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Le Plaidoyer des élèves de "polytech"
TRANSITION ENERGETIQUE
Publié dans L'Expression le 20 - 04 - 2015


Les panneaux solaires, une énergie à moindre coût
«La fortune des aïeux s'épuisera, l'adresse des mains restera.» Proverbe algérien
C'est une tradition des élèves ingénieurs de l'Ecole polytechnique de célébrer chaque année le 16 avril Youm el ilm depuis une vingtaine d'années. 2015 est aussi l'anniversaire de la première promotion d'ingénieurs de l'Algérie Indépendante sortants de l'Ecole polytechnique. Cette «Journée» qui s'est faite sous l'égide de monsieur le Premier ministre a eu pour ambition de faire un plaidoyer pour une transition énergétique qui ne peut réussir que si la société entière adhère à cette nouvelle vision du développement durable qui nous recommande une sobriété énergétique qui se traduirait par des économies d'énergie, une utilisation pondérée des énergies fossiles, un plan Marshall des énergies renouvelables, l'objectif étant en définitif de sortir de la rente d'une façon intelligente et du même coup, laisser un viatique pour les générations futures
Cette Journée a été rehaussée par la présence de mesdames les ministres de l'Environnement et de l'Artisanat ainsi que monsieur le ministre de l'Energie, monsieur le chef de cabinet ainsi que monsieur le président du Cnes ainsi que monsieur le directeur général des enseignements supérieurs au ministère de l'Enseignement supérieur Dans son intervention, monsieur le ministre de l'Energie a décrit le Plan électricité prévu à différents horizons avec la place du renouvelable et a ensuite incité les élèves ingénieurs à faire des recherches dans le domaine des énergies renouvelables sur la spécificité des conditions d'installation dans le Sud, notamment concernant l'érosion des éoliennes par le sable, madame la ministre de l'Environnement a insisté sur la dimension environnementale qui doit être prise en charge, et a ensuite décrit globalement les enjeux de la Conférence de Paris sur les changements climatiques et comment l'Algérie s'y préparait.
Dans ma conférence, j'ai parlé de l'aventure humaine de l'énergie, j'ai ensuite tracé un tableau sombre de la scène énergétique mondiale, décrit brièvement les tensions actuelles qui amènent aux conflits, donné aussi mon point de vue sur la nécessité de ne pas compter sur une remontée des prix et présenté les communications à venir des élèves ingénieurs. Tout au long de la journée, les conférences des experts ont permis de tracer les termes du débat; c'est d'abord le docteur Mustapha Mékidèche qui a fait un exposé sur la situation des hydrocarbures. Ce furent ensuite le professeur Fouad Chehat directeur général de l'Inra qui, dans une conférence remarquable, a parlé de la sécurité alimentaire et des défis de l'Algérie. Ce fut ensuite le professeur Yassa directeur général du Cder qui a traité des défis et promesses des énergies renouvelables. Le professeur Rabah Kerbachi a planté le décor des changements climatiques et les prévsions à 2030. Au tour de madame la directrice des ressources en eau de traiter des potentialités hydriques et des développements. Kamel Dali du plan de charge prévisionnel de l'Aprue (Agence pour la rationalisation de l'Energie). Abdelkader Yettou directeur central à la direction générale des forêts a clôturé la session des experts en traitant du patrimoine forestier et de son développement en Algérie
Les élèves ingénieurs ont proposé un modèle énergétique «fil de l'eau», continuation des tendances actuelles et ont fait des prévisions pour 2030,en présentant des propositions de développement des énergies renouvelables pour l'électricité mais aussi en suggérant des utilisations de tous les potentiels inexploités jusqu'à présent, la géothermie, les biocarburants à partir des déchets (dattes, olives,alfa..) les métiers de la forêt avec l'exploitation du bois, et bien sûr en insistant sur le plus grand gisement qui est celui des économies d'énergie qui peut atteindre 20%.
Comment libérer l'Algérie de la rente tout en utilisant les ressources de la rente pour amorcer cette transition énergétique? Nous devons aller vers le développement durable en mettant à profit d'une façon rationnelle les ressources de la rente pétrolière et gazière pour mettre en oeuvre une transition énergétique pouvant nous conduire à un développement durable. Tous les pays développés et certains pays en développement développent des modèles énergétiques qui permettent de prévoir à l'avance la consommation d'énergie en fonction des données actuelles et de l'évolution de plusieurs paramètres; la population, les réserves en énergies fossiles les potentialités en énergies renouvelables, l'évolution des changements climatiques mais aussi et surtout les habitudes et façon de consommer pour évaluer le taux de gaspillage de l'énergie.
