Le Nigeria, le Koweït et les Emirats arabes unis pourraient produire 300.000 barils supplémentaires par jour pour juguler la hausse vertigineuse des cours de l'or noir, a révélé le Financial Times. L´appel de vendredi (demain) à une journée de colère au Royaume wahabite poussera-t-il les prix du brut vers un nouveau pic? Le marché «s´inquiète de la «journée de colère» prévue vendredi (en Arabie Saoudite), parce que cela pourrait conduire à des troubles dans ce pays», a estimé Andy Lipow. Quel risque font courir d´éventuelles révoltes dans cette région? «Cela serait important parce que le mécontentement touche la minorité chiite, qui vit essentiellement dans les régions productrices de pétrole, dans l´Est», a fait remarquer l´analyste de Lipow Oil Associates. Ces craintes sont justifiées par des appels à manifester, qui circulent sur Facebook, le 11 mars pour une «Journée de colère» et le 20 mars pour une «Révolution saoudienne». Les initiatives se multiplient pour tenter de calmer le marché pétrolier. Après l´Arabie Saoudite, qui a annoncé l´augmentation de son offre de quelque 700.000 barils par jour pour compenser le manque de la production libyenne des Etats-Unis qui comptent puiser dans leurs réserves stratégiques pour faire face à une éventuelle pénurie, l´Organisation des pays exportateurs de pétrole qui assure 40% de la demande mondiale entre à son tour dans la danse. Le ministre koweïtien du Pétrole a indiqué que l´Organisation menait des consultations sur l´impact des troubles en Libye. «Nous avons des consultations, mais nous n´avons pas encore décidé quelle direction prendre», a déclaré à la presse Ahmed Abdallah al-Sabah. Des propos qui ont conduit à spéculer sur une toute prochaine augmentation de la production des pays membres de l´Opep. Dans son édition de mardi le Financial Times révèle que le Nigeria, le Koweït et les Emirats arabes unis pourraient produire 300.000 barils supplémentaires par jour pour juguler la hausse spectaculaire des cours de l´or noir. «Cette hausse de la production, attendue pour début avril et combinée avec l´effort saoudien, devrait compenser la baisse des fournitures liée à la crise libyenne», peut-on lire sur le site du magazine économique français L´Expansion, qui cite le quotidien britannique. Du côté des «mastodontes» de l´Opep on essaie de calmer le jeu. Le ministre saoudien du Pétrole a assuré, mardi, que le marché était bien approvisionné et qu´en cas de carence, le Royaume pouvait faire face à une éventuelle hausse de la production à hauteur de 3,5 millions de barils par jour. «L´Arabie Saoudite continuera à satisfaire fidèlement les besoins en pétrole du monde», a déclaré Ali al-Nouaïmi à l´agence de presse saoudienne SPA. «Les stocks sont à un niveau sain pour le consommateur et il n´y a donc aucune raison de s´inquiéter», a souligné, lundi, le ministre de l´Energie du Qatar, Mohammed ben Saleh al-Sada, cité par l´agence de presse qatarie QNA. Il est en revanche important de noter que toutes ces déclarations rassurantes n´ont réussi qu´à très faiblement impacter les cours de l´or noir. A New York, le baril a progressé de près de 20 dollars en l´espace de trois semaines. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en avril n´a accusé mardi qu´un léger recul, de 42 cents par rapport à veille, pour clôturer la séance à 105,02 dollars. La raison évoquée est de taille: «Les seuls pays qui peuvent augmenter leur production-l´Arabie Saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis-produisent tous du brut plus riche en soufre, plus difficile à raffiner que le brut libyen», a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Les informations qui circulent à propos d´un départ négocié de Mouamar El Gueddafi, qui lui offrirait une porte de sortie inespérée, ou bien celles concernant la mise en place d´une zone d´exclusion aérienne au-dessus de la Libye, affectent aussi d´une manière ou d´une autre les prix du pétrole. Le marché de l´or noir soumis à d´intenses pressions est promis à de fortes turbulences.