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«On peut soigner nos cancéreux chez nous»
KAMAL AFFIANE, LE PROFESSEUR CHEF DU SERVICE DE RADIOTHERAPIE AU CPMC D'ALGER, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 27 - 10 - 2011

Le malade arrive avec une lettre et c'est pour lui un véritable parcours du combattant
De prime abord l'homme paraît inaccessible. Quand on l'a connu, on le découvre chaleureux et très direct dans son propos. Il est au service de radiothérapie du Cpmc depuis 1975. Il l'a quitté en 1987 pour créer et diriger celui de l'hôpital militaire de Aïn Naâdja. En 1998 il revient au Cpmc à la tête du service de radiothérapie. Un service qui est au coeur d'un tapage médiatique depuis quelques jours. Il nous a semblé normal de proposer au premier responsable du service, le Pr Affiane, de s'exprimer. Il a accepté. Dans cet entretien, il nous apprend beaucoup de choses...
L'Expression: Comment jugez-vous la situation des malades du cancer, aujourd'hui, dans notre pays?
Kamal Affiane: Difficile! Très difficile! Le cancer en lui-même est une pathologie difficile parce que c'est la seule maladie qui nécessite l'intervention de plusieurs spécialités. Quand un malade tousse, il va voir un pneumo, quand il a mal à la gorge, il va voir un ORL, etc. Dans le cas du cancer, son traitement dépend de plusieurs médecins. Vous avez la chimiothérapie, la radiothérapie, la chirurgie et bien d'autres spécialités selon le cas. Cela nécessite une organisation et une parfaite coordination pour la prise en charge du malade. Aujourd'hui, beaucoup de choses sont faites, il faut le reconnaître. Mais dans le désordre. Le malade arrive avec une lettre et c'est pour lui un véritable parcours du combattant entre plusieurs services. L'obligation nous est faite à nous, je parle de l'ensemble du corps médical, de mettre en place une organisation. Un guichet unique. Une consultation unique. Un dossier unique. Cette organisation existait ici au Cpmc, il y a 25 ans. Ce n'est pas normal d'envoyer, aujourd'hui, un malade en Anapath pour avoir son compte rendu. Ce n'est pas normal non plus de l'envoyer d'un étage à un autre, chercher son compte rendu. C'est inadmissible. C'est le travail du secrétariat qui doit être unique. Et cela est de notre responsabilité de médecins. C'est à nous de mettre en place une organisation des soins.
Et pourquoi cette organisation a-t-elle disparu?
Bien sûr, cela paraît simple mais en fait c'est compliqué. C'est une question d'autorité. Vous savez, dans notre profession la notion de chef n'existe pratiquement pas. Le médecin est face à son malade. C'est lui qui décide. Il n'a pour «chef» que sa conscience. Dans tous les pays développés, ce sont les pouvoirs publics qui imposent l'organisation. Un exemple: dans ces pays-là la sécurité sociale ne prend en charge que s'il y a la signature des trois médecins des spécialités du cancer. Ainsi, ce sont les autorités qui imposent l'organisation. Ensuite et lorsque la procédure est admise par les intervenants, l'organisation et la coordination s'installent naturellement. Ceci dit, tout n'est pas noir chez nous. Il y a ce type de comité, mais nous avons dû arrêter devant le nombre de malades. Nous sommes submergés. Alors qu'est-ce qui se passe? En chirurgie, on peut régler le problème. Les blocs opératoires existent en nombre suffisant que ce soit dans le secteur public ou dans le privé. L'organisation est aisée. En chimiothérapie aussi. Là ce sont des drogues et des fauteuils. Donc, très facile également à organiser. En radiothérapie, c'est tout autre chose. Il s'agit d'équipements lourds, très, très lourds qui nécessitent un personnel divers, très qualifié et très compétent. Un service de radiothérapie ne peut pas se mettre en place comme ça, du jour au lendemain. Bref, ici au Cpmc le service de radiothérapie vient d'être équipé de machines de dernière génération et donc très performantes pour lesquelles nous avons des contrats de maintenance. Ce qui nous permet de fonctionner correctement. La qualité de traitement est indiscutable. Par contre, les délais pour les rendez-vous sont et resteront longs tout simplement parce que la demande dépasse nos capacités. C'est une question d'offres et de demandes.
Puisque nous savons que les malades viennent de toutes les régions du pays au Cpmc, se pose la question de la couverture nationale en centres anticancer. N'est-ce pas la cause de l'impossibilité pour votre service de répondre à toute la demande?
Je suis à l'aise pour en parler puisque je suis président du Comité national du cancer et j'étais chef de projet de ces centres. Pour vous répondre, il me faut faire un petit historique. En 1995-96, en matière de radiothérapie, la situation était catastrophique. Les équipements étaient dans un état lamentable. Des pannes de quatre et six semaines. Les contrats de maintenance n'existaient pas. Quand un appareil tombait en panne, il fallait se débrouiller comme on pouvait pour le remettre en marche. Donc, il a fallu commencer par remettre en état le parc existant. C'est ainsi que le service de Constantine et celui d'Oran ont pu reprendre leurs activités. Pour vous faire une idée, la réparation d'un accélérateur au Cpmc et de celui de Constantine nous a coûté la bagatelle de 600.000 dollars en 1996, une époque où la situation financière de notre pays n'était pas brillante. Cette opération a nécessité quatre années. Au début des années 2000, tous les services de radiothérapie du pays étaient fonctionnels.
