Des émeutes sont enregistrées chaque fois que des listes de relogement sont affichées. Raquel Rolnik, rapporteuse spéciale de l'ONU sur le droit à un logement convenable, a organisé hier une conférence de presse à Alger pour informer des résultats de ses visites effectuées sur le terrain. Elle a souligné, devant les journalistes, que le gouvernement a fait des efforts significatifs en matière de construction de logements. Elle appelle néanmoins à la transparence dans le processus de distribution. Elle constate aussi que beaucoup de gens vivent dans des conditions pénibles et que beaucoup de choses aussi restent à faire. Dans les quartiers populaires qu'elle a visités, elle a eu des entretiens avec les habitants qui ont raconté leur calvaire avant d'accéder à des logements. Les protestations soulevées lors de distribution de logements sont interprétées par Raquel Rolnik comme un signe d'une politique qui manque de transparence. Pourquoi ne pas rendre publiques, par exemple, les listes des postulants aux logements sociaux sur un site Internet géré par la wilaya? s'est-elle interrogée plus tôt en se confiant à des organes de presse. Elle appelle les autorités à impliquer les citoyens dans le processus d'attribution. Selon elle, les comités de quartiers devraient jouer un rôle plus important dans les différentes commissions. A TSA, elle a souligné que l'opération devrait s'effectuer selon les priorités «un point qui demeure encore très sensible», selon son appréciation. «Il est nécessaire également de vulgariser les critères pour l'accès au logement puisqu'il y a de nombreuses formules proposées. Abstraction faite des décrets et des lois, il n'y a pas de documents, de brochures qui expliquent les critères qui sont très complexes», a-t-elle souligné. Que lui ont dit les responsables qui l'ont reçue? Elle répond que ministres et walis disent qu'ils ne peuvent pas tout faire en même temps. «Pour eux, les gens qui protestent contre les listes des bénéficiaires de logements sociaux n'avaient pas le droit d'accéder à cette formule. On ne veut pas, en fait, reconnaître qu'il y a un vrai problème», conclut-elle après ces entretiens. A propos de la politique du logement, elle pense qu'elle ne peut pas concerner uniquement l'offre d'acquisition. «Elle doit avoir plusieurs outils. Je pense qu'elle devrait aussi être branchée sur une offre en matière de location. Ce que nous avons remarqué, c'est que le marché de la location demeure très peu régulé», juge-t-elle. Raquel Rolnik estime que «l'Algérie doit revoir sa politique en matière de logement, afin de mieux adapter les besoins à la demande». S'agissant de l'éradication des bidonvilles, la représentante de l'ONU a indiqué que des gens qui ont les moyens de s'offrir des logements décents préfèrent vivre dans des bidonvilles.