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Un témoignage d'Eric Rouleau sur la mort du leader palestinien
EN MARGE DE L'EXHUMATION DE LA DEPOUILLE DE YASSER ARAFAT
Publié dans L'Expression le 27 - 11 - 2012

Au moment où des spécialistes suisses expertisent la dépouille du défunt Yasser Arafat, pour déterminer les causes de son décès, nous avons estimé opportun de faire partager à nos lecteurs un passage du livre du journaliste et diplomate français, Eric Rouleau, Dans les coulisses du Proche-Orient où il donne un éclairage-témoin de première main sur les circonstances des morts du Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin et du président palestinien Yasser Arafat
Bonnes feuilles du livre d'Eric Rouleau*
(...) L'avenir ne tarda pas à leur donner tort. En quelques mois, le réalisme d'Yitzhak Rabin lui confère une lucidité exceptionnelle, qui va d'ailleurs le conduire à sa perte.
Dès avril 1994, il déconcerte en déclarant tout de go que la colonisation n'a pas réussi à intégrer les territoires palestiniens, que l'«armée d'occupation» dévalorise Israël, que les implantations juives constituent autant d'«obstacles à la paix». Il se rallie à l'opinion de Shimon Peres selon laquelle un «espace territorial» ne présente aucune valeur défensive.
Deux mois plus tard, il revient à la charge au Parlement en dressant le bilan de l'Intifadha d'une manière qui déclenche colère et protestations véhémentes, quolibets et injures parmi les députés de droite. Comment ose-t-il parler d'un «soulèvement populaire» contre la «domination honnie d'Israël», exprimer sa compassion pour les Palestiniens «qui ont connu des grandes souffrances pendant des générations», en particulier pour les 140.000 d'entre eux qui ont été embastillés dans les geôles israéliennes! Le scandale est à son comble quand il commence à évoquer les pertes humaines dans les deux camps: un millier de Palestiniens tués contre 200 Israéliens, quelque 8000 blessés chez les juifs et 20.000 parmi leurs adversaires. Son «crime» consiste, selon la droite nationaliste, à «faire l'amalgame entre le sang juif et celui des terroristes».
Un mois avant son assassinat, il déclare - toujours au Parlement - qu'Israël ne peut continuer à gouverner un autre peuple contre sa volonté, que la Bible ne l'autorise pas, puisqu'elle n'est pas une collection de «cadastres». Le mot pique au vif le jeune chef du parti Likoud, Benyamin Netanyahu, champion du «Grand Israël», qui l'interrompt pour hurler: «C'est faux, M.Rabin! La Torah témoigne des liens indissolubles que nous avons tissés avec ce territoire depuis quatre mille ans, elle est donc notre cadastre de référence!» Dans ce cas, rétorque le leader israélien, Israël devrait être amputé de son littoral, qui n'a jamais fait partie de la patrie ancestrale des juifs! Netanyahu lance alors une vigoureuse campagne de dénigrement contre le Premier ministre. Il l'accuse de «trahison», préside des rassemblements au cours desquels les manifestants brandissent des pancartes qualifiant Yitzhak Rabin de «nazi», de «judenrat», terme désignant les collaborateurs du régime hitlérien au sein des ghettos. Le chef de la droite nationaliste ne désavoue pas ses partisans. Des rabbins vouent l'impie aux enfers tandis que le général Ariel Sharon tourne en dérision les informations circulant dans la presse selon lesquelles le pécheur serait menacé de mort. Le 4 novembre 1995, Nigal Amir, un juif orthodoxe lié aux milieux nationalistes, abat Rabin de trois balles tirées à bout portant.
Devant des dizaines de milliers de ses partisans, celui-ci venait de chanter en choeur une mélodie dédiée à la paix, dont le texte taché de sang a été retrouvé dans sa poche. Sa tragique disparition n'a fait en rien avancer sa cause: il n'a pas eu de successeur digne de lui.
Les Premiers ministres suivants réduisent à néant les aspects positifs des accords d'Oslo sous prétexte que la partie adverse ne remplit pas ses propres obligations. Le travailliste Shimon Peres se différencie d'un rival qu'il détestait en fomentant de plus grandes violences, lesquelles accentuent la colère des Palestiniens, et en déclenchant au Liban l'opération «Raisins de la colère», qui le privera du soutien des Palestiniens d'Israël. Ehud Barak, homme de droite pourtant affilié au Parti travailliste, admet volontiers qu'il a toujours été hostile aux accords d'Oslo.
