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Ragheb Alama, l'art et la manière
LES NUITS DU SHERATON
Publié dans L'Expression le 05 - 08 - 2001

Retour triomphal de Ragheb Alama en Algérie. L'enfant terrible de la chanson libanaise a enflammé un public des grands jours venus en force à l'hôtel Sheraton.
C'est sous les feux de la rampe de l'hôtel Sheraton, que s'est produite mercredi dernier en première partie du concert de Ragheb Alama, notre chanteuse bien délurée, Fella Ababsa. Vêtue d'une longue robe d'argent au grand décolleté et dotée d'un sourire ravageur, ajouté à cela, une forte présence sur scène, elle n'aura, de ce fait, aucun mal à subjuguer son public en interprétant tantôt ses anciens tubes tirés du répertoire chaoui ou raï, ou, carrément des reprises notamment Didi et Beïda de Khaled.
Entraînante, sa musique invitera plus d'une fille à venir «se trémousser» sur la piste de danse qui a été carrément prise d'assaut.
Avant de quitter la scène, elle annonce l'arrivée du grand artiste libanais, Ragheb Alama qui compte beaucoup d'admirateurs et d'admiratrices surtout en Algérie. 0h05, sous la direction du chef d'orchestre M. Nasser Essaad, les deux choristes accompagnés des douze musiciens entament le spectacle.
L'apparition du chanteur se fera sous un tonnerre d'applaudissements. Saharaouni lil Ouyounek, titre phare de son dernier album, mais encore, Alimtini ahib el kawn, sont autant de titres qui exprimeront la profondeur sentimentale de cet artiste né. Sa musique rythmée au son de la jeel-musique et mêlée à quelques notes de salsa nous engagera à danser… Ses chansons, notamment les plus connues à l'image de Moghram ya lil, qui a eu un succès retentissant en Algérie il y a quelques années, mais également Assef habibti (reprise par feu Chab Hasni) et Ya rit bayt bi khabiha¸encore une reprise chantée par Anouar cette fois-ci - c'est dire l'impact médiatique de ses chansons en Algérie - pour ne citer que celles-là. Toutes des chansons que la foule de jeunes filles en «délire» connaissaient quasiment par coeur.
Un des moments forts, amusants surtout, de la soirée sera, en outre, quand Ragheb Alama invitera trois jeunes et jolies demoiselles à le rejoindre sur scène pour chanter avec lui : Bitghitb, Bitrouh. Aussi, l'occasion nous était offerte de savourer les nouveaux morceaux qui figurent dans son nouvel album. A titre d'exemple Awsef lek ih (parole de Assem Houssin et musique de Khaled El Baki).
Il se plaira, par ailleurs, à interpréter à plusieurs reprises le titre phare de l'album : Saharouni lil ouyounek. Deux heures passées, la star quitte la scène. Très content, le public venu en masse ce soir, s'est vraiment régalé et Ragheb Alama aussi, en ayant à ses pieds toute cette marée humaine, un public extraordinaire. C'est près de 3.000 personnes qui ont exprimé leur amour à leur idole au grand coeur. En effet, l'âme généreuse, très sensible à la détresse du monde, Ragheb a toujours pris part aux manifestations qui oeuvrent à venir en aide aux pauvres et aux nécessiteux. Tout récemment, il a contribué à construire des écoles pour les enfants défavorisés. Lors de la conférence de presse qu'il a tenue mercredi après-midi dans l'enceinte de l'hôtel Sheraton, Ragheb s'est montré très attaché à sa patrie, à «son arabité». A la question de savoir, pourquoi donc il a accepté d'endosser la nationalité canadienne, il répondra : «Parce qu'au Canada, on respecte les droits de l'Homme» Ses propos pleins de sagesse et de maturité - Ragheb Alama a maintenant 39 ans, il a débuté sa carrière en Egypte dans les années 80 - traduisaient l'état d'esprit actuel de l'artiste qui dit avoir beaucoup changé, mais au fond être resté «très romantique».
C'est toutefois sa mère, qui lui a choisi Djihan, son épouse... «Ce qui me pousserait à mettre fin à ma carrière ? Ce serait de ne plus innover en matière musicale, ne pas avancer, la stagnation. Quand je serai amené à tomber dans la routine à ce moment-là je devrai tout lâcher. Il ne me resterait en mémoire que les souvenirs», nous, a-t-il confié. Et d'ajouter : «Le temps m'a appris à avoir plus confiance en moi, à croire en moi. Il a, par ailleurs renforcé le lien que j'entretiens avec mon public». Un lien très solide en tout cas !


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