Maître Ahmed Al Afandi s´est servi de son illustre prénom pour aller au feu et faire condamner l´auteur de non-paiement de... Maître Al Afandi Ahmed, l´avocat d´une ex-victime de non-paiement de pension alimentaire en 2008, alors que le divorce a eu lieu en 2001 s´est franchement acharné, non pas à récupérer la somme due aux enfants et ses dommages-intérêts mais encore à «vouloir» le mandat de dépôt à l´audience, tant il a aussi voulu démontrer à une raide Saloua Makhloufi-Derbouchi, la juge de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger), la mauvaise foi de l´inculpé, lequel aurait eu un comportement irresponsable devant ses enfants et aux dépens de la justice, car s´écriera l´avocat «la loi est claire. Deux mois de retard! Pas plus! Le délit est consommé. Il ne veut pas régulariser sa situation. Il se cache derrière les missions que lui confie sa tutelle pour échapper au glaive de la justice. Son ex-épouse est lasse d´être malmenée par des dribles de ce père de famille qui fait comme si, par un coup de baguette magique, il n´avait rien à se reprocher.» Silencieuse jusque-là, Makhloufi arbore son plus beau sourire -i-e- qu´elle va lâcher un calembour pour remettre à sa place tout un chacun qui veut piétiner les us et coutumes que toute magistrate digne de ce nom refuse tout net. «Maître, pourquoi plaidez-vous avec tant de passion? Soyez patient car l´inculpé à démontré une bonne foi en versant à ses enfants cent mille dinars sur les quatre cent mille dinars dus», articule la juge alors que Akila Bouacha, cette dynamique représentante du ministère public acquiesçait du chef comme pour lancer, à l´intention de l´inculpé, qu´il devait s´attendre à un rude réquisitoire surtout si le délit est commis par un inculpé censé ne pas ignorer la loi et les conséquences qui en découlent, dans ce cas d´espèce. «O.K, madame la présidente, mais laissez-moi vous dire que j´ai un contrat moral avec la mère des victimes qui sont des enfants abandonnés à leur triste sort depuis sept ans. Et dans cette optique, sept ans ça suffit! Barakat! Bon sang de bon sang!», avait balancé sans retenue l´avocat. La salle est dans l´expectative. Un silence glacial et glaçant plane dans cette minuscule salle d´audience où l´on rend justice en toute sérénité surtout depuis que n´a accès dans la salle que le justiciable muni d´une convocation. Entre temps, l´inculpé, malgré sa grande et haute taille, se fait tout petit. Il n´a même pas le vocabulaire qu´il faut utiliser à l´intention de la juge qui va refuser la polémique à la barre et que seuls les arguments valables du dossier auront droit à la libre circulation. C´est alors que, pour en finir, Derbouchi fait une proposition, laquelle, une fois énoncée, va faire bondir de rage, Maître Al Afandi, qui va protester bruyamment: «Madame, la présidente, vous venez de tendre la perche à l´inculpé c´est tout à votre honneur. Mais ce qui est déplaisant, c´est que l´inculpé va se servir de votre largesse même justifiée pour nous rouler une énième fois.» «Maître, vous venez de définir l´objet de ma proposition qui est, encore une fois, que l´inculpé donne au tribunal sa parole qu´il respectera le délai pour qu´il régularise ses enfants. Et pour ce faire, qu´il donne son adresse au greffier de l´audience...», balance la juge qui ne va point apprécier, mais alors pas du tout le fait que l´inculpé n´ait pas attendu qu´elle achève sa phrase pour se ruer (le mot est à sa place) sur le pupitre du greffier: «Inculpé! revenez à la barre et donnez l´adresse à haute et claire voix», hurle presque Saloua Makhloufi. Maître Al Afandi proteste énergiquement. La juge refuse et somme l´avocat de se taire: Mais, ça suffit, le tribunal ne supportera plus ces interventions intempestives. Retrouvez à votre place, SVP et puisque vous venez de déclarer que l´adresse est fausse, à la fin de l´audience, adressez-vous au parquet et déposez plainte à l´encontre de l´inculpé pour fausses déclarations, tranche Makhloufi- Derbouchi qui profitera de ce tir nourri et libérera les justiciables en levant une audience où on aura vécu des bas et des hauts, du bon et du très bon, grâce au makhloufisme. Trois mois de prison ferme a été la sentence.