Le journal est également appelé à payer une amende de 200 millions de centimes. Quinze jours après son renvoi, le procès contre le quotidien Liberté a été scellé hier, avec une incroyable célérité. Après une délibération sur le siège, le verdict a infligé une amende de 200 millions de centimes à la publication. Quant aux trois accusés - Farid Allilat, le directeur du journal, Ali Ouafek, directeur de la coordination, et Rafik Hammou, journaliste-, ils ont écopé de quatre mois avec sursis et de 10.000 DA d'amende chacun. Le procureur de la République a fait un réquisitoire de deux heures sans la défense qui s'est retirée. Il a requis une peine de six mois de prison ferme contre les journalistes avec une amende de 250.000 DA et une amende de 250 millions de centimes à la publication. Ainsi l'article 144 du code pénal révisé portant offense au président de la République, vient d'être appliqué pour la première fois. «Le procès est une leçon par les autres journalistes qui signifie que s'ils venaient à gêner le président-candidat ils auront affaire à une justice expéditive», a déclaré le directeur de Liberté, Farid Allilat, lors de la conférence de presse qu'il a organisée hier, au siège de on journal en présence des MM.Bourayou et Meziane. «Il s'agit du premier procès politique de Bouteflika contre la presse», a-t-il ajouté. Expliquant les raisons du retrait de la défense, M.Bourayou a indiqué: «Nous n'avons pas peur de ce procès mais il est impossible et inconcevable pour nous de plaider alors que les conditions ne sont pas réunies, en tant que collectif nous voulons un procès juste et équitable.» Il précise en outre que la défense a demandé un délai pour consulter le dossier et réunir les preuves mais il a été refusé: «Il y a manifestement une volonté de précipitation qui est de juger cette affaire au plus vite, c'est d'ailleurs la seule affaire qui a été jugée par le tribunal aujourd'hui. C'est une parodie que nous ne cautionnons pas.» «Même au plus fort des affaires terroristes il n'y a pas eu autant de précipitation, on se demande pourquoi cette rapidité quand il s'agit de journalistes, alors que des affaires de citoyens traînent pendant des années dans les tribunaux», a-t-il ajouté, indiquant que le collectif fera appel dans les jours à venir «mais il est clair que l'affaire sera liquidée avant l'élection présidentielle». On a appris, par ailleurs, que le chroniqueur du journal Le Matin Sid Ahmed Semiane (SAS) se trouvant actuellement en France, a été condamné par contumace à six mois de prison ferme. Il faut noter que ces condamnations interviennent au lendemain d'une sérieuse mise en garde par le président de la République à partir de Jijel à l'endroit de la presse nationale. Dans un discours prononcé devant des étudiants et des enseignants à l'université de Jijel, M.Bouteflika a fustigé «les pratiques qui portent atteinte à la patrie aux plans interne et externe».