Des milliers d'enfants ont appris à lire avec Le Petit Nicolas, ils pourront désormais découvrir les aventures du petit écolier en arabe maghrébin. C'est une première! Le Petit Nicolas est dorénavant traduit en arabe dit «maghrébin». En effet, la fameuse série littéraire de jeunesse imaginée et écrite en 1959 par René Goscinny et illustrée par Jean-Jacques Sempé, va à la rencontre d'un nouveau public. Il n'y a jusqu'à présent que très peu d'ouvrages publiés dans cette langue au Maghreb, et à notre connaissance, aucun en France. «Arabe maghrébin, langue de France». De quoi s'agit-il? «Ce sont les langues parlées en France depuis plusieurs générations par des citoyens français, initialement originaires du Nord de l'Afrique. On retrouve essentiellement de l'arabe algérien, marocain et tunisien regroupés sous le nom générique d'arabe maghrébin. Pourquoi «Langue de France»? Parce que l'arabe maghrébin (nommé darija au Maghreb) a été reconnu comme une des «langues de France» en 1999, lors de la signature par la France de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires du Conseil de l'Europe. L'arabe maghrébin a été classé parmi les «langues non-territoriales», aux côtés du berbère, du yiddish, du romani et de l'arménien occidental, dans la liste des langues de France élaborée par le linguiste Bernard Cerquiglini en 1999. Ce sont des langues aux statuts différents, mais qui ne sont pas attachées à une région de France» peut-on lire dans la présentation du projet, et souligne, t-on, l'arabe darija est une des langues des plus parlées en France car on estime à quatre millions le nombre de locuteurs. Aussi, sur les neuf histoires du Le petit Nicolas et pour ne fâcher personne, trois sont traduites en marocain, trois en algérien et trois autres en tunisien. Pour être accessible au plus grand nombre et en l'absence d'orthographe officielle, il a été décidé de publier la traduction dans une double graphie: la graphie arabe adaptée à l'arabe maghrébin et une transcription phonétique en graphie latine, inspirées des pratiques des nouvelles technologies. Les auteurs de cette belle aventure sont les traducteurs: Dominique Caubet, professeure des Universités d'arabe maghrébin à l'Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), qui dirige le Cream-Lacnad (Centre de recherche et d'études sur l'arabe maghrébin). Elle a travaillé sur l'arabe marocain, sur les mélanges de langues (arabe algérien, français) et sur les changements de statut de l'arabe maghrébin en France où il est devenu une des langues de France et au Maroc. Abdelwahid Fayala, quant à lui, est professeur certifié à l'Inalco. Il y enseigne l'arabe tunisien et l'arabe litéraire. Il est également membre du Cream-Lacnad (Centre de recherche et d'études sur l'arabe maghrébin). Il a collaboré à les Mots du bled (L'Harmattan, 2004), sous la direction de Dominique Caubet. En 1996, Amine Hamma a formé avec ses amis l'un des premiers groupes de rock-métal «ma Rockain», Immortal Spirit, acteurs importants dans l'émergence de cette scène et ce qui allait devenir la nouvelle scène musicale marocaine. En France, où il a obtenu en 2007 un Master culture et communication à Paris-XIII, il a collaboré, au sein de l'Irma (Centre d'information et de ressources pour les musiques actuelles), à la dernière édition du guide-annuaire Planètes Musiques en 2007, et fonde le groupe de musique World alternative Café Mira. Il a travaillé avec des réalisateurs, parmi eux, Nadir Moknèche pour la traduction du scénario de son dernier film. Il a aussi traduit des documentaires et des reportages pour les chaînes TV Arte et France 5. Jihane Madouni-Lapeyre est maître de conférences à l'Inalco, elle y enseigne l'arabe algérien depuis 1992. Bref, ce sera un bien beau travail de recherche linguistique, aussi bien attractif, que pédagogique dont les fruits n'en seront que didactiques et ludiques à la fois!