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Le mystère de Samara
GUERRE EN IRAK
Publié dans L'Expression le 03 - 12 - 2003

Un carnage a, semble-t-il, été commis par l'armée américaine à Samara, mais il reste cette énigme: qu'est-il advenu des cadavres ?
Que s'est-il passé dimanche soir à Samara, ville située à 110 km au nord de Bagdad? C'est la question que posaient hier tous les observateurs à la découverte des contradictions entourant cette affaire et en l'absence des corps censés avoir été abattus par les soldats américains. Ainsi, c'est à un véritable mystère que se trouvent confrontés les officiers américains, lesquels après avoir annoncé avoir abattu une cinquantaine d'assaillants irakiens, ont été incapables de produire les cadavres des fedayins en question.
Un officier américain, le général Kimmitt, a ainsi déclaré que «selon des estimations, il y aurait 54 tués et 22 blessés et, de façon certaine, une personne en détention». De son côté, un lieutenant des forces américaines affirme n'avoir pas vu des gens ramasser les cadavres, indiquant: «Nous n'avons pas eu le temps de les emporter. Nous subissions des tirs à partir de plusieurs endroits».
Pour sa part un chauffeur irakien témoigne, tout en affirmant n'avoir transporté aucun cadavre de fedayin: «Si j'avais vu des cadavres, je les aurais ramassés. Ce n'est pas les Américains qui l'auraient fait», soulignant: «Si le nombre de tués avait atteint celui avancé par les Américains, l'ambiance à Samara aurait été toute différente». De fait, dans la ville de Samara, où un tel carnage aurait soulevé la colère de la population, on semble ignorer ce qui s'est passé.
En revanche, le directeur de l'hôpital de la localité fait état du fait que ses services ont réceptionné les cadavres de huit civils parmi lesquels il y avait une femme, un enfant et un citoyen iranien, ainsi qu'une soixantaine de blessés, tous des civils. Un ancien militaire irakien estime pour sa part que «s'il y avait eu un nombre aussi important de morts, nous aurions vu les habitants se ruer sur notre unique hôpital, s'adresser à la police (...) pour demander des nouvelles de leurs proches. Or, ce ne fut pas du tout le cas».
Ce que confirme le témoignage d'un épicier irakien habitant près des lieux où a eu l'accrochage: «Après les bombardements, je suis sorti de mon échoppe pour prendre des nouvelles de mes voisins. Il n'y avait ni tués ni blessés dans la rue. Où ont-ils pu disparaître?». Alors, que s'est-il réellement passé à Samara?
Les soldats américains qui vivent sur les nerfs ont-ils pris de paisibles citoyens irakiens pour des résistants, croyant être l'objet d'une attaque de la part de la guérilla? Tout est possible, en fait, et les soldats américains ne sont pas à leur première bavure. La seule certitude de fait est qu'il y a bien eu un accrochage dans les environs de Samara, mais les seuls éléments concrets de cet accrochage sont encore les huit civils transportés à l'hôpital de la ville et la soixantaine de blessés, qui, a contrario, indiquent clairement que l'armée américaine s'est attaquée à des civils tant les soldats semblent paniqués par d'éventuelles attaques de la guérilla. A telle enseigne qu'ils voient des fedayins partout, confondant civils et guérilleros. C'est en fait la seule explication à cette énigmatique disparition de plus de 50 cadavres d'Irakiens.
Face aux coups que la guérilla irakienne a porté, ces derniers jours et semaines, aux forces de la coalition, l'armée américaine semble maintenant décidée à employer les grands moyens faisant ainsi usage d'un matériel militaire disproportionné par rapport aux moyens de l'ennemi, et prend les risques de multiplier les bavures et les tueries sans raison, comme cela semble bien être le cas à Samara. En réalité, l'armée américaine qui n'est déjà pas la bienvenue en Irak, prend l'autre risque de se mettre davantage à dos les rares Irakiens, qui croient, ou croyaient, à la mission libératrice de l'armée américaine. De fait, les Américains sont bel et bien piégés entre leur désir de se protéger, en rendant coup pour coup à la résistance, et le fait de s'aliéner le peu de sympathie qui leur reste parmi la population irakienne. Ainsi, les propos rassurants du président Bush et de l'administration américaine vont à contresens de la réalité sur le terrain où, selon certains analystes américains, la situation prend de plus en plus des proportions où «personne ne gagne». En fait, l'armée américaine en Irak se trouve dans une situation proche du pat (impasse dans le jeu d'échecs) de ni vainqueur ni perdant. Et cela pourra durer longtemps, d'autant plus qu'au plan politique, l'administration américaine devra de plus en plus gérer la montée en puissance des chiites qui réclament, comme l'exige l'ayatollah Ali Sistani - le plus haut dignitaire chiite irakien - des élections immédiates au suffrage universel et à tous les niveaux de responsabilités en Irak. Ce qui garantirait, eu égard au poids démographique des chiites, un triomphe électoral pour une ethnie marginalisée par le régime de Saddam Hussein. Une analyste américaine, Phyllis Bennis, de l'Institut d'études politiques de Washington estime que «les Etats-Unis auraient voulu instaurer quelque chose qui ressemble à la démocratie et être sûr que les pro-Américains l'emportent». «La réalité, souligne-t-elle, est que le système - une personne, une voix - donnerait la majorité aux chiites en Irak», concluant: «En fait, ils (les Américains) devront peut-être choisir l'un ou l'autre».
Le dilemme pour le président George W.Bush et son administration est en fait double, il est militaire, dans la mesure où il doit faire attention à ne pas s'annihiler le fragile soutien de la population irakienne, alors que son armée multiplie les dommages collatéraux, politique ensuite quand il doit prendre en compte les divers aspects des sensibilités politiques et religieuses des Irakiens. Mais surtout, les Américains découvrent chaque jour, chaque fois qu'un des leurs tombe, que les guerres n'ont jamais été propres.


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