Il y en avait combien dans le pays à l'époque?
Cinq! Blida, Cpmc, Constantine, Oran et le service de Aïn Naâdja. Entre 2000 et 2005, ces services fonctionnaient normalement. Nous nous étions dotés de contrats de maintenance.
Sans déséquilibre entre la demande et l'offre?
Il est vrai que l'offre était en deçà de la demande mais avec une pression moins importante qu'aujourd'hui vu que le nombre de malades était nettement inférieur. Et c'est à cette même période, début des années 2000, que nous avons commencé à planifier nos besoins pour le futur. De nouveaux centres ont été programmés. Ouargla, Annaba. Et en 2003, le comité national du cancer a fait une proposition qui a été retenue. C'est un centre dans chaque ville où il y a un CHU (centre hospitalo-universitaire, Ndlr). C'est ainsi qu'on a eu Batna, Sétif, Tizi Ouzou, Tlemcen, etc. Parallèlement, nous avions lancé la formation à l'université de Bab Ezzouar en physique médicale. Aujourd'hui, nous avons près de 40 magisters en attente d'affectation. Donc, on a envisagé l'avenir. On a réceptionné un centre à Oran il y a deux ans. On a réceptionné celui de Ouargla il n'y a pas très longtemps. Même s'il fonctionne au ralenti, nous continuons à l'accompagner. Il faut dire les choses comme elles sont. Malgré tout, nous accusons un retard.
Existe-t-il une solution rapide pour résorber ce retard?
Oui! Tout est en place. Les bâtiments existent. L'argent des équipements aussi. Le personnel également. Le problème est dans les blocages et lenteurs de l'administration. Vous savez que ces projets relèvent de l'autorité locale, c'est-à-dire des walis dont les priorités peuvent être différentes. Un exemple: le centre de Sétif devait démarrer en juin 2010. Il traîne à ce jour à cause du dossier des équipements. Les problèmes diffèrent d'un centre à l'autre. C'est pourquoi et maintenant que le problème a montré sa gravité, il faut que l'Etat au plus haut niveau, Premier ministre, voire le Président de la République, intervienne. Il faut qu'une structure, appelons-la comme on voudra: comité, commission, soit créée avec de larges prérogatives à l'échelle nationale pour suivre ces projets et lever les obstacles que ce soit de la commission des marchés ou des autres contraintes de procédure en vertu de l'urgence dictée par les besoins de nos malades. Cela permettra d'aller vite et on peut gagner un an et même plus. Il faut aussi voir dans les solutions celles qui sont à court terme sans délaisser celles à prévoir à moyen terme et à long terme. Il ne faut pas s'arrêter de planifier.
Il est tout de même curieux que le privé soit absent dans ce créneau alors qu'il est en force dans celui de l'imagerie médicale. Comment l'expliquer?
Bonne question. Alors, je commencerai par cette nouvelle: il y a un privé qui arrive à Blida. Un autre à Alger. J'ajouterai que la radiothérapie est totalement différente de l'imagerie médicale.
L'imagerie est très rentable. Aujourd'hui d'ailleurs, le secteur de l'imagerie est saturé chez nous. Et c'est tant mieux. Pour la radiothérapie l'investissement est beaucoup plus lourd. C'est peut-être cela qui était en cause. Quoi qu'il en soit, le privé commence à arriver maintenant. Il faudra peut-être plus d'attractivité. Dans tous les pays développés les besoins sont couverts à égalité par le secteur public et le privé.
Venons-en à l'idée de prises en charge à l'étranger pour les séances de radiothérapie qui a été lancée. Qu'en pensez-vous?
C'est horrible! D'abord c'est irréalisable matériellement car pour transférer 20.000 malades, il faut 10 centres, comme celui du Cpmc, qui ne fonctionneraient que pour les Algériens. Cela veut dire qu'il ne peut y avoir que quelques malades qui pourront bénéficier de cette prise en charge et on retombera inévitablement dans l'injustice.
Ensuite et je pèse mes mots, éthiquement ce n'est pas valable de transférer toute une population et ainsi la priver du soutien psychologique et affectif familial. Un aspect important dans la guérison.
A la limite, c'est presque illicite. Imaginez un cancéreux faisant ses séances de quelques minutes pour se retrouver seul à broyer du noir le reste du temps qui se compte en semaines.
Oui, mais l'idée a été lancée suite à l'information publiée sur la fermeture de votre service de radiothérapie.
Ce qui est complètement faux. Le service n'a jamais cessé de fonctionner. On est en train de renouveler les équipements et j'en profite pour rendre hommage au personnel qui a continué à travailler malgré la poussière et le bruit des marteaux piqueurs. Il y a eu une seule machine qui a été arrêtée afin d'être remplacée. Le plus curieux dans cette affaire est que l'arrêt est intervenu un dimanche et c'est le même dimanche que l'article, donnant la fausse nouvelle de la fermeture du centre, a été publié. Pourquoi? Et pourquoi maintenant alors que dans un passé récent nous avions des problèmes et nous avions besoin de l'aide de la presse pour attirer l'attention des autorités. Aucun journaliste n'est venu nous voir. Sans commentaires.


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