Des incidents désolants Placarder la liste présentant les candidats d'un parti sur les murs du quartier dont les votants sont acquis à une autre formation n'est pas une mission facile. La campagne électorale a été clôturée hier soir dans un climat précédé par la course contre la montre, de dernière minute, déclenchée, à cadence rythmée, par des candidats, cadres et militants des partis politiques. Plusieurs de ces derniers, qui ont ouvert des permanences un peu partout dans les coins sensibles de la ville, couraient dans tous les sens, distribuant des tracts appelant les citoyens à voter en leur faveur. Cela survient au moment où d'autres personnes, chargées de plusieurs autres missions dont l'affichage sauvage et n'importe où et n'importe comment, des listes des postulants, la finalité étant de convaincre, tout en les ralliant à leur cause, plus d'électeurs. La frénésie quant à siéger dans les Assemblées communales a gagné les esprits de tous les candidats. Tous les chemins mènent aux... APC. Mais la course n'a pas été simple puisque la campagne de persuasion a tout de même été ponctuée par les coups bas. En effet, la wilaya d'Oran, connue pour être le théâtre quotidien de toutes les formes de violence a, à l'occasion des trois semaines de la campagne électorale, changé de rythme de vie, la violence s'est substituée à la raison. Dans la commune de Boutlélis, le représentant du Parti des travailleurs à la commission communale de surveillance des élections a été poignardé au thorax. Dans la commune de Hassi Bounif, un autre candidat, honni par ses rivaux, a vu la devanture de son café voler en éclats. Ce dernier essuyait de jour comme de nuit des injures de toutes sortes par des tierces personnes chargées spécialement pour accomplir ladite «mission», salir, coûte que coûte l'image du postulant. Les menaces à l'arme blanche n'étaient pas en reste. Placarder la liste présentant les candidats d'un parti sur les murs du quartier dont les votants sont acquis à une autre formation n'est pas une mission facile. Trois semaines de campagne ont été ouvertes sur plusieurs fronts dont celui de la diffamation et de la diabolisation des ex-élus. Dans les meetings et rassemblements de proximité, plusieurs dizaines de candidats n'ont trouvé rien de mieux à faire pour convaincre que de jeter l'anathème sur les élus du dernier mandat les traitant de tous les noms d'oiseaux. A Oran-ville, la campagne de persuasion des votants n'a pas été une tâche aisée pour l'ensemble des postulants, notamment ceux qui ont eu à gérer les affaires de la cité durant les mandats précédents. Au niveau des commissions communales et à la Commission de wilaya en charge de la surveillance des élections locales, le «tout va bien» a gagné les esprits de tous les représentants des candidats. Les populations locales ont, pour leur part, affiché leur indifférence totale. Ce désintérêt à la chose politique n'est pas un fait du hasard. «Les simples citoyens ont, depuis 1962, voté mais rien n'a changé», a déploré une citoyenne rencontrée dans la rue Larbi Ben M'hidi. Qu'a-t-on fait pour notre ville? Où est la part qui revient de droit à la jeunesse dans les transformations opérées ces dernières années? Puisque le maire n'est pas responsable de l'habitat, qui va nous reloger nous et nos familles qui occupons les vieilles bâtisses? Qui va embaucher ces milliers de chômeurs? Et un autre d'ajouter en ironisant: est-ce qu'on va voter pour élire un maire qui aura pour mission principale le filet social? Des telles petites questions qui revenaient comme un leitmotiv dans toutes les bouches de plusieurs citoyens mais qui ne trouvaient souvent pas de réponses.