Les 30 inculpés de Bentalha (Alger) devront attendre trois semaines pour être entendus. De quoi... Le dossier relatif aux émeutes de Bentalha (Baraki-Alger) a été renvoyé pour trois semaines par Khaled Benyounès, le jeune président de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach sous l'oeil attentif de Mouslim Hadef, le procureur de l'audience du lundi, un lundi «bouillonnant par ce dossier où vingt inculpés, tous détenus, risquent des peines allant de deux mois à cinq ans d'emprisonnement ferme sur la base des articles de lois relatifs aux troubles à l'ordre public, port d'arme blanche, destruction de biens d'autrui, etc. Rappelons que grosso-modo, les habitants de Bentalha ont assisté à de véritables scènes de films retraçant le passage des Huns d'Attila qui avait pour devise: «Là où passait son cheval, l'herbe ne repoussait plus». Imaginez d'ici le spectacle: les armes blanches et des épées étaient les «stars» de ces échauffourées où d'importants renforts policiers, gendarmes et même de l'armée auraient été envoyés sur les lieux pour éviter le pire. Ces regrettables incidents font que la justice qui a autre chose à faire, s'occupe de violence des rues, d'insultes, de menaces, d'injures et autres coups et blessures à l'encontre des membres des services de sécurité. Le renvoi de deux semaines va permettre aux excités de se calmer, d'une part, et au président d'examiner le casier judiciaire de certains récidivistes connus des services de sécurité dont plusieurs hommes ont été blessés au cours de l'intervention, d'autre part. Les choses au départ paraissent aisées, car dans n'importe quel pays au monde, les USA en tête, s'en prendre aux représentants du maintien de l'ordre, donne carte blanche à tout flic armé qui peut, au nom de la légitime défense aller droit à l'adage arabe qui dit à peu près ceci: «Que pleure donc ta maman, et pas la mienne!» C'est pourquoi, le parallèle avec le pays du «shérif» s'arrête aux charges casques baissés au-dessus des sourcils, les armes à feu étant loin... Ce qui est par contre rassurant, c'est que le procès sera conduit par un maître en matière de rendre justice: Khaled Benyounès, ce sacré magistrat qui ne connaît ni la peur de ceux qui sont chargés de l'épier au nom de la sécurité du pays ou encore les yeux des chefs de cour. Benyounès a fait une super démarche: avant d'endosser la robe noire de magistrat du siège, il a été durant quelques années judiciaires...avocat, avec en prime, un super stage sous la houlette du non moins super rusé avocat, Maître Benouadah Lamouri et donc connaît très bien les chemins qui mènent au bon endroit, pour ce qui est de rendre justice dans les règles de l'art. Il faut dire qu'il avait remplacé le terrible Ahmed Oussaâdi actuellement conseiller à la cour, les jeudis, apprenant aux côtés des rusés et expérimentés Brahim Kherabi, Mohamed Regad, Amar Benkharchi, Fouzia Oudina, Yamina Guerfi, Mériem Derar, Boualem Bekri et Tayeb Halalli. C'est en bossant sans complexe, surtout avec cette nouvelle de la «main levée» des services de sécurité au-dessus des têtes de juges du siège, une «main levée» que n'a jamais ressentie Khaled plutôt accro avec les bons interrogatoires, avec la fameuse maxime: «Si un inculpé ne veut pas répondre aux questions, il est libre!» et bien d'autres libertés. Les émeutiers, eux, le savent. Il savent aussi et surtout que les gendarmes ne jouent pas avec la liberté des gens. S'ils ont ramené X...nombre d'inculpés, c'est qu'ils ont bien cherché parmi la foule d'excités les responsables qui ont causé des dégâts et fait de nombreux blessés. Et avec ce juge, à chacun son dû. Et le dû sera remis à l'issue de débats que le tribunal voudra sereins, loin de toute manip ou tentative de coup de force et autres «regroupements» des résidents de Bentalha, venus au nom de pseudo-opérations de solidarité». Non, la justice tranchera sur les seuls faits, et uniquement les faits qui ont eu lieu avec les preuves ramassées par les gendarmes. Des gendarmes heureux d'avoir trouvé sur place un dispositif policier mis en place comme tous les jours, on en constate. Rien n'est permis. Même l'entrée au tribunal et dans la salle d'audience ont été passées au peigne fin. «Neutre pas qui veut. Celui qui n'a rien à voir reste loin de la bâtisse!» clame un policier aux aguets, soupçonneux comme jamais.