Le général Ariel Sharon, qui lui succède en 2001, appelle les colons à s'emparer des collines et réprime dans le sang le mouvement nationaliste palestinien, au point de se faire accuser par Amnesty International de «crimes contre l'humanité». Il proclame qu'«Arafat est l'ennemi du genre humain», l'assigne à résidence à Ramallah, pilonne et réduit en cendres la majeure partie du bâtiment qui l'abrite. La diabolisation s'étend à tous les Palestiniens, présentés comme des terroristes assoiffés de sang juif. Il renforce l'influence des islamistes du Hamas en faisant assassiner leur chef spirituel, Cheikh Yassine, assis dans son fauteuil de tétraplégique. Il niera cependant, quelques mois plus tard, toute responsabilité dans la mort d'Arafat, lequel a succombé à un mal mystérieux que ses médecins français n'ont pu identifier. Il avait pourtant répété deux mois auparavant qu'il fallait l'«éliminer».
L'assassinat de Arafat est confirmé par Uri Dan, admirateur et intime de Sharon, dans une biographie qu'il consacre à celui-ci, deux ans après la mort du leader palestinien. L'auteur rapporte que le Premier ministre israélien avait obtenu dans une conversation téléphonique l'agrément implicite du président Bush. Arafat, selon son médecin personnel, aurait succombé à un «poison qui ne laisse pas de trace». Quelques mois auparavant, j'ai décidé de lui rendre visite dans le réduit où Sharon l'a confiné. Pilonné par l'artillerie israélienne, ce qui reste du bâtiment est entouré de décombres. Des soldats et officiers en armes montent la garde à sa porte. L'unique pièce qu'il occupe lui sert de salon de réception, de salle à manger et de bureau. Pâle, les traits tirés, les lunettes perchées au bout du nez, il est assis devant une pile de dossiers et de documents entassés sur un pupitre surélevé. Il est en train de souligner au feutre rouge la traduction d'articles parus dans la presse israélienne.
Il n'exclut pas qu'on attente à sa vie. M'expliquant pourquoi il a choisi un local sans fenêtres, il dit craindre qu'un obus ne soit tiré dans sa direction - «par erreur ou non». Nabil Shaath, l'un de ses plus proches collaborateurs, ajoute qu'il a obtenu des «assurances formelles» de Washington qu'il ne sera ni tué ni déporté.
Arafat rend hommage avec émotion à Yitzhak Rabin, «l'unique partenaire qui croyait vraiment à une paix équitable». Se référant à sa diabolisation par Sharon, il énumère les multiples initiatives de paix - secrètes ou publiques - qu'il a prises depuis une trentaine d'années, à commencer, dès 1970, par un échange épistolaire avec le général Moshe Dayan, à l'époque ministre de la Défense, suivi en 1974 par le «tournant capital» pris par l'OLP, admettant la création d'une «mini-Palestine» aux côtés d'Israël.
Ariel Sharon, quant à lui, demeure fermement opposé à tout compromis comportant la restitution des territoires occupés. Il en apporte la preuve éclatante à deux reprises: il ignore l'offre des chefs d'Etat arabes, en mars 2002, de normaliser pleinement leurs relations avec l'Etat d'Israël si celui-ci renonce à ses conquêtes; il rejette sans appel un projet de règlement élaboré en décembre 2003 par Yossi Beilin, ancien ministre israélien de la Justice, et par Yasser Abdel Rabbo, proche de Yasser Arafat. Ce texte reconnaissait Israël comme étant «la patrie du peuple juif» et admettait la création d'un Etat palestinien démilitarisé aux côtés de l'Etat hébreu dans ses frontières initiales de 1967.
Ehud Olmert, successeur de Sharon en 2006, fait illusion par ses déclarations lénifiantes. Avocat affairiste, impliqué dans plusieurs scandales financiers, politicien professionnel depuis quarante ans, il se présente comme le champion de la paix, à laquelle, dit-il sans détour, il ne croit cependant pas, en raison de l'intransigeance des belligérants arabes. Il multiplie la création de colonies, tout en assurant qu'il est disposé à démanteler la plupart d'entre elles dans le cadre d'un règlement définitif. Le «Renard», comme le qualifie Uri Avnery, finira par démissionner après avoir été inculpé de corruption.
* Eric Rouleau, journaliste juif d'origine égyptienne, 87 ans, est un professionnel qui, au long de sa carrière, a suivi et couvert les événements du Proche et du Moyen-Orient où il a connu l'ensemble des dirigeants arabes - notamment Yasser Arafat et Gamal Abdel Nasser - et Israéliens qui fait de lui un observateur et analyste incontournable du conflit israélo-palestinien. En 1983, Eric Rouleau a commencé une carrière d'ambassadeur.


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