A moins de 10 jours du grand rendez-vous qualificatif au Mondial du Brésil, la fièvre verte est montée d'un cran à travers les villes et villages de la wilaya de Bouira. Ingénieux et débrouillards, les jeunes innovent dans les manières inédites pour célébrer la grande fête du 19 novembre prochain. Plusieurs bâtisses dépendantes de la SDC, les postes électriques ont reçu la visite des tagueurs. Les fans des Verts ont décoré les murs de ces bâtisses longtemps laissées sans peinture et qui donnait une image hideuse. Désormais, elles sont aux couleurs nationales avec des écrits empruntés aux sites des grandes écuries du Milan AC, du Real et du Barca... bien sûr. Ces tagueurs, et selon les connaisseurs ont des dons en peinture et en matière d'expression. En plus du fameux «one, two, three», «forza Algeria», on remarque des réponses à peine voilées à l'acte bestial commis par les services marocains à l'occasion du 1er Novembre. Les jeunes Algériens en général, et ceux de Bouira précisément, lancent un appel pour dire que le patriotisme n'est pas l'apanage d'une classe politique. Les jeunes Algériens qui se dressent derrière leur équipe de football montrent à qui veut encore l'ignorer, que l'Algérie reste sacrée et occupe une place dans les coeurs. Parce que ces jeunes sont dans leur majorité des chômeurs, des sans-revenus... leur expression est sincère. Ce que ce rendez-vous suscite comme engouement, comme patriotisme, aucun homme politique ou formation politique ne peut le faire. Alors qu'ils décoraient la cabine du poste transformateur de la cité des 130 Logements au chef-lieu de wilaya, ces jeunes nous ont demandé de porter leur message plus haut. «Nous aimons l'Algérie, pas ses richesses. Le foot c'est notre dada et l'Equipe nationale, notre seul amour dans cette situation obscure et cet avenir incertain... ou lahdith kiass» nous affirmera Douhli, un vieux célibataire très aimé de tous. «Nous installerons un écran géant dans le quartier pour voir le match en groupe et célébrer Inch Allah la victoire comme il le faut» ajoutera notre interlocuteur. Dans d'autres quartiers et d'autres lieux, c'est la course au plus grand drapeau. L'ambiance est la même du sud au nord et de l'est à l'ouest de la wilaya. La fièvre footballistique a touché même les villages les plus reculés. Les quartiers s'organisent pour installer l'emblème partout. Lors de la précédente qualification à Oum Dourmane, le record du plan grand drapeau était détenu par les jeunes du centre-ville qui ont cousu un drapeau long de plus de 150 mètres. Chaque quartier jure de faire mieux. En voyant toute cette dynamique autour d'une équipe de football, on se demande pourquoi continuer à subventionner des formations politiques qui ne profitent qu'à leurs fondateurs.