Hélas, encore une histoire de faux où le fils d´un maire est témoin. Un témoin qui ne sait rien. Qu´est-ce qu´on n´entend pas dans une salle d´audience au cours d´un procès de faux et usage de faux sur documents administratifs! On entend par exemple, au vol, comme ça, que le premier inculpé avait une solide connaissance avec le président de l´APC, absent au cours des débats et donc incapable de se défendre des accusations de cousin et qui a consenti à lui délivrer un lot de terrain qui allait faire l´objet de plusieurs transactions. Sadmi, Guettaï, Ben Mohamed, qui prétendent avoir un lien de parenté avec le maire, sont impliqués dans ce dossier où le maire et son fils étaient au centre du terrain...pas de jeu, ni celui accordé par le maire, mais le terrain du faux, un faux où l´original du document a disparu. Le maire et son enfant avaient partagé la somme que j´avais offerte pour changer la décision d´attribution au profit de Sadmi. J´ai bénéficié de ce lot au même titre que plusieurs citoyens qui en avaient fait la demande. Puis, j´ai décidé de revendre ce lot, mais je n´ai plus l´original de cette décision. Je l´ai cédé à Gettaï moyennant une certaine somme en 2006. Entre-temps, vous n´aviez jamais photocopié cette fameuse décision? demande Hadj Rabah Barik, le président de la section correctionnelle de Koléa (cour de Blida). Samir Tamel, ce procureur demande l´âge à Ben Mohamed le bénéficiaire: «J´avais vingt ans en 2005.» «C´est bien» a commenté le parquetier qui apprendra au passage que Ben Mohamed avait un lien de parenté avec le maire de l´époque: «C´est le cousin de mon père» martèle l´inculpé qui allait être assommé par le juge qui brandit, sans coup férir, les documents falsifiés par Ben Mohamed qui avait finalement ni bénéficié de lot, ni documents, rien. «Tout est faux, même ce que vous venez de dire», tonne calmement le magistrat qui va pousser Ben Mohamed à répéter le lien de parenté avec son père, au sujet du maire malheureusement absent et donc privant le tribunal de précisions utiles. Sadmi est à son tour entendu par le tribunal. «A trente ans, vous nous dites avoir bénéficié d´un lot de terrain à l´âge de vingt cinq ans!» balance le juge qui apprend que ce lot avait été de suite revendu à un certain Sid Ahmed. «C´est bien que l´APC aide des jeunes, mais c´est mal que ces mêmes jeunes fassent du commerce avec ces attributions» dit le président qui devait se tenir les côtes sans rire. Guettaï va alors déclarer qu´il ne connaît pas ce ben Mohamed et Sadmi est un enfant de Douéra que tout le monde connaît. Guettaï n´est pas un invité de la justice à laquelle il n´a jamais eu affaire. «On dit que vous seriez derrière tout ce dossier», siffle Barik qui gère très bien l´audience. D´ailleurs, Guettaï est détenu et c´est cette détention qui a fait qu´il est déstabilisé lors de son interrogatoire. Maître Mustapha Habachi, Maître Hammoud et Maître Soufiane Draoui posent toutes les questions à même d´éclairer le tribunal. Ils tenteront par la suite le cavalier seul, chaque plaideur tentant de sauver son client dont le plus clair du temps a été d´enfoncer l´autre. Noura Guettaï, la soeur de l´inculpé est appelée à la barre pour témoigner loin du serment et pour cause, sous son foulard gris clair, elle répond sans détour aux questions du tribunal. Elle reconnaît avoir prêté la puce à son frère qui avait besoin de donner un coup de fil sans chercher à comprendre le pourquoi de l´appel. Un tissu de mensonges, quoi! Guettaï semble être déstabilisé par cette sortie du tribunal, mais Barik veille au grain en remerciant Noura pour son aide à la justice. Le fils du maire est aussi appelé à témoigner. Il semble tomber du ciel. Il n´a jamais su qu´il avait remis une certaine somme à son père pour garder des «miettes». Il est, lui aussi, remercié par Barik, impérial ce dimanche de janvier 2010. Samir Hamel le procureur joue au martyr: «Le tribunal vient d´inviter nos amis avocats de faire court alors que nous n´avons pas effectué les demandes», plaisante le parquetier qui réclame des peines de deux ans, trois ans et quatre ans ferme pour chacun des inculpés.