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La parole politique peut-elle tromper l'Histoire?
KAID AHMED, HOMME D'ETAT DE KAMEL BOUCHAMA
Publié dans L'Expression le 15 - 06 - 2011

Vraie question diraient ceux qui pensent que la parole jurée est parfois le pari d'une conviction douteuse.
Sans doute, est-ce un lieu commun de le dire. Mais que de temps il faudrait pour s´en apercevoir et trouver le moment pour le désigner comme tel! Il ne faudrait donc pas croire sur parole la parole qui emprunte les sombres sentiers et surtout pas celle qui espère de vous un jugement. Un livre, en ce sens, fort d´une franche conviction, vient de paraître aux jeunes éditions Juba, essayant de remettre à l´endroit, par la preuve, des «vérités» tirées de la parole témoin de l´Histoire. Ce livre a pour titre Kaïd Ahmed, homme d´Etat (*), l´auteur en est Kamel Bouchama. Celui-ci, à partir de sa propre expérience de jeune militant du FLN et, par la suite de ministre et d´ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire, puis rangé dans la réserve des cadres de l´Etat, a choisi de mettre en scène avec des mots la vie de Kaïd Ahmed dit Sî Slimane, le moudjahid, l´homme du FLN, l´homme d´Etat, «qui a, écrit-il, fait l´actualité, il y a bien des années de cela, qui a été l´épicentre de récits historiques [...]. Il est pertinent de revisiter son itinéraire, son expérience, son militantisme et ses nombreuses autres qualités.»
Tout au long des 500 pages de son ouvrage qui me semble sincère, car je n´y vois objectivement aucune trace de rancune, ni de vanité, ni de polémique, Kamel Bouchama s´évertue, en géomètre perspicace, à décrire un chemin dans une aire d´activité politique où tout n´est pas avantage personnel mais actions orientées pour aider à construire l´avenir de la jeunesse et devoir multiforme pour servir la renaissance de la patrie algérienne. Il engage beaucoup à réfléchir sur la politique et le pouvoir avec l´exemple d´homme qu´il nous propose. Mais certes, on a le droit d´objecter que le portrait qu´il peint n´est fait que de restes de mémoire pour un besoin factuel. Réponse: le dénigrement effectué par un coup de langue mérite après tout un coup de pied et s´il le faut, à tout moment, un coup de grâce! L´auteur affirme avoir travaillé longtemps à ce récit et, pourtant, quoi qu´il en soit la démarche de ce récit n´est pas neutre. Il n´est pas tolérable qu´elle le soit, et d´autant si le témoignage, face à une telle question difficile, se fourvoie dans une neutralité suspecte.
Réfléchissons, en effet, à ce que pourrait devenir une parole politique quand, dans le temps du mépris, l´indignation n´est pas un remède supérieur auquel croit l´Histoire. Réfléchissons aux foules de mensonges qui se sont glissés dans nos oreilles et nos oreilles plus surprises et naïves que sceptiques et outrées. Une parole célèbre lancée dans le creux d´une pensée d´espérance refoulée revient comme un boomerang quand le juste espoir est dans les fers: «La vie n´est pas neutre; elle consiste à prendre parti hardiment.» Ce fut ailleurs, en des temps noirs, le slogan de l´extrême mépris du peuple le jetant dans le désespoir, puis dans l´indifférence...Ailleurs et partout, l´Histoire retient que d´hommes, pour des motifs d´intérêt politique personnel, ont été désignés pour alimenter la rumeur et grossir la calomnie depuis longtemps organisée contre eux!
