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Le Djurdjura se raconte
L´ASSENSU D´AZROU N'THOUR EN KABYLIE
Publié dans L'Expression le 23 - 08 - 2004

Le week-end dernier, des milliers de personnes se sont déversées sur l´un des plus hauts pics du Djurdjura, Azru Nthour, pour assister à la fête de l´Assensu.
Sous un ciel éblouissant, dansant aux feux doux de l´aurore, les premières familles du village d´Ath Adella commencent à s´installer à 2000 mètres d´altitude. Aujourd´hui, c´est l´Assensu, il faut arriver tôt pour occuper la meilleure place au flanc de la montagne. A 6 heures du matin, le soleil se décide enfin. Il pointe à l´horizon. Le temps est exquis. Une journée radieuse, cristalline. Une de ces journées où la montagne semble se dresser, un peu plus ravie de sa beauté. Le soleil s´annonce chaud, très chaud. Apprivoisé, il vient se blottir contre les escarpements rocheux avant que le Djurdjura ne lui ouvre ses entrailles fraîches. La mise en place et déjà prête. Le gros du travail a été fait la nuit. Les hommes s´activent aux derniers préparatifs et la fête peut commencer. La viande et le couscous servis gracieusement aux visiteurs, sont déjà prêts.
Dès huit heures du matin, le col de Tirourda fait sa mue. Il devient bariolé. Un nuage de poussière est soulevé par les innombrables véhicules et personnes en procession. Le week-end dernier, des milliers de personnes se sont déversées sur l´un de plus hauts pics du Djurdjura, Azru Nthour, pour assister à l´Assensu. Ils sont venus des quatre coins de Kabylie, d´Algérie et même de l´étranger. C'est une fête qu´organisent chaque année, durant le mois d´août et à tour de rôle, trois villages de la région d´Iferhounène, Ath Adellah, Takhlidjt et Zouvga. La semaine dernière, les Ath Adellah se sont chargés d´organiser l´Assensu. 23 moutons et deux boeufs ont été sacrifiés pour garnir quelques 400 kilogrammes de couscous. Le village a été mobilisé deux semaines auparavant pour réussir ce rendez-vous annuel. Rien n´a été négligé. Dans une organisation de fourmis, les jeunes des Ath Adellah s´attellent à leur tâche. C´est la fin de mission pour les cuisiniers, les vigiles se relèvent et les vieux veillent au grain. «Il y va de l´honneur de notre village. Chaque année nous essayons d´améliorer l´organisation, d´assurer un maximum de sécurité pour les familles qui viennent visiter le site» indique Hamid Ben Baha, l'un des organisateurs.
Le vertige des hauteurs
Aucune histoire n´indique avec précision les raisons exactes de ce rendez-vous. Les gens se rendent à Azrou Nthour comme ils vont à un pique-nique ou à la plage. Cette partie du Djurdjura ouvre ses flancs et accueille des milliers de visiteurs qui viennent sans a priori. Seulement, les côtés religieux et mystique sont présents. Nombreux d´entre les visiteurs implorent la baraka d´Azrou Nthour, allument des bougies, font des dons en argent... D´autres racontent des histoires pour le moins invraisemblables. Pourtant Azrou Nthour n´est pas un saint et tant pis pour la vraisemblance. L´histoire la plus plausible qui explique cette fête remonte au début de l´invasion turque en Kabylie au milieu du XVe siècle.
C´est au niveau du pic d´Azrou Nthour, raconte-t-on, que les Saints des différentes régions de Kabylie se sont réunis pour examiner la manière de se protéger contre le conquérant turque. Encore que des zones d´ombre non encore éludées demeurent dans le récit de cette histoire. Du reste, le côté religieux ne prend pas totalement l´ascendant dans cette fête particulière. Une fois sur le site, les visiteurs cèdent à la beauté du paysage. Du haut du pic d´Azrou Nthor qui culmine à 2000 mètre d´altitude, on s´émerveille. La Grande Kabylie s´offre presque entière à l´oeil. Du coup, l´objet de la visite bascule vers le côté touristique. On voit du haut du pic d´étranges ombres très impressionnantes. Il fait sombre. On se sent pâle. Une lumière vagabonde et brisée enveloppe tout. C´est passionnant et c´est fascinant en même temps. On croit attendre quelque chose sans savoir quoi. On est plus soi-même, on se sent possédé, emporté dans un tourbillon. On va d´un pas léger, on vole, caressé par une douce excitation. Tout vole et en toute vitesse, tout est en mouvement. Puis, on rouvre les yeux et on se remet du vertige. La tension disparaît, on se sent loin de ce qu´on appelle... le monde. Dieu que c´est haut! Et c´est justement pour échapper aux servitudes des basses plaines que les Kabyles ont choisi de vivre sur les hauteurs, même au prix du vertige.
