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Le dur Ramadhan des immigrants clandestins
ORAN
Publié dans L'Expression le 23 - 07 - 2012

Dénicher, coûte que coûte, le petit job pour assouvir un tant soit peu leur faim et celle de leurs familles
Dans cette escale algérienne, les immigrants clandestins ne ratent aucune piste quitte à se dévaloriser en se transformant carrément en mendiants.
«Quoique les Oranais nous fournissent fréquemment tous les vivres, jeûner très loin des siens est tout de même si triste étant donné que les 30 jours du Ramadhan ne peuvent être joyeusement accomplis que dans un climat familial et convivial», a indiqué Mamadou, immigrant clandestin, venu en compagnie d'une dizaine d'amis du Mali dans l'espoir de rallier l'eldorado européen en traversant l'Algérie. Ces derniers, qui n'ont pu poursuivre leur longue aventure faute de moyens financiers, sont contraints de séjourner clandestinement à Oran, le temps de prendre des élans et décider soit de rentrer définitivement au bercail ou atteindre, vaille que vaille, la destination voulue, l'Europe.
En attendant de trancher, ces immigrants clandestins, à l'instar de plusieurs autres, ouvrent plusieurs fronts de bataille qui portent sur une seule et unique finalité, qui est tout aussi urgente, celle de dénicher, coûte que coûte, le petit job pour assouvir un tant soit peu, leur faim et celle de leurs familles mais tout en évitant de tomber dans les filets de la police qui traque de manière continue les immigrants en séjour illégal en Algérie.
Mamadou n'est pas le seul à vivre une telle situation, il y a tant d'autres familles stationnées un peu partout dans la ville. Faute de travail légal, ces personnes en hibernation sur le sol oranais, ne trouvent rien de mieux à faire que de mendier. «C'est déplaisant de quémander mais on n'a pas d'autres choix car le mois sacré de Ramadhan nous oblige tout de même à bien se nourrir», a déploré Youssoufou, un autre Malien qui a élu refuge dans un coin situé alentours de la rue de Tlemcen, pas loin du centre-ville d'Oran.
A défaut de mieux... la mendicité
Le Ramadhan est à ses premiers jours. La situation, qui, en temps normal, est déjà très rigide pour Mamadou et Youssoufou, leurs copains et plusieurs autres familles maliennes et nigériennes, se corse pendant le mois de Ramadhan. Plusieurs questions taraudent l'esprit de ces jeunes en quête d'un avenir meilleur loin de chez eux tandis que la rude et la principale épreuve qui les hante quotidiennement est le dîner du soir qu'ils doivent impérativement s'assurer avant de songer à autre chose.
«Etant donné que le rêve de rallier l'autre rive de la Méditerranée est, apparemment, loin de se réaliser, assurer notre survie, en assouvissant un tant soit peu notre faim, constitue l'une des premières priorités qui revient dans nos esprits chaque matin», a affirmé Safiatou, une jeune mère de deux enfants qui séjourne clandestinement à Oran.
Dans cette halte obligatoire, les immigrants clandestins ne ratent aucune piste quitte à se dévaloriser en se transformant, en mendiants. «Peu importe ce que diront les gens de moi, je fais la manche dans le seul but de me nourrir et nourrir en même temps mes enfants en bas âge», a expliqué l'un d'eux.
La mendicité gagne du terrain, la deuxième ville du pays, qui est devenue une escale incontournable des mendiants venant de toutes parts du pays, vit, ces derniers temps, au rythme d'une autre forme de mendicité menée par des Africains, subsahariens dans leur majorité. On les voit partout, dans les marchés et arrêts de bus et artères et quartiers principaux de la ville.
Pendant que les hommes se mettent en quête de pain, les femmes, elles, surveillent ce qu'ils appellent «le camp», un petit coin de fortune qui sert de regroupement de plusieurs familles. On les trouve essentiellement dans les alentours de Mdina J'dida, Tahtaha, Saint-Antoine, Saint-Pierre, Maraval, Rue de Tlemcen, Aïn El Beïda et tant d'autres lieux. Pendant la journée, les femmes restent près de leur bivouac, question de veiller sur les quelques ustensiles et biens composés en tout de petite vaisselle et quelques vêtements. Les enfants, guidés par leurs parents, eux, font la manche en harcelant, tout au long des journées, les chalands et les commerçants des marchés. «Sadaka, Sadaka fi Sabili Allah, Sadaka ham bouk», ne cessent-il de clamer, comme un refrain, chacun des passants.
Les petits dinars étant engrangés après une journée humiliante, ces Africains, ayant passé aux petites emplettes, se retrouvent aussitôt avec leurs familles le temps de partager le petit pain et un plat dérisoire achetés au marché de la Bastille avant de passer la nuit à la belle étoile sur la place de la mosquée qui donne accès à la rue de Tlemcen.
«Nous n'avons plus où aller, c'est pourquoi nous nous sommes décidés à rester dans cette terre généreuse habitée par des gens tout aussi généreux», nous a confié Safiatou, une autre Malienne de nationalité. Et cette dernière d'ajouter que «les Oranais nous gavent tout le temps en nous fournissant toutes sortes de denrées alimentaires».
Un peu plus loin du bivouac
malien, un groupe de femmes, originaires du Niger, scrute furtivement de loin notre présence tout en nous prenant pour des policiers à la recherche des immigrants clandestins en vue de leur expulsion. Ayant été rassurées, ces dernières se mettent à déballer leur sac en énumérant leurs déboires. Leur séjour régulier en Algérie étant dépassé, chacune de ces dernières avance mille et une histoires le moins que l'on puisse dire «émouvantes», question d'amadouer leurs interlocuteurs alors que la finalité qui est recherchée est de fuir, en usant de tous les moyens, la sentence de l'expulsion qui peut leur être infligée à leur interpellation. «Mon mari a trouvé la mort lors d'un accrochage avec un groupe armé, malgré l'expiration de mon séjour ici je ne peux plus retourner là-bas étant donné que moi aussi je suis menacée de mort», a lâché l'une des femmes.
Tous pour une solidarité agissante
Malgré des petits rejets, suivis de petits commentaires, émanant de quelques xénophobes qui se comptent sur les doigts d'une seule main, nombreux sont les Oranais qui ne résistent pas aux scènes qui s'offrent à leurs yeux, notamment à la vue des enfants transformés en mendiants. Faut-il ouvrir des centres spéciaux pour prendre en charge ces personnes sans projets fixes? Faut-il les refouler vers leurs pays d'origine? De telles questions risquent d'être posées avec acuité dans le proche avenir et ce, à l'occasion de la tenue, en mars 2013, du Forum social mondial.
La rencontre, qui aura lieu en Tunisie, adoptera inéluctablement, d'importantes mesures et une stratégie globale qui iront dans le sens de maintenir les populations dans leurs pays d'origine tout en leur assurant de quoi vivre.
En attendant, ce sont des familles oranaises qui prennent à leur charge plusieurs dizaines de familles venues de si loin. De telles actions sont, en somme, synonymes de victoires du bénévolat basé sur la bienfaisance, sur les politiciens, notamment pendant le mois sacré de Ramadhan qui est une escale religieuse annuelle marquée par une solidarité aussi bien agissante qu'effective affichée aussi bien à l'encontre des passants locaux que vis-à-vis des dizaines d'étrangers comme les immigrants clandestins.


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