La chasse au gaspillage
A titre d'exemple, les prix dérisoires de l'énergie sous toutes ses formes mais aussi les prix de l'eau font qu'il est pratiquement impossible de continuer à ce rythme de consommation débridé. Les économies d'énergie ne peuvent être opérationnelles que si un juste prix est pratiqué. Sait-on par exemple que le gaz naturel que nous payons est facturé 20 fois moins cher que son prix international, Que le prix du gas oil est facturé sept fois moins cher que celui de nos voisins? Que le prix de l'eau à 5 DA est dérisoire, que le même mètre cube est facturé 20 fois plus ailleurs. L'Algérie est l'un des rares pays où le prix de l'essence est le plus bas. La vérité graduelle des prix bien expliquée aux citoyens sera admise d'autant que les classes à faible pouvoir d'achat paieront proportionnellement à leurs revenus. Il est anormal que le soutien des prix profite à tout le monde. Même le FMI recommande de cibler les catégories à aider.
La transition énergétique est une vision nouvelle qui fait qu'il faut faire la chasse au gaspillage, payer le juste prix en fonction des tranches de revenus de chacun. Cette transition énergétique vers le développement durable nous permettra aussi de tenir compte de plusieurs paramètres, la protection de l'environnement, la rationalité dans la consommation le recours de plus en plus important aux énergies renouvelables à la fois d'une façon globale mais aussi d'une façon individuelle. Nous devons nous prendre en charge et être des citoyens responsables. Nos parents arrivaient à stocker l'eau de pluie. Nos parents faisaient des provisions de bois en été. Ce sont autant de réflexes qui existent dans les autres pays et que nous avons perdus. Nous menons un train de vie qui ne correspond pas à la rationalité.Notre autonomie nous permettra de faire durer ce qui nous reste en réserves d'hydrocarbures plus longtemps, ce qui nous permettra d'assurer l'avenir des générations futures.
Dans le modèle énergétique proposé par les élèves ingénieurs, pour 2030, l'accent est mis sur toutes les énergies fossiles et renouvelables, (solaire, éolien, hydraulique,) mais aussi géothermie qui n'est pas exploitée. Nous avons 250 sources d'énergie géothermique qui peuvent contribuer valablement à remplacer les énergies fossiles (pétrole et gaz naturel) notamment dans le chauffage urbain, industriel mais aussi agricole: une excellente démonstration a été faite conjointement par le ministère des Ressources en eau et celui de l'Agriculture, à savoir le chauffage de serres pour les produits agricoles. Ce type d'initiative est à multiplier par centaines, notamment dans l'Algérie du Sud qui peut devenir grâce à notre détermination et notre volonté une seconde Californie.
Dans ce cadre du bouquet énergétique, le gaz de schiste est une énergie comme une autre. Il faut savoir qu'elle n'est pas génératrice de rente. L'exploitation de cette richesse se fera quand la technologie sera mature, et respectueuse de l'environnement. On parle de l'heptafluoropropane qui pourrait remplacer l'injonction d'énormes quantités d'eau avec des quantités importantes de produits chimiques (0,5%), tout en sachant que la nocivité de ces produits se mesure en ppm. Une autorité indépendante de l'environnement qui travaillerait avec un cahier des charges drastique concernant les précautions garantirait que la nappe phréatique ne serait pas polluée et qu'un traitement approprié serait dévolu aux rejets boues et produits chimiques. Le gaz de schiste aura toute sa place dans un bouquet énergétique avec les autres énergies fossiles, renouvelables, si on sait y faire, si on prend les précautions nécessaires par la mise en place d'une réglementation drastique, si on forme les compétences dans ce domaine et si enfin, on développe une vieille technologie à même de suivre les meilleures méthodes d'exploitation. L'exploration actuelle devra nous donner toutes les caractéristiques, débits, profondeurs, quantités et type de produits.
La transition énergétique, ce n'est pas seulement le plan de développement des énergies renouvelables qui vient d'être adopté par le gouvernement en mars. Pour le réaliser il faut justement un véritable plan Marshall en sachant bien que le modèle énergétique est plus large, car il englobe d'abord, un modèle de consommation à différents horizons 2030, 2050. A titre d'exemple, nous serons 55 millions d'habitants, nous consommerons peut-être 2000 kWh/hab/an, cela ferait 125 TWh soit trois fois la puissance installée actuelle en électricité. C'est dire la quantité de panneaux solaires d'éoliennes à mettre en place... Ceci ne concerne que l'électricité, il y a aussi les carburants mais surtout le plus grand gisement qui est celui des économies d'énergie évalué à 20%, en clair on peut économiser l'équivalent de 8 millions de tonnes de pétrole par des gestes écocitoyens.