Cette année, le nombre de visiteurs est inestimable. La situation sécuritaire aidant, le Col de Tirourda, longtemps considéré comme le no mans land des terroristes, n´est plus perçu comme un coupe-gorge. Ce fait explique également la présence d'un nombre impressionnant d´émigrés parmi les visiteurs et même d'étrangers. De retour au bled, les émigrés kabyles font découvrir le pays à leurs amis d´autres nationalités. Patrick Bretone, un Français d´origine italienne, fusionne totalement avec les villageois d´Ath Adella. Il s´est impliqué dans les préparatifs de l´Assensu. Sa visite en Kabylie est une découverte. «C´est la première fois que je mets les pieds en Algérie sur invitation de mon ami Naït Chérif Ali. Je suis impressionné de voir tout ce monde». Déclare-t-il, en ajoutant: «Ça me fait plaisir, vu l´accueil chaleureux qui ma été réservé, je vais recommander à mes amis Français de visiter la Kabylie pour y goûter au couscous». Tout aussi impressionnée que son compatriote, Figus Alexandra, Parisienne du XXème arrondissement, n´en revenait pas de l´accueil qui lui a été réservé. «Je visite moi aussi l´Algérie pour la première fois et je suis frappée par l´accueil des gens. Ils sont très chaleureux contrairement à ce que je constate chez nous en France». Pour Figus «c´est un plaisir de revenir aux origines. L´organisation est parfaite et je suis très à l´aise, il s´agit maintenent de faire découvrir la région aux autres et c´est ce que je ferai personnellement». Mais il n´ y a pas que des nouveaux qui découvrent cette partie de l´Algérie. Mme Naït Amar qui aborde le flanc de la montagne comme elle aborde sa vieillesse, connaît bien le coin. Rencontrée en rase campagne, elle avance à pas lents mais sûrs. Elle s´apprête à monter vers le pic en dépit de la chaleur suffocante. Laurence, ne vient pas découvrir la région, c´est une habituée d´Azrou Nthour. Elle a participé à la guerre de Libération aux côtés du FLN «Je suis venue à ce site en 1964, deux années après l´indépendance. Depuis, je ne m´en suis pas séparée et je suis enchantée à chaque retour».
Un repère nommé montagne
Le poids politique que prend la montagne dans l´histoire de la Kabylie en tant que lieux de refuge et de résistance, explique cet attachement charnel des Kabyles à L´Adrar «la montagne Ndlr». La connotation du mot prend en effet un sens bien particulier. Il représente à la fois le lieu de refuge, du «nif» et de la protection.
Chaque flanc bordant le pic est un livre à ciel ouvert, un repère, un morceau de l´histoire de la région et de l´Algérie.
«Je crois que la nature m´a parlé m´a raconté quelque chose, que j´ai noté en sténographie. Dans ma sténographie, il se peut qu´il y ait des mots impossibles à déchiffrer - des fautes ou des erreurs - mais il s´y trouve quelque chose de ce que le bois, les plages ou les figures m´ont dit» Ecrivait dans une lettre à son frère, en 1882 Vincent Van Gogh.
Le flanc gauche de l´Azrou Nthour constitue le lieu de deux haltes historiques. C´est de ce côté qu´un contingent de l´armée coloniale qui montait depuis la vallée de la Soummam, avait entamé la conquête de la Grande Kabylie. C´est également sur le même flanc que l´armée coloniale a installé un camp lors de la fameuse opération «Jumelle» en 1958.
Du côté nord-est de l´Azrou Nthour, on domine les villages de Tirourda, Soumer ( Village natif de Llalla Fadhma Nsoumer ) Takhlidjt Aït Atsous. C´est au niveau de ce dernier que la guerrière Fadhma Nsoumer a été capturée après une farouche résistance à l´envahisseur français. Dès 1852- 1853, les tentatives de prise du bloc montagneux par le maréchal Randon, se sont heurtées à une vigoureuse résistance dont celle de Lalla Fadhma Nsoumer. Ignorant le nom de cette guerrière farouche, Randon l´appela «la Jeanne d´Arc du Djurdjura» A partir du 24 mai 1857, l´armée française entreprit l´assaut final sur Ath Irathène ( Fort National ). Ce n´est que le 10 juillet 1857 que cette forteresse fut prise, suite à la bataille d´Icherridhène qui avait duré 45 jours. Le 11 juillet 1857 Lalla Fadhma Noumer fut capturée, plus exactement au village de Takhlidjt Aït Atsous, à quelques encablures d´Azrou Ntouzour.


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