Arezki H. est un type bien. Il est si bien qu´un après-midi, il boit à gogo et prend le risque de prendre le volant avec un taux d´alcoolémie...enivrant! L´affaire qui a poussé Maître Mohamed Djediat, l´avocat de Patrice Lumumba, à effectuer un saut sur Koléa (cour d´Alger) concerne tout bonnement un jeune homme qui se regarde si bien dans la glace tous les matins, qu´un après-midi, après avoir ingurgité quelques verres de...rouge, il prit la malheureuse initiative de monter dans son véhicule avec un taux d´alcoolémie frisant le degré rond et s´enfonça dans son siège sans se rendre compte du risque qu´il venait de prendre aux abords de Douaouda. Après une bonne dizaine de minutes d´un petit embouteillage propre à nos artères, Arezki entra sur la voie rapide Zéralda-Dar El Beïda. Mal lui en prit, car des «verdrons» venaient de le doubler dans leur véhicule de service. Une fausse manoeuvre et voilà qu´un bras sort de la voiture des gendarmes, signifiant au conducteur de stopper dans les limites du respect du Code de la route. Stop! Arezki tire le frein à main et s´apprête à tirer les papiers du pare-soleil, mais ne les trouve pas. Entre-temps, le militaire était descendu de l´auto, s´était avancé, salué et demandé les papiers. Le tout en sept secondes! Généralement, constamment méfiants, les gendarmes n´essaient pas de faire parler le chauffeur. C´est lui qui va entrer dans la gueule du loup. Il balance cent mots. L´odeur dégagée arrive aux narines des hommes en vert. C´est le flagrant délit! conduit sur les lieux où les procédures vont aller dans une course d´enfer! Bon à entendre à la barre. Et à la barre, Arezki va se confondre en excuses. Il bafouille. Il marmonne. Il murmure. Il dit des mots pour tenter d´expliquer les maux. Hadj Rabah Barik, le juge qui en a entendu d´autres, l´aide à mettre fin à l´autoflagellation. «Je regrette d´avoir bu car c´est défendu», dit-il. Le président lui donne un coup de main: «Ce n´est pas interdit de boire, ce qui l´est, c´est de prendre le volant ivre, saoul ou même étourdi!» Après avoir rectifié le détenu, le juge prend note des demandes de Malek Drissi, le procureur: «Dix-huit mois de prison ferme, une amende et le retrait du permis de conduire pour une année.» Invité par le président à plaider la cause, Maître Djediat allait débuter son intervention par une brillante remarque autour du comportement du non moins Hadj Barik, le juge du dimanche, égal à lui-même sur tous les plans. Après le bouquet de roses lancé à la face du tribunal, l´avocat passe vite à la personnalité du détenu qui n´était pas au mieux de sa forme, à cause de cette maudite détention préventive des trois nuits passées dans un monde que Arezki venait de découvrir. «Monsieur le président, ma petite expérience m´a démontré, à plusieurs reprises, que l´alcool est réellement source de tous le vices. Arezki pouvait très bien passer tous les barrages de routine s´il n´avait pas ouvert la bouche. Il a été trahi par l´odeur de l´alcool ingurgité. Il a été franc. Il a reconnu n´avoir pas droit au volant, à la brigade, chez le procureur et ce dimanche, ici», a sifflé le défenseur qui avait pris le temps de réclamer de larges circonstances atténuantes pour cet homme au casier blanc, au comportement exemplaire, un comportement qui lui vaut beaucoup d´amis dont une chambrée est venue ici assister à la sortie de leur ami, avait conclu le conseil dont le visage brun perlait sous une forte humidité provenant de Douaouda marine et Fouka la voisine. Le président invite le détenu à dire le dernier mot prévu par la loi: «Un seul mot, pas un paragraphe!» «La relaxe!» répond Arezki qui ne s´est pas rendu compte qu´il venait de trop demander au tribunal. Barik baisse les yeux: ce qui va permettre d´annoncer la mise en examen du dossier pour la fin de l´audience. Entre-temps, Maître Djediat venait de terminer de serrer les mains à ses collègues, Maître Ouali Laceb, Maître Beriche Jr, Maître Mohamed Fara et Maître Khalida Hadj-Ammar flanquée de sa consoeur et amie, Maître Fatiha Azzaz qui attendait de plaider une affaire d´immigration clandestine sensible comme tout. Et Maître Djediat de se féliciter du bon retour à la correctionnelle de la juteuse Yamina Ammi, cette admirable présidente qui a le mérite d´être, outre correcte, juste et surtout affable dans ses rapports avec les avocats, tous les avocats. Voilà Ammi qui tient bon la barre!