Au reste, l´auteur prévient de sa libre intention tout au début de son livre: «C´est avec une admiration vive et une fierté sincère que je cite suuvent Kaïd Ahmed dans mes écrits. L´avenir sera certainement plus clément, en tout cas plus juste je l´espère, envers ce haut dirigeant du pays, lorsque les langues ´´se délieront´´, dans le bon sens évidemment, pour témoigner de sa bravoure, de sa compétence, de sa probité, de sa modestie, de sa justesse de ses positions; surtout et enfin, de son amour transcendant pour l´Algérie. C´est alors que la loi de la nature lui rendra justice et rétablira la vérité.» Cette vérité, Kamel Bouchama la veut entière, absolue, c´est-à-dire telle qu´il continue de l´entretenir dans sa mémoire et ses souvenirs écrits, souhaitant même la rendre audible par d´autres témoignages, d´autres consciences, afin de déboucher sur des réponses libres et saines. La vie n´est peut-être pas juste, mais les Justes ne peuvent ni se taire ni s´en remettre au seul destin de l´homme. «Il faut, insiste l´auteur, rappeler cela aux générations présentes et futures, parce que cette même Histoire - que nous écrivons toujours avec un grand H - n´a-t-elle pas été abusée, victime de la bêtise humaine, de tabous et de conclusions hâtives, pour peindre certains ´´grands´´ de ce monde en des tableaux apocalyptiques ou, à tout le moins, pour les définir en des expressions obscures, odieuses et grossières? [...] Cela se passait et se passe continuellement dans certains pays du monde, sauf que dans d´autres, de l´hémisphère Sud, malheureusement, l´altération se perpétue et s´érige en seconde nature. Ainsi, la désobligeance et la persécution vont jusqu´à asseoir l´amnésie en lieu et place de la reconnaissance et du respect des valeurs. [...] Comment [l´Histoire] ne peut-elle pas réhabiliter, quand il le faut, ceux qu´elle a traités autrement que ce dont elle devait les traiter..., c´est-à-dire justement, conformément à la réalité?» Est-ce cela l´Histoire? Oui et non. Non, elle n´est pas celle des pseudo-historiens, les historiens de service dont la grande Histoire ne retient ni le nom ni l´oeuvre! La grande Histoire retient la pensée et l´action, régies par l´esprit scientifique, et qui définissent l´authenticité du fait historique. Vaste débat qui, de toute façon, lui seul oriente vers la sincérité justifiée et vérifiée du fait historique pour l´authentifier. Quant au travail de Kamel Bouchama sur Kaïd Ahmed, homme d´Etat, il apparaît comme un essai général utile pour comprendre qu´il est regrettable - et aux dépens même de l´Histoire de notre pays - que la vindicte continue de heurter les mémoires algériennes d´hier et d´aujourd´hui, celles de nos combattants, celles de nos dirigeants, celles de nos intellectuels, celles de nos chercheurs, celles de nos artistes, celles de nos femmes et de nos hommes de science et de conscience. L´auteur fonde son principe personnel de réhabilitation de nos grandes figures de l´Algérie contemporaine par l´exemple de Kaïd Ahmed, dit Sî Slimane. Son ouvrage est riche en références et en documents annexés, notamment le Mémorandum de Kaïd Ahmed envoyé aux membres du Conseil de la Révolution, en 1972. Il «se veut un vaste espace de réflexion dans un esprit de droiture et de justice, qui appelle à un débat [souhaité] fécond et profitable à la mémoire de Si Slimane et par extension à la mémoire collective si malmenée lorsqu´il s´agit d´établir ou de rétablir l´histoire des Hommes qui ont été pionniers dans la construction du pays, qui ont fait la grandeur de notre Révolution.» On lira avec intérêt les réponses de Kamel Bouchama sur tout l´homme qu´a été Kaïd Ahmed: la rencontre avec lui, son parcours, l´homme d´Etat, sa vision économique, son rôle au parti du FLN, l´enfant du Sersou et la Révolution agraire, l´animateur de la jeunesse, ses rapports avec la culture, la politique et les relations internationales... En somme, une vie d´homme de passion et d´expérience, de parole et de conviction, d´idées et d´école.
Le débat sollicité par Kamel Bouchama sera-t-il ouvert, sera-t-il constructif? «Le souci de vérité par la confiance et la loyauté» réclamé par Kaïd Ahmed dans son préambule à son Mémorandum, ne pourrait-il pas être régénéré aujourd´hui dans une sorte de relais générationnel invitant à la fraternité nationale, tant il est évident que les Algériens n´ont pas de plus haut intérêt commun que celui de l´Algérie?...
(*) Kaïd Ahmed, homme d´Etat de Kamel Bouchama, JUBA-Editions, Alger, 2011, 511 pages.


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