu´à la vue des deux millions de dinars, il avait eu le tournis: «Je n´ai jamais vu autant de billets!», lança-t-il, alors que des rires s´échappaient de la salle. Maître Soufiène Mezghiche, l´avocat de la partie civile parle d´affaire grave et rappelle que cette somme n´appartenait pas à l´inculpé. C´était une commission confiée, une mission même qui l´a vu devenir un homme de confiance avant d´être poursuivi par les vrais propriétaires de cette énorme somme. Rendant un hommage appuyé en direction des éléments de la police judiciaire et surtout au fait que le voleur avait fait en sorte, de gaspiller à tout-va l´argent d´autrui, et donc d´être pris. Passant aux codétenus, l´avocat rejette l´idée d´aumône. «Un chômeur analphabète ne peut posséder une telle somme, à telle enseigne qu´il éparpille deux tiers du butin, produit du vol», s´est exclamé le défenseur qui a décortiqué le dossier avant d´effectuer ses demandes de réparation et de regretter que ce même dossier constitue une affaire criminelle, car Mouati, le voleur principal, s´est mis tout seul dans le bain pour rester en correctionnelle, alors que la victime s´est retrouvée avec deux bras paralysés. Akila Bouacha, la procureure de l´audience, requiert quatre et sept ans de prison ferme et dix ans. Maître Boubakeur pour Abdelmalek F. aborde sa plaidoirie par une tentative d´abattement du premier délit: «Association de malfaiteurs.» «Pour retenir ce délit, il y a plusieurs critères qui doivent être réunis afin de le retenir comme crime. Les déclarations de ceux qui sont poursuivis de vol, sont là pour étayer leurs dires», a récité l´avocat. Après quoi, il demande la relaxe. Pour le second délit, le vol n´a pas lieu d´être retenu. Maître Sid-Ahmed Abtouche construit une plaidoirie à plusieurs interrogations. De l´association de malfaiteurs à l´absence de preuves, y compris l´absence d´empreintes digitales en passant par la supériorité du PV du juge d´instruction sur celui de la police judiciaire, l´avocat parle même d´absence, pas de preuves, mais de concordances. Bechiri effectue une mise au point: «Il n´y a pas eu d´empreintes digitales des deux complices car ils ne sont pas montés avec Abdelmalek qui s´est chargé du plus gros du méfait.» L´avocat salue cette petite mise au point et va s´accrocher au fait que Abdelmalek déclare avoir agi seul. «Donc, il n´ y a pas d´association de malfaiteurs», conclut le défenseur de la cité Nassiba-Malki qui a fortement réclamé la relaxe de son client.