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Le bénéfice du doute
Publié dans L'Expression le 24 - 05 - 2010

La femme de ménage s´en est sortie indemne de l´inculpation de vol d´argent et de bijoux grâce...
Hayet M., trente-trois ans, est employée comme femme de ménage chez une mère de famille du côté des hauteurs d´Alger. Elle a un comportement des plus troublants. La bonne femme s´était aperçue qu´à chaque «séance» de nettoyage, des objets, de la monnaie et même des bijoux disparaissaient.
La femme de ménage n´avait jamais été soupçonnée. La maîtresse de maison ne voulait même pas y penser, tant elle paraissait angélique, polie, consciencieuse! Et pourtant, c´est arrivé. Le vol a eu lieu.
De précieux objets ont été volés, malgré la précaution prise par madame qui avait invité sa voisine-amie-copine à constater le dépôt d´or et d´argent soigneusement caché dans la chambre, juste pour tester la femme de ménage. Cette dernière souffre le martyre depuis une quinzaine de jours car, après avoir été entendue et sèchement même, par les policiers, elle avait reconnu avoir volé le lot et ce, dans la cuvette des toilettes du domicile de la dame victime.
Seulement voilà! Le lot avait été effectivement, retrouvé dans la cuvette des WC mais il n´y avait pas tout l´or ni la somme laissés à dessein, comme appât. Et c´est là où cela se complique. La victime a un témoin, sa voisine-copine-amie confidente. Donc pas question de faire prêter serment.
La femme de ménage a certes, avoué. Elle a même montré l´endroit. Pour elle, c´est tout ce qu´elle avait volé. Et le hic, rien ni personne ne pourra faire avouer la dame d´avoir volé plus qu´elle n´a remis sans contrainte. «C´est là où la justice s´avoue impuissante», reconnaît l´avocat de la victime, Maître Kamel Maâchou, un avocat foncièrement honnête et professionnel qui a dû expliquer à la victime, sa cliente, qu´il fallait remettre le couvercle sur la marmite bouillante et bouillonnante du fait, du méfait, du délit. Un délit qui a tendance à faire tache d´huile tant le trop-plein de confiance prédomine dans notre société.
Evidemment, lorsque vous avez une devise qui affirme que la loi ne protège point les naïfs, il est encore plus évident donc que ces naïfs l´auront cherché lorsqu´ils sont escroqués, volés, abusés, etc. Le dernier exemple d´un grand avocat d´Alger qui a engagé une secrétaire congédiée pour avoir volé un couple d´avocats estimés, connus pour leur honnêteté, est à lui seul édifiant.
On engage une fille qui paraît être une gueuse mais en réalité c´est une démunie qui a eu faim lors de son adolescence et même sa petite enfance, on ne doit pas s´étonner qu´elle ait pu abuser son bienfaiteur, quand bien même il lui aurait confié d´autres responsabilités outre celle de secrétaire.
Nous avons lié ces deux affaires qui s´étaient déroulées à Bir Mourad Raïs (cour d´Alger), car le magistrat qui a entendu la victime qui poursuit sa femme de ménage, a retenu les déclarations contradictoires.
Cinquante millions de centimes déclarés volés, devant la police. Le double déclaré devant le juge. Donc le doute s´était mis de la partie et Maître Maâchou, qui a plaidé juste, n´avait pas les moyens de redresser la bévue de sa cliente qui ne doit s´en prendre qu´à elle-même.
Quant à la secrétaire, elle a été relaxée grâce aux témoins que la victime avait ramenés à la barre. Or, leurs déclarations s´étaient limitées à ce qu´ils n´ont pas vu le client de l´avocat remettre l´argent, ni la secrétaire compter les liasses avec l´avocat, comme précisé par la victime.
Alors, lorsque la justice si décriée se prononce sur la base du doute, nous n´allons pas demander la mise à mort du magistrat qui a prononcé la relaxe. Reste maintenant la conviction des victimes qui devront, à l´avenir, ouvrir l´oeil, l´oreille, et fermer le porte-monnaie, le tiroir, le bureau, la porte d´entrée et le portail de l´escroquerie, du vol, du, du et du...
Quant aux biens mal acquis, ils ne profitent jamais. C´est la loi de la nature!


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