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Entre le mimétisme et l'obligation
REFORME DE L'UNIVERSITE ET LMD 1ER PARTIE
Publié dans L'Expression le 14 - 07 - 2004

Les musulmans se répètent la phrase d'Abdelkader montrant en 1848, la planchette des écoliers arabes : «C'est le seul fusil qui nous reste».
Le système de crédits européens s'applique à tous les diplômes nationaux et il favorise la souplesse des parcours. Les unités d'enseignement sont transférables d'un parcours à l'autre et permettent par exemple de valider des périodes d'études effectuées à l'étranger. Elles sont également capitalisables car toute validation d'UE est acquise, quelle que soit la durée d'un parcours.(5).
A chaque unité d'enseignement (UE), à l'échelle européenne, baptisée «ECTS». correspondent des «crédits européens» capitalisables, permettant de transférer ses acquis dans une autre université européenne. La conversion au LMD se fera de façon spécifique pour chaque université et selon un calendrier qui leur est propre.
Parmi les atouts du LMD, il faut citer la possibilité pour les étudiants d'avoir une mobilité géographique (possibilité d'intégrer une année d'études dans une université européenne pendant le parcours universitaire des étudiants) (106 universités étrangères dans 25 pays (Europe, Etats-Unis, Canada, Japon, Afrique et Australie). Il faut citer de plus, la mobilité pédagogique (nouvelles passerelles créées entre les disciplines, changement d'orientation possible en cours de route), la mobilité professionnelle (généralisation de licences professionnelles pour une meilleure connexion de l'université avec les réalités du monde du travail). Le nouveau système permet aux universités d'avoir une plus grande souplesse, un plus grand décloisonnement dans les formations universitaires. Il donne aussi aux étudiants des atouts supplémentaires en langue et dans le domaine informatique.
La licence (Bac +3) s'obtient en six semestres consécutifs, (en trois ans), soit 180 crédits européens, (30 crédits par semestre). Elle peut être «à vocation générale, appliquée ou professionnelle». La licence professionnelle intègre de nombreuses heures de stage en entreprise. L'apprentissage passe aussi par l'expérience pratique. Le master (Bac +5) se déroule sur deux ans et s'obtient avec 120 crédits européens au-delà du grade de la licence. Deux possibilités s'offrent aux étudiants: soit le master recherche, (qui donne accès au doctorat), soit le master professionnel. Le choix se fait selon les résultats de la licence.
Le doctorat (Bac+8): il s'obtient en trois ans, après le master recherche en préparant une thèse. Il s'effectue au sein des écoles doctorales des universités et vaut 480 crédits. Parallèlement à ces nouveaux diplômes, les anciens diplômes subsistent en Europe pour le moment, à titre de «diplômes-intermédiaires» nationaux.
Pourtant, la construction de l'Espace européen d'enseignement supérieur suscite des inquiétudes et des interrogations: les systèmes nationaux d'enseignement supérieur sont-ils menacés? L'Université pourra-t-elle rester un service public? Un modèle européen d'enseignement supérieur peut-il émerger face au modèle américain d'université? Le financement des universités est-il en crise?
L'objet de cette réforme est de permettre à l'individu d'acquérir des connaissances, c'est-à-dire de devenir un citoyen responsable, mais aussi d'être un travailleur compétent, de maîtriser des savoir-faire. Ainsi, la construction de l'Espace européen de l'enseignement supérieur revêt un double enjeu. D'une part, elle nécessite la réforme en profondeur de notre propre service public. Et d'autre part, sa réalisation doit permettre de réaliser concrètement une Europe citoyenne, sociale et politique.
En tant qu'institutions autonomes et responsables, répondant à une mission éducative et sociale reconnue par la loi, les universités confirment leur adhésion aux principes énoncés dans la Magna Charta Universitatum de 1988, en particulier celui de la liberté académique. Dans ce contexte, les universités doivent pouvoir élaborer leurs stratégies, définir leurs priorités en matière d'enseignement et de recherche, allouer leurs ressources, déterminer leurs programmes et fixer les critères d'intégration de leurs professeurs et étudiants.
