«La dictature du micro est aussi celle des idiots.» François Mitterrand Le «Guide de la révolution libyenne» Mouamar El Gueddafi, a réellement perdu sa révolution verte. Sa mise en scène dans les décombres des restes du bombardement américain à Tripoli ne tient plus la route et surtout n´est plus d´actualité. Elle est dépassée, has been et surtout offre une image moyenâgeuse du XXIe siècle. Sans discours écrit ni feuille de route, le chef d´Etat libyen a une nouvelle fois démontré sa mégalomanie. Après la mise en scène de la veille où il a tenté en vain de faire entrer un parapluie dans un petit van. El Gueddafi s´est lancé dans le plus long (plus d´une heure) discours d´un chef d´Etat partant. Le colonel a alterné diatribes et interminables moments de silence. Toutes les télévisions du monde étaient braquées sur lui et il n´a fait aucun effort pour soigner encore son image. Toujours aussi abrupt et archaïque dans sa démarche. On est loin de la bienséance de Moubarak et de Ben Ali qui avaient choisi de faire leur discours du palais de la présidence, avec les armoiries du pays et le symbole de leur puissance. El Gueddafi a dérogé à cette règle et offert l´image d´un chef d´Etat ruiné qui parle des ruines. Un révolutionnaire qui a perdu sa révolution. Très énervé (comme l´était Hitler mais avec beaucoup moins d´élégance), il crie et gesticule dans la pire propagande que distillent les dictatures. On est loin du célèbre ministre de la Communication de Saddam, El Sahaf dont la tribune était ornée de dizaines de micros de toutes télévisions confondues. Mouamar El Gueddafi, tel un dictateur préhistorique, brandit le Livre vert, recueil de ses pensées publié dans les années 1970 et qui sert de Constitution au pays. Le colonel a longuement énuméré les crimes passibles de la peine de mort pour effrayer ses opposants qu´il a (notamment) qualifiés de «bactéries» et de «drogués». Il est clair que ce sera le dernier discours d´El Gueddafi, comme ce fut le dernier discours de Moubarak qui avait, lui aussi, déclaré qu´il mourrait dans son pays. Loin d´apaiser la colère de la foule, les discours de ces dictateurs arabes, n´ont fait qu´accentuer la haine envers un pouvoir qui a trop trop duré. Les chefs d´Etat arabes ne changeront jamais. Autistes, menteurs et irresponsables! Le discours de Moubarak, que la planète entière attendait avec impatience et qui devait annoncer le changement qui allait consacrer la victoire de tout un peuple contre l´oppression, aura été un soliloque de vieillard gâteux. Le discours décevant de Ben Ali: tout changer pour ne rien changer, a conduit à sa perte. Le discours d´El Gueddafi comme celui de son fils, qui parlait presque allongé sur sa chaise, a été le pire dans la conception et dans la fabrication. Il payera bientôt le prix de l´arrogance et de l´autisme politique. [email protected]