«L'ENTV est conçue plus comme un moyen pour diffuser un discours apologétique justifiant les actions du pouvoir central qu'une mission du service public» Mourad Ouchichi, Enseignant universitaire A quelques heures d'un remaniement gouvernemental et à quelques jours de la mise en place d'un séminaire sur l'ouverture audiovisuelle en Algérie, avec en guise la présentation d'un avant-projet de loi et éventuellement la création d'un CSA algérien, un rapport sur la mission du service public audiovisuel algérien a été rendu par l'Institut Panos. Un institut qui, visiblement, n'a fourni aucun effort pour décrypter la réalité audiovisuelle algérienne actuelle, puisque toute l'étude a été réalisée par un expert confirmé: Belkacem Mostfaoui, auteur notamment d'un excellent ouvrage sur l'audiovisuel dans le Maghreb. En parcourant cette étude (publiée en mai 2012), on dénote qu'il n'y a aucune nouveauté dans la description du paysage audiovisuel algérien, si ce n'est des généralités connues et reconnues des spécialistes sur l'Entv. Une étude dépassée qui ne cadre pas avec la situation médiatique de l'Algérie à la fin de l'année 2012. Aucun responsable de la télévision algérienne, ni même ministre de la Communication n'est critiqué dans sa gestion de ce média public. Pire encore, plus de 90% de l'étude sont réalisés sur la base de données déjà établies par Mostfaoui pour ses nombreux ouvrages, surtout en ce qui concerne les réglementations, le cadre juridique et les nombreux changements au niveau de la télévision algérienne. Certaines données sont même dépassées comme cette analyse des programmes qui date de mai 2010. Cette étude vient jeter l'anathème sur une Télévision publique déjà effacée par l'émergence de nouvelles télévisions privées algériennes. Certains chiffres et données de cette étude sont même dépassés aujourd'hui, comme le prix de la carte Al Jazeera Sport, ou fausses, ou comme des erreurs de constat et de présentation comme sur le nom du journaliste Karim Boussalem, qui n'est plus présentateur du JT de 20 heures depuis presque une année. La majorité des analyses de contenus date de mai 2010, une période qui est totalement différente du contexte actuel, même l'ouverture audiovisuelle annoncée il y a plus d'un an et la création de nouvelles télévisions, il y a plus de six mois n'est pas citée dans cette étude. Et le plus grave dans celle-ci, c'est le nombre important d'avis anonymes de personnes interviewées. Une réaction anonyme qui jette le doute sur les auteurs et surtout sur la crédibilité de ses déclarations. Analyse réalisée en 2010, publiée par Panos en mai 2012, pourquoi cette étude est rendue publique aujourd'hui en Algérie? A qui profite cette étude? Dans quel but elle a été réalisée? Le retard du cahier des charges de l'Entv est avéré depuis la loi de 1990, cette étude est donc largement dépassée. Depuis quelques temps, on assiste à des analyses et des contributions individuelles sur l'espace audiovisuel algérien de personnes dont le rêve est seulement de figurer dans le futur Conseil supérieur audiovisuel algérien. En tous les cas, pour le peu de spécialistes sur l'audiovisuel en Algérie, on a bien souligné les imperfections de cette étude, qui n'honore pas l'Institut Panos et qui alimente encore plus les spéculations sur un espace médiatique encore à coloniser. [email protected]