Il n' a pas de petites économies! Tout est bon à prendre et une calorie d'épargnée, est une calorie disponible pour les générations futures ou disponibles pour l'exportation si elle est adossée à un transfert de savoir-faire auprès de locomotives à l'instar de la Chine, de l'Allemagne ou des Etats-Unis leaders dans le secteur des énergies renouvelables.
La problématique globale est celle de passer d'un modèle de consommation où tout est gratuit et que personne n'est responsable vers un modèle de consommation vertueux où chaque calorie est épargnée, grâce à des économies C'est cela le développement durable. Il ne faut pas oublier que notre meilleure banque en termes de retombées de la rente est et restera notre sous-sol.
De ce fait, cette transition énergétique devrait avoir le consensus du plus grand nombre, car au moment de l'application, ce sont les citoyens avec un comportement éco-citoyen qui feront que cette stratégie réussira. De plus, nous sommes convaincus que la transition énergétique est l'affaire de tous les départements ministériels, c'est l'école où l'apprentissage de l'écocitoyenneté se fera, c'est la formation professionnelle et l'enseignement supérieur qui auront à former les milliers de techniciens et d'ingénieurs dont la formation qui a disparu devrait en toute logique être réhabilitée. C'est aussi les affaires religieuses où les prêches porteraient sur les dégâts du gaspillage, c'est évidemment l'environnement, l'écotourisme mais aussi le commerce qui devrait contribuer avec l'industrie et l'énergie à l'interdiction des appareils électroménagers et véhicules énergivores en électricité ou en carburant. C'est enfin l'information qui devrait convaincre les chaînes publiques et privées de l'importance de cette cause nationale en faisant preuve de pédagogie
Prendre en charge le destin de ce pays
La journée s'est conclue sur les métiers et les recherches du futur. Nous avons notamment parlé d'un baccalauréat du développement durable, que l'on pourrait lancer, mais aussi des filières de graduation qui devraient être lancées si les formations d'ingénieurs et de techniciens qui ont disparu étaient réhabilitées Un débat a clôturé la journée et les intervenants ont insisté sur la nécessité de lancer, dans les meilleurs délais cette transtion en faisant participer tous les acteurs et notamment les citoyens, ce sont eux qui traduiront cette vision de la sobriété énergétique, de la nécessité de donner une seconde vie aux choses... ce «chantier du futur» sera bien perçu par tout le monde et nous permettra de lancer les fondations de cette transition énergétique, seule garante d'un développement durable harmonieux.
L'Algérie ne doit pas lier son avenir aux convulsions erratiques d'un baril de pétrole. Il nous faut sortir intelligemment de la rente, en allant vers le développement durable. Nous avons pour cela une dizaine d'années si on commence dès à présent à mettre en oeuvre cette transition énergétique... Ceci ne peut pas se faire sans vérité des prix. Avec un prix de gas oil à 13DA nous subventionnons les économies des pays voisins pour le gas oil qui coûte 6 fois plus cher,de plus il incite au gaspillage dans le modèle énergétique que nous proposons; des solutions, sont proposées pour rationaliser la consommation d'énergie, ceci naturellement en protégeant les classes vulnérables.
Je suis convaincu que la transition énergétique nous impose un changement total de vision de consommation de l'énergie. L'apprentissage vers l'écocitoyenneté est un combat de tous les jours. Il nous faut nous départir de la mentalité du beyleck, en passant de la situation actuelle où personne n'est concerné à la situation où chacun assume sa part de responsabilité, si on veut qu'il y ait un avenir pour ce pays.
La stratégie énergétique est une cause nationale, elle devrait faire si elle est bien expliquée l'objet d'un consensus qui transcende les clivages, car les faits sont têtus, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Nous devons prendre les devants dès maintenant. Nous sommes tous comptables devant l'Histoire et les générations futures nous seront reconnaissantes d'avoir pensé à elles en leur laissant une Algérie de l'intelligence qui tourne le dos à la mentalité où on attend tout de l'Etat. En définitive, ce qui restera une fois que la rente n'est plus qu'un souvenir, c'est, comme le dit le proverbe cité plus haut, le travail, l'éducation et la formation de qualité des femmes et des hommes qui seront là, pour prendre en charge le destin de ce pays.
Professeur émérite


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