Moins de deux semaines après que le gouvernement eut endossé le projet d'amendement du code de la famille, le mouvement El-Islah monte au créneau et dénonce, de façon virulente, les nouvelles dispositions relatives au tuteur, à la polygamie et au droit au logement, contenues dans la mouture révisée. Après Annaba, Constantine a été, jeudi dernier, le théâtre d'un rassemblement animé par des membres de la direction nationale du parti de Djaballah, dans le cadre d'une campagne visant à discréditer les initiateurs du code de la famille dans sa nouvelle version. En effet, 300 à 400 personnes ont été conviées au centre culturel Ben-Badis, à suivre de près les interventions de députés d'El-Islah dont une émanait d'un ex-membre de la commission chargée de préparer les amendements du code de la famille, avant de se retirer, comme elle l'a affirmé. Mme Meslem Aïcha, de Béjaïa, a avoué tout simplement que la commission n'avait en fait qu'un rôle de faire-valoir. Selon elle, et ce sont ses propos: «C'était de la poudre aux yeux». Toujours selon elle, il était convenu de traiter les questions relatives à l'héritage, aux contraintes liées au divorce et au logement, en priorité. Le problème du tuteur ne venait qu'après. «Que fut notre surprise de découvrir dans les colonnes de la presse la version révisée d'un code qui veut disloquer la famille algérienne», a-t-elle dit. En un mot, elle a dénié ouvertement les nouvelles dispositions du code de la famille, comme l'a fait un autre député qui a appelé le peuple algérien à la mobilisation contre ce projet d'inspiration laïque, comme il l'a qualifié, selon lui, les concepteurs de ce projet ne visent ni plus ni moins que de légaliser la débauche et la perversion. A propos de certains membres de la commission et certains membres de l'Alliance présidentielle, il les a carrément descendus en flammes. Pour lui, la nouvelle version du code de la famille comporte 14 transgressions de la chariaâ. D'après lui, toujours, le «subterfuge» derrière lequel se cachent les concepteurs de ce projet promis au G8, en justifiant leur intention d'éliminer l'accord du tuteur des conditions de mariage par une interprétation du rite d'Abou Hanifa, est grossier. Le député d'El-Islah, tout en annonçant que Djaballah se prononcera prochainement, en public, pour expliquer les 14 transgressions de la chariaâ, selon El-Islah, a invité l'ensemble des partis, des associations et des personnalités politiques opposés à la nouvelle mouture du code de la famille de constituer un front de refus qui annihilera toutes les «tentatives d'occidentalisation de la société algérienne». Le même député a toutefois assuré que le projet ne passera pas à l'APN. «De nombreux députés sont contre», a-t-il affirmé. «Celles qui ont appelé, par le passé, au droit de la femme à plusieurs maris, au même titre que l'homme, pour ce qui concerne la polygamie, ne gagneront pas», a-t-il promis, avant de réserver à une formation «islamiste», membre de la coalition, une volée de bois vert.