La concurrence peut promouvoir la qualité de l'enseignement, n'exclut pas les liens de coopération et ne peut être réduite à un concept purement commercial. En effet, dans plusieurs pays européens, les universités ne sont pas encore sur un pied d'égalité avec leurs concurrentes et sont en particulier confrontées à une fuite de cerveaux à l'intérieur même de l'Europe. Cette fuite des cerveaux n'a, cependant, rien à voir avec le body-shopping, pratiqué par l'Europe et les Etats-Unis qui, pour quelques euros ou dollars, attirent la matière grise des PVD après leur avoir spolié leurs matières premières.(6).
La recherche constituant l'identité motrice de l'enseignement supérieur, la création de l'Espace européen de l'enseignement supérieur doit aller de pair avec celle d'un Espace européen de la recherche. L'Espace européen de l'enseignement supérieur doit non seulement prendre forme autour de valeurs académiques essentielles mais aussi répondre aux attentes des différentes parties prenantes en faisant preuve de la qualité de ses prestations. L'évaluation englobe enseignement et recherche ainsi que gouvernance et administration; elle s'intéresse à la réponse apportée aux besoins des étudiants et à la fourniture de services extra-académiques. C'est en fait, une marchandisation de service public - mondialisation oblige - de l'enseignement supérieur qui ne veut pas dire son nom. La qualité est la condition nécessaire de la confiance, de la pertinence, de la mobilité, de la compatibilité et de l'attrait des institutions parties de l'Espace européen de l'enseignement supérieur. Le libre mouvement des étudiants, du personnel académique et des diplômés constitue une dimension essentielle de l'Espace européen de l'enseignement supérieur. Les universités européennes veulent le développer - tant au plan «horizontal» que «vertical» - mais estiment que la mobilité virtuelle ne saurait remplacer la mobilité des personnes.
Le LMD et l'Université algérienne
Vu l'importance des besoins en personnel enseignant formé en Europe, les universités souhaitent voir éliminé le critère de nationalité et tout autre obstacle dissuadant de s'engager dans une carrière académique européenne. Cette contrainte levée pourrait profiter à la mobilité des enseignants de l'espace maghrébin voisin, culturel, géographique et historique de l'Europe.
Les institutions européennes d'enseignement supérieur désirent pouvoir attirer les talents venant du monde entier, ce qui exige des mesures à prendre tant aux plans institutionnel que national et européen. Le succès d'une telle politique dépendra de la levée rapide des réglementations pénalisantes restreignant l'immigration et l'accès au marché du travail.(7).
De cette description d'une réforme «placebo» qui n'est pas dimensionnée à la taille et aux ambitions algériennes autrement plus terre à terre, il est prévisible que telle que présentée, elle nous conduira droit dans le mur. Il faut en effet retenir que cette réforme européenne est surtout une réforme des systèmes éducatifs «riches de leur force de frappe» en termes de sédimentation, de moyens et surtout d'encadrement de haut niveau et de pertinence de recherche. Cette réforme a pour ambition d'assurer la mobilité des étudiants et des enseignants à travers l'espace européen. Avec qui allons-nous échanger nos étudiants, avec les universités marocaines ou tunisiennes aussi sinistrées que nous et qui ont une piètre opinion de l'espace maghrébin préférant tendre la main vis-à-vis de l'Europe?
Une première constatation qui doit être faite est que le dossier de la réforme établie en 2000-2001 n'a pas vu à ce jour un début de vulgarisation auprès des acteurs de l'université constituée par les enseignants, les personnels administratifs et les étudiants. Mieux encore, sans absolument aucune consultation qui aurait pu permettre d'enrichir le débat, on tente, à marche forcée, de faire adopter une réarticulation des enseignements de type LMD conçu, il faut bien le dire, fondamentalement pour les universités européennes, elles-mêmes adoptant un schéma classique existant depuis des lustres aux Etats-Unis et ayant fait, naturellement ses preuves... dans ces pays. Faut-il ajouter que la réforme de 2001-2001 qui, encore une fois, contient de très bonnes dispositions, élaborées après un débat âpre, voire difficile mais toujours correct, entre les tenants de différents bords qui chacun à sa façon et au vu de son expérience a proposé ce qu'il croit être bon. Si l'idéologie n'était pas absente dans les premiers débats. Au fil des réunions, il faut bien admettre et c'est heureux que les points de vue se soient progressivement rapprochés au grand dam des «meneurs de l'ombre».
Cependant, il faut affirmer haut et fort, qu'il n'a jamais été question dans les débats, d'une architecture de type LMD à appliquer. La raison en est simple: en Europe, cette nouvelle architecture bien qu'en gestation, n'était pas encore officiellement adoptée en tant que réforme, notamment en France.
