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"Le cinéma est un métier"
BOUALEM ABDELHAFID, REALISATEUR, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 23 - 12 - 2012

Connu pour être un électron libre qui exprime, sans fioritures, le fond de sa pensée, Boualem Abdelhafid, ce jeune réalisateur de plusieurs chefs-d'oeuvre cinématographiques dont le film dédié à la ville d'Oran et ses sites historiques disparus, revient sur le cinéma et le Festival d'Oran du film arabe.
L'Expression: Quelle appréciation apportez-vous sur la 6e édition du festival tenue dans des conditions dénoncées par les Oranais et tous les férus de cinéma?
Boualem Abdelhafid: Ce n'est pas nouveau. Le problème réside dans le fait qu'au lieu de s'améliorer, ça empire. Normalement, chaque édition devrait être légèrement meilleure que la précédente. Là on voit le contraire, où se situent les difficultés? Au niveau organisationnel? Au niveau du choix des films? Il faut mettre le point sur le problème. On voit que les mêmes erreurs se répètent. Le trait saillant de ce festival est, qu'à chaque édition, on a l'impression que ça a été fait dans l'improvisation. Si c'est le cas, il faut y mettre un terme.
Certains sont allés jusqu'à dire qu'Oran n'est pas prête à abriter un festival d'une telle envergure? Est-ce vrai?
Moi, je dirais est-ce que l'Algérie est réellement prête ou encore, est-ce que les conditions existent pour que l'Algérie tienne de véritables festivals d'envergure internationale étant donné qu'on sait qu'il n'y a plus de cinéma en Algérie? Car le festival devrait être un événement qui booste le cinéma, la création, qui encourage la création locale en permettant aux réalisateurs locaux, scénaristes et à tout ce monde qui gravite autour du cinéma de connaître et d'échanger des expériences, d'apprendre comment ça se passe ailleurs. Chez nous, le cinéma n'existe pas depuis les années 1970, il faut le dire. Dans ce cas, les festivals qui coûtent des budgets faramineux, à part la renommée de l'image d'une ville comme Oran qui le mérite bien, un festival est fait pour être une vitrine du cinéma local. En participant avec nos propres films pour nous faire connaître au niveau international, permettre à nos réalisateurs des échanges d'expériences fructueuses avec les autres réalisateurs de par le monde, permettre de créer des ateliers de formation pour l'écriture scénographique. On sait très bien qu'il y a des lacunes au niveau de l'écriture scénaristique. Puisque tous ces éléments n'existent pas, à quoi sert le festival? Du moment que les salles de cinéma n'existent plus. A Oran, il y avait 39 salles, il y en a une seule, la Cinémathèque, qui fonctionne à longueur d'année. Il n'y a plus une salle qui fonctionne. Je trouve que c'est une aberration qu'Oran prétende vouloir se hisser à un niveau international en organisant ce festival alors qu'il n'y a aucune salle de cinéma qui projette des films à longueur d'année. On projette quelques films pendant une semaine ensuite on ferme les salles, au revoir et à l'année prochaine. J'ai entendu dire que le matériel de projection au niveau du cinéma Maghreb a été loué. Celui du Colysée a été acquis, mais on ne l'utilise pas, c'est aberrant.
Quelle est votre appréciation, vous qui avez la chance de suivre le festival depuis sa première édition? Quelles sont les transformations que connaît annuellement le festival?
Peut-être que je me trompe, j'ai l'impression que le festival d'Oran est tombé dans la banalité, la routine. Il a beaucoup perdu de son aura, de son prestige et de son envergure qu'il avait lors des deux ou trois premières éditions. On a l'impression qu'il est devenu une corvée obligatoire que les organisateurs s'empressent d'expédier, pressés qu'ils sont de retourner à leurs occupations culturelles beaucoup moins casse-tête. Il est devenu comme une autre activité culturelle ordinaire telle la waâda. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il n'y a pas eu d'amélioration par rapport aux premières éditions. Sur le plan organisationnel, les trois premières éditions étaient faites en grande pompe, on avait l'impression que c'était un festival de grande envergure. A mon avis, il s'agit là d'un festival de dimension locale où sont invités des réalisateurs internationaux.
