La pomme est à 180 DA/kg, la banane, le raisin, la poire ont atteint le pic. «On se prépare tant bien que mal à affronter le choc et la cherté des prix imposée lors du mois sacré du Ramadhan», dira Mohamed rencontré au marché de la Bastille. Un tel aveu, qui revient sur toutes les lèvres, vaut son pesant d'or vu que les prix sont, comme à l'accoutumée, revus à la hausse dès l'approche du mois de jeûne. Le mois de Ramadhan est synonyme de toutes les consommations et de tous les coups... bas marqués par la hausse des prix des fruits et légumes. Ils sont fomentés de toutes pièces par des commerçants ne se souciant que de rafler le maximum de dinars. Le tintamarre de la hausse a donc commencé: tous les produits susceptibles de garnir la popote du mois de jeûne ont grimpé. Quelques jours avant son entame, la viande est intouchable. La viande rouge est fixée entre 1500 et 1800 dinars/kg tandis que le poulet vidé est désormais à 380 DA/kg après qu'il ait été cédé pendant trois mois au prix oscillant entre 250 et 280DA/kg. Le poulet rôti est passé au tarif de 800 DA. Les légumes ne sont pas en reste. La courgette s'est envolée pour se maintenir au prix de 130 DA/kg. Les aubergines, vendues auparavant à 60 DA/kg, sont passées à 120 DA/kg. La tomate, la carotte, les navets, ont connu le même sort, leurs prix oscillent entre 100 et 120 DA/kg. Les hausses vertigineuses ont touché également les fruits. La pomme est à 180 DA/kg, la banane, le raisin, la poire ont atteint le pic. La datte, tant consommée pendant le mois de Ramadhan ne se fait plus rare. Mais son prix est incandescent. La demande est accrue. D'étonnantes quantités de dattes sont proposées à la vente un peu partout dans les marchés de Ramadhan au prix de 600 à 700 DA/kg. Où est donc la faille? Les réponses apportées sont loin d'être convaincantes tant que tous les membres de la chaîne de distribution se disculpent en renvoyant la balle loin de leurs camps. Les détaillants jettent leur dévolu sur les grossistes, ces derniers mettent à l'index les grands distributeurs. Ceux-là sont difficiles à rencontrer ne serait-ce que pour apporter leur version. Le marché algérien est transformé en véritables arènes où les gladiateurs sont les seuls acteurs dictant leurs lois. Cela se passe alors que les responsables locaux représentant le département de Amara Benyounès s'en lavent les mains en se figeant dans la maxime impérialiste «les prix sont libres». Plus loin encore ils diront que «les prix sont régis par l'équation de l'offre et de la demande». «Ne vous préoccupez surtout pas, les prix vont tomber après les premiers jours du Ramadhan pendant que les ménages feront leurs emplettes», a ironisé en ricanant un commerçant dans le marché de la rue des Aurès, ex-la Bastille. Malgré la hausse, et en dépit de la baisse du pouvoir d'achat, les Oranais se préparent activement à vivre le mois de Ramadhan dans la dignité, la beauté et la bonté tout en célébrant le rituel le précédant et l'accompagnant. Un peu partout dans les quartiers et cités, plusieurs centaines, voire des milliers de familles se mettent à relooker leurs habitations alors que d'autres sont en quête de nouveaux ustensiles et autres nouvelles marmites. D'autres se préparent à accueillir les passagers et les visiteurs d'Oran en vue de leur offrir le repas de la rupture du jeûne.