Nous ne pouvons réussir la réforme qu'en prenant en charge toutes les recommandations de la commission qui a vu l'effort d'une centaine d'enseignements appartenant à tous les segments du système éducatif. Souvenons-nous, la réforme de 1971 copiée sur les cursus américains était, à l'époque, une avancée majeure. Il faut rappeler que la notion de crédits capitalisables existait, que les enseignements étaient semestriels et que les modules comportaient des prérequis; ce qui apparemment a été remis au goût du jour par l'Europe des universités dans sa poursuite effrénée de la puissance américaine dans le domaine de la science et de la recherche. En fait, la réforme de 1971 qui a été abandonnée dans les années 80, a péché par le fait qu'il n'était pas, à l'époque, possible de contrôler rationnellement les parcours pédagogiques de milliers d'étudiants, ce qui est tout à fait possible aujourd'hui avec l'outil informatique(8).
Conclusion
Il nous faut savoir que le LMD n'a rien de révolutionnaire. Il nous faut l'adopter non par mimétisme et surtout sans illusion. Le LMD, dimensionné pour les universités, les étudiants et les métiers européens, ne peut pas s'appliquer chez nous sans un nécessaire état des lieux et surtout sans des états généraux qui devraient mobiliser tous les secteurs réceptacles des diplômés que l'université a pour mission de former. Quels sont les métiers dont aura besoin l'Algérie dans dix ans? Quels sont les effectifs à former par grande discipline? Quel est l'avenir des «grandes écoles» ou supposées telles?
L'Algérie a-t-elle besoin d'une élite? Quel est l'avenir du système public de l'enseignement supérieur? Peut-on continuer à ne former que des cadres de niveau 6? Les études doivent-elles continuer à être gratuites pour des triplants et plus, laissant ainsi dans le «pipe» des «étudiants professionnels» .
Quelles sont les vraies prérogatives de l'enseignement supérieur? L'université doit-elle continuer à former des chômeurs de luxe ? A trop différer les échéances, nous risquons l'asphyxie. Un million d'étudiants en 2008: c'est demain. Tout les sujets tabous devraient être mis à plat. Le pays en sortira grandi Il n'est pas normal que l'université soit rendue coupable de toutes les perversions, quand il s'agit de dysfonctionnements. Les contraintes sont multiples.
Au risque de nous répéter, il faut savoir que rien ne peut se faire sans les «gardiens du Temple» que sont les enseignants, et il est normal que, conjoncturellement, on agite l'épouvantail des Algériens scientifiques émigrés. Si leur rôle est indiscutable, on ne peut pas asseoir une université digne de ce nom, en diabolisant régulièrement les enseignants, leur promettant, comme à une certaine époque, de fermer l'université parce qu'ils avaient protesté contre des conditions de travail inhumaines. Faire du LMD la panacée et le remède miracle aura comme conséquence prévisible, d'accélérer l'hémorragie actuelle de nos diplômés qui seront alors, beaucoup plus assimilables par les universités étrangères. Cette hémorragie, serait, à Dieu ne plaise, porteuse de tous les dangers et aurait l'effet inverse de ce qui était attendu. Le LMD oui, il faut le faire mais avec un accompagnement in situ en Algérie, mais surtout avec nos partenaires de la rive Nord en demandant au nom des différents accords de profiter des programmes d'échange d'étudiants et d'enseignants non plus à dose homéopathique mais dans le cadre d'une politique concertée au grand jour et qui s'inscrit dans la durée. Le LMD ne sera plus seulement, comme le martèle Jack Lang, un trait d'union des cultures, exclusivement européennes, mais véritablement un pont pour ce fameux dialogue des cultures et des civilisations que tout le monde appelle, on l'aura compris de ses voeux, en espérant que ces derniers soient plus que des voeux pieux.
(5). http://europa.eu.int/comm/education/policies/educ/highe
(6). C.E. Chitour : La nouvelle immigration entre errance et body-shopping. Enag. Alger Juillet 2004.
(7). Agence de Mutualisation des Universités et Etablissements-Déclaration de Prague 19/05/2001.
(8). C.E. Chitour : Le système éducatif à l'heure de l'internet et de la mondialisation. Editions Marinoor. Alger . 2002.


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