Une quantité de 80 tonnes d'armes a été soustraite aux moudjahidine après la capture du yacht par les forces françaises au large de la Méditerranée. Les moudjahidine Mohamed Sebbagh et Mohamed el Hadi Hamdadou, ont imputé l'échec de la mission du yacht «Athos II» qui consistait à livrer des armes à la Révolution algérienne en 1956, au contexte international de l'époque et à la «mauvaise» organisation de l'opération. Dans son intervention lors du forum de la mémoire organisé par l'association Mechaâl Echahid, sur le dossier du yacht «Athos II» lors de la guerre de libération, Mohamed Sebbagh a indiqué que le contexte international, notamment la nationalisation du canal de Suez et l'alliance tripartite contre l'Egypte, «comptent parmi les principales raisons qui étaient derrière l'échec de la mission du yacht». Sebbagh qui était à bord du yacht, a précisé que cette affaire a représenté pour la France coloniale un alibi suffisant pour s'allier avec le Royaume-Uni contre la politique de Djamel Abdenasser visant à soutenir les mouvements de libération dans le monde, en particulier la Révolution algérienne. Entre autres raisons de cet échec, il y a lieu de citer, a-t-il dit, la «mauvaise organisation» de l'opération qui était le corollaire d'«une impasse née d'un abus d'opinion» de certains chefs de la Révolution. Il a, à ce propos, souligné la «trahison» d'Ibrahim Ennayel, de nationalité soudanaise, qui comptait parmi les plus grands commerçants de l'époque, selon les écrits de Fethi Ed-dib dans lesquels il s'interrogeait sur le véritable responsable de l'échec de l'opération, la partie algérienne ou la partie égyptienne. Quelle que soit la partie responsable, a-t-il poursuivi, le résultat était le non-acheminement d'une quantité importante d'armes (75 à 80 tonnes) et la torture du groupe algérien qui a donné lieu à la mort du chahid Mohamed Ali Agroufa dans la prison de Berroughia. Le moudjahid Mohamed el Hadi Hamdadou a retracé quant à lui, le voyage depuis le départ du port d'Alexandrie jusqu'à la capture du yacht par les forces françaises au large de la méditerranée. Il a ajouté qu'Ibrahim Ennayel, premier responsable du bateau britannique transportant les armes, «jouissait d'une grande confiance auprès d'Ahmed Ben Bella contrairement à Fethi Ed-dib qui a mentionné dans un de ses écrits, qu'Ennayel avait touché à Oran un montant de 50.000 livres égyptiennes des services de renseignements français au courant depuis quatre mois déjà, de la mission du yacht par le biais du Mossad». Hamdadou a relevé d'autre part, le «grand dysfonctionnement» de l'opération selon les témoignages vivants, rappelant que le voyage avait duré 12 jours sans arrêt et q'un avion avait longtemps survolé le yacht dès son arrivée à l'ouest de la mer méditerranée. Il a ajouté dans ce contexte, qu'un escorteur avait arraisonné le bateau au port de Ghazaouat où étaient attroupées les autorités civiles et militaires françaises qui avaient ouvert une enquête sur les six Algériens accompagnant le chargement d'armes et qui furent transférés à la prison d'Oran. Le yacht Athos II considéré comme l'un des évènements importants dans l'histoire de la guerre de libération, transportait un chargement d'armes depuis Alexandrie (Egypte) à la côte marocaine où l'attendaient les moudjahidine de la wilaya V sous la direction du colonel Boussouf. Ce yacht qui fut longtemps au coeur de l'intérêt international, a été exposé à des opérations de piraterie par la flotte marine française dans les eaux internationales entre l'Espagne et le Maroc le 16 octobre 1956. Dixième chargement au profit de la révolution algérienne, le yacht transportait le plus grand chargement d'armes sur lequel les moudjahidine fondaient de grands espoirs. La conférence tenue en présence de personnalités nationales et diplomatiques et de professeurs, s'inscrit dans le cadre des festivités organisées à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie et en hommage au chahid Mohamed Ali Agroufa.