Le président termine son mandat sans avoir refermé la plaie kabyle. Si la Kabylie opte pour le boycott de la prochaine élection présidentielle, ceci s'explique aux yeux du Me.Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'Homme (Laddh) en termes «d'une sérieuse atteinte à l'unité nationale». La Kabylie frondeuse, berceau des aspirations démocratiques de l'Algérie indépendante, pourrait dans le cas d'un éventuel rejet du scrutin du 8 avril prochain, «déstabiliser» non seulement l'harmonie nationale, mais aussi «discréditer», le futur président élu des Algériens. «La Kabylie a toujours été l'objet d'un mépris avéré de la part des dirigeants qui se sont succédé aux rênes de l'Algérie depuis l'indépendance, Bouteflika lui-même n'a pas failli à cette règle», estime Ali Yahia Abdenour. En 1999 déjà, se rappelle le président de la Laddh «Bouteflika, lors d'une visite effectuée en Kabylie dans le cadre de sa campagne électorale a résumé en une seule phrase tout le mépris qu'il a toujours cultivé à l'égard de la population de cette région», Bouteflika alors «candidat du consensus», à la présidentielle de 1999 s'écriait à Tizi Ouzou, face à une grandiose assistance kabyle «de loin je vous voyais comme des géants, de près vous n'êtes que des nains». S'exprimant sur les sanglants événements qu'a subis la Kabylie au printemps de 2001, le président de la Laddh dira que «la contestation kabyle découle d'une frustration répandue sur tout le territoire national», arguant que «dans 36 wilayas du pays, des jeunes révoltés ont occupé les rue après les incidents d'avril 2001 en Kabylie». Ali Yahia Abdenour est convaincu que le pouvoir sous le règne de Bouteflika a ghettorisé la protestation kabyle à laquelle il a répondu avec la répression. Une protestation dont les conséquences font l'objet d'un lourd bilan de plus d'une centaine de morts, de milliers de blessés et de plusieurs disparus. «Bouteflika est responsable de la mort de jeunes citoyens durant les douloureux événements qui ont secoué la Kabylie», insiste le président de la Laddh. Il rejoint l'idée de Mohammed Benchicou qui n'a pas omis de mentionner dans son livre «Bouteflika, une imposture algérienne», que le président termine son mandat sans avoir refermé la plaie kabyle.