Est-ce que qu'on peut situer les raisons de ce déclin?
Franchement, en tant qu'Oranais et cinéphile, je ne suis pas dans le secret des dieux. Je ne sais pas où se situe le problème. Est-ce que c'est le choix des hommes? On sait très bien que les premières éditions, c'était Hamraoui avec son charisme et son réseau de connaissances dans le monde culturel arabe. Il a pu donner une aura à ce festival. Ensuite, ce dernier est tombé dans la banalité, donnant l'impression qu'il s'agit d'un événement local. Il faut rendre hommage à certains membres du comité organisationnel qui se démènent et travaillent avec les moyens du bord. Je sais que ce n'est pas facile. Maintenant, pourquoi on sent cette différence d'envergure entre les éditions précédentes et les trois dernières, il faut poser cette question aux organisateurs, peut-être au ministère de la Culture.
On constate qu'il y a un engouement. Que faut-il faire pour drainer cette masse et la réorienter vers le cinéma, question de l'habituer au cinéma?
Je trouve que c'est un miracle de voir le public, surtout les jeunes qui viennent, suivent, apprécient les films et critiquent après la projection. Je connais des gens qui sont âgés de 40 ans et qui n'ont jamais mis les pieds dans une salle de cinéma pour la simple raison que les salles sont fermées. Oran, je ne dirais pas à l'instar d'autres villes, a une particularité par rapport à d'autres wilayas et d'autres villes, a une culture cinématographique et un public cinéphile. Elle a été l'embryon de plusieurs associations, des clubs de cinéma et cinéclubs.
Il y a toujours eu un dynamisme sur le plan cinématographique et activités cinéphiles. Donc, il y a un public. Maintenant, comment faire pour que le public renoue avec les salles obscures. Il faut rouvrir les salles. Pourquoi ces salles sont restées fermées?
Pour des raisons obscures! Elles. Pour les rouvrir, il faut trancher d'abord la question de leur appartenance. Si elles reviennent à la mairie, est-ce que la loi permet à cette dernière de jouer le rôle de l'exploitant? On sait que le cinéma est tout un métier, il faut des gens de métier pour les gérer. On connaît très bien la catastrophe causée par la politique de l'octroi des salles des cinéma aux privés. Plusieurs de ces dernières ont été détournées de leur vocation initiale puisque transformées en salles des fêtes, sandwicherie, taxiphone et cybercafé. On a hérité d'un patrimoine colonial composé de 39 salles, le Régent est le plus beau cinéma du Monde arabe et d'Afrique. Il faut repenser politiquement ce pan de la culture et de la politique cinématographique. Je crois que le ministère de la Culture a fait une tentative de projet de loi quant à la récupération des salles, mais il y a eu des oppositions de la part des APC. Peut-être qu'en exploitant les salles, la mairie peut gagner des sous, c'est de bonne guerre. Mais, est-ce que les mairies, qui continuent dans leur résistance, sont capables de gérer les salles? Si elles sont incapables, il faut trancher la question au niveau national, pas seulement à Oran. Il faut qu'il y ait une politique claire qui permet de faire de la distribution.
Le problème de la formation est toujours posé. Est-ce qu'on peut gérer les salles sans moyens humains qualifiés?
Eh bien voilà, il faut une vraie politique. Qu'est-ce qu'une salle de cinéma? Quelle est sa fonction? Est-ce qu'on a formé des projectionnistes et des exploitants? Le distributeur doit être expérimenté.
Ceci dit, nous devons attendre de longues années pour qu'on puisse voir le cinéma sortir de sa léthargie!
Cela dépasse le Festival d'Oran. Il s'agit d'une volonté politique de la part des décideurs du secteur de la culture et des décideurs politiques tout court. Il faut savoir ce qu'on veut, où veut-on aller, ce qu'on veut faire pour pouvoir décider d'une politique claire et efficace, aussi bien sur le plan culturel que sur le plan cinématographique.
Comment voyez-vous Oran après ce festival?
Elle retombera dans sa léthargie, dans un certain farniente. Dommage! Le festival pourrait être le bon déclencheur de la fréquentation des salles.


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