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Et l'enfant, Nouria?
Publié dans L'Expression le 22 - 09 - 2011

Nouria Bahmid, l'ex-épouse, ne s'était pas déplacée à Boumerdès affronter Yassine son ex qui a évoqué sa fillette.
Entendant ses nom et prénom, le prévenu condamné en première instance pour non-paiement de la pension alimentaire, s'avança à la barre pour recevoir un seau d'eau glacée salée et amère sur sa face vite décomposée. En effet, Kouadri, le président qui a dû lire, relire, décortiquer le dossier, balance à haute voix:
«Alors Yassine, on s'absente deux audiences de suite? Que s'est-il passé pour oser ne pas répondre à la cour? Heureusement que ce lundi vous êtes ici», le tout dit sur un ton menaçant, propre aux magistrats qui ont horreur des renvois pour un rien.
Seulement, le magistrat a semblé oublier qu'en juillet/août 2011, l'avocat du prévenu avait argumenté l'absence de l'auteur du délit de non-paiement de la pension alimentaire et qui se trouvait au pays de la Perfide Albion et pendant cette période, il y avait le fait que le prévenu avait dégoté un emploi, qu'il était à l'essai et donc pas de faux-pas.
En outre, il y avait de nombreuses grèves en Europe et les cieux étaient désertés par les aéroplanes de tous calibres.
Et comme l'excuse de l'absence devait figurer dans le dossier, Kouadri, sagement assisté de Djebarni et Meriem Bellih, a fermé les yeux pour aller au fond sans autre forme de palabres propres aux magistrats déstabilisés ou en voie de l'être.
Au fait, de quoi s'agit-il exactement? Yassine le prévenu et Nouria Bahmid madame, s'étaient mariés il y a de cela plusieurs années. Un enfant est né. Le divorce intervient. La justice est saisie.
Le jugement est rédigé, retiré et notifié aux parties. Et comme monsieur se trouve à l'étranger, elle a fait rédiger une procuration à son père et donc beau-père de Yassine, qui lui permettait d'encaisser les fins de mois. Normale situation direz-vous, jusqu'au jour où l'ex-épouse se plaint en Angleterre et obtient une seconde pension alimentaire payable sous...quinzaine et cash SVP. En Europe, on ne joue pas avec la justice...
Qu'à cela ne tienne. Le prévenu marche. Il obéit à la justice anglaise comme la sienne qui se trouve à plus de 2000 kilomètres de London! Et depuis, Yassine, cet Algérien modèle va vivre curieusement une drôle de situation. Il est condamné à verser deux fois le même montant en dinars en Algérie et en livres sterling en England.
Oui, ça n'arrive que chez nous. Quel est donc ce juge qui n'étudie pas le dossier où figure une procuration rédigée en arabe dans l'enceinte du consulat algérien à Londres qui dispose que le père de Nouria, la divorcée, mère d'une bambina, est autorisé à toucher le montant envoyé en Algérie de la part du papa résidant en England et à la Marsa (Alger) durant son séjour?
Ajoutons les appels malveillants de l'ex qui était allée jusqu'à mettre en garde le papa de Yassine, en précisant que si Yassine arrivait à l'aéroport Houari-Boumediène de Dar El Beïda d'Alger, il risquerait les menottes car il faisait l'objet d'un mandant d'arrêt, ce qui était faux! Yassine a été certes, convoqué cinq fois par la cour de Boumerdès, dont le président avait renvoyé à deux reprises les débats et trois autres à cause de l'absence de Yassine, retenu par le boulot en Angleterre.
Donc, tous les procédés diaboliques ont été mis en branle pour envoyer Yassine en taule. Vengeance d'une femme!
Heureusement que Kouadri, Bellih et Djebarni, les trois juges avaient décortiqué le dossier. Le parquet étant out!
Durant sa fructueuse et posée plaidoirie, Maître Djediat a rappelé les différentes opérations de régularisation par devant l'huissier de justice, et ce malgré que mon client s'acquitte deux fois par mois de la pension alimentaire. Et même le droit de visite à sa fille a eu lieu à Londres.
Est-ce raisonnable que le juge de Rouiba n'ait pas saisi la supercherie pour condamner Yassine à une peine de prison, à une amende et à des dommages?
L'avocat avait rappelé que ni Nouria, ni son avocat n'étaient présents ce lundi pour exposer les faits. Le parquet lui, était muet car n'ayant pas interjeté appel.
«Que reste-t-il à dire? Qu'est-ce donc que ce verdict de quatre mois ferme émanant du tribunal de Rouiba? Que signifient ces quatre mois? Vous êtes aujourd'hui pour réparer la bévue du juge de la première instance. Faites votre boulot, relaxez Yassine qui ne peut plus payer deux fois la pension alimentaire»
Tout en sueur, le défenseur n'a pas voulu exaspérer Kouadri qui a horreur qu'un plaideur se répète dans le vide. «Faites en sorte que Yassine regagne son boulot en vue d'épargner ses économies sur des vols Londres-Alger-Londres qui coûtent les yeux de la tête», avait dit en guise de dernier mot, maître Mohammed Djediat qui reste optimiste lorsqu'il mesure la valeur des trois juges mais fait la moue, lorsqu'il se rappelle les coups bas des ratés de certains de nos juges qui refusent d'étudier objectivement les dossiers clairs, éloquents.
Le verdict est attendu pour le 26 septembre.


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