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L'état de l'oignon
Publié dans L'Expression le 31 - 01 - 2015

«Un état général de pénurie accroît... l'importance des petits privilèges et magnifie la distinction entre un groupe et un autre.» George Orwell
Chaque jour que Dieu fait, un nouveau problème assaille le consommateur. Ce n'est évidemment point un problème métaphysique comme celui de la préexistence de l'oeuf et de la poule, comme vous pouvez le devinez: c'est un problème réel, bassement matérialiste. Un nouveau problème qui gâche chaque jour la joie d'être encore vivant malgré toutes les calamités qui se sont abattues sur ce pays béni par la nature et abîmé par les hommes. Il s'agit du problème récurrent qui assaille la ménagère ou son conjoint qui lui sert de garçon de courses, à savoir les prix des fruits et légumes qui défient toutes les bourses soumises aux décevantes tripartites de Sidi Saïd et de ses interlocuteurs qui vont nous jouer encore l'air de la crise économique et de la rigueur. Après la pomme de terre qui a longtemps surfé sur la vague à hauteur de 100 dinars sur l'échelle de Parmentier, voilà que maintenant c'est l'oignon qui fait sa chochotte et qui s'arrache à 80 dinars, qu'il soit vert ou sec! La patate, on peut la remplacer par ces bonnes pâtes faites à partir d'une semoule encore subventionnée, mais l'oignon? Il est irremplaçable! Ce n'est pas pour rien qu'il se fait appeler, le roi de la cuisine: il est dans tous les plats et il relève les mets les plus fades et possède des vertus médicinales qui lui valent de jouir d'un nom latin que beaucoup de grosses légumes envieraient: allium cepa. Avouez que ce n'est pas un nom à coucher dehors. Pourtant, il a été longtemps méprisé et s'est toujours situé en bas de l'échelle, à cause de sa disponibilité sur le marché et de son pouvoir lacrymogène. Qui ne se souvient pas de la célèbre répartie d'un homme politique aujourd'hui disparu, à l'adresse d'un Aït Ahmed incarcéré à la prison d'El-Harrach: «Tu ne vaux pas un oignon pourri!». En kabyle et avec l'accent marocain comme cerise sur le gâteau. Moi, l'anecdote que m'inspire ce bulbe sacré est l'inénarrable sketch joué par le talentueux Inspecteur Tahar devant un Boumediene enjoué qui tirait sur son cigare pour atténuer les effets gaguesques du clown sur ses zygomatiques. La scène se déroulait lors d'une fête de la police à laquelle était conviée toute la crème du pouvoir algérien qui ne devait pas ignorer la situation délicate de la ménagère algérienne qui connut pour la première fois depuis que l'oignon a été domestiqué, une douloureuse pénurie qui allait sévèrement peser sur le moral des maîtres coqs et sur les relations gastronomiques des couples. Les mauvaises langues avaient répandu sur les ondes de radiotrottoir que la production algérienne avait été bradée au régime d'El-Gueddaffi qui avait du pétrole mais pas des oignons. C'est sans doute cela qui le poussa plus tard à se mêler des oignons des autres... Mais comme à l'époque, toute la presse était aux mains du Conseil de la révolution et que les marches et manifestations de mauvaise humeur étaient interdites, les citoyens ne pipaient mot. Et il a fallu donc tout le talent du bouffon pour faire grimacer de joie l'intraitable Boumediene. Celui qui allait devenir l'Inspecteur Tahar avait démarré son one man show sur une autre pénurie qui sévissait encore plus fort sur tout le pays: celle du logement. Un citoyen sans piston buvait (à l'époque; l'imam Ghazali n'avait pas encore dissuadé les Algériens de ne pas boire de l'alcool malgré les déboires vinicoles du Conseil de la révolution), pour oublier ses déboires immobiliers. Au sortir du bar parallèle où il s'était abreuvé plus que de raison, il s'avança en titubant sur une chaussée que les balayeurs communaux avaient oublié de nettoyer parce qu'ils étaient occupés à chercher des oignons. Soudain, il avisa un oignon pourri qui avait échappé à la vigilance des récupérateurs professionnels: au mot «besla», le regretté Hadj Abderrahmane leva un regard triste vers Boumediene en ajoutant «Allah idhkerha bel kheir». Boumediene pouffa et tira nerveusement sur son cigare. On ne savait pas ce que pouvait réserver le bouffon qui avait tous les droits puisqu'il était en direct. Donc, le disciple de Bacchus, SDF, donna un violent coup de pied à l'oignon et, ô miracle, un génie en sortit. Un génie dans le plus pur style de la lampe d'Aladin. Il se courba aussitôt à la marocaine et dit d'un ton obséquieux: «Maître, je suis là pour vous servir. Ordonnez et j'exaucerai vos voeux!». L'ivrogne SDF se frotta les yeux, resta longtemps interdit devant la masse de chair qui se courbait devant lui et dit: «Je veux que tu me procures un logement.» Là, le génie se redressa et partit d'un rire sardonique en se tenant le ventre, un ventre volumineux que le séjour dans l'oignon pourri n'avait pas amoindri. «Maître, un logement, c'est impossible! Vous croyez que je me serais contenté de vivre dans un oignon pourri si j'avais le pouvoir de me procurer un logement...» A l'époque de Boumediene, il n'y avait pas de logement social et le trafic ne se faisait qu'autour des biens encore vacants..

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