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Quand la solidarité s'évapore
RAMADAN À ORAN
Publié dans L'Expression le 21 - 11 - 2001

A force d'être galvaudé, le mot solidarité a perdu de son sens ou encore, il est devenu comme un chewing-gum qui, à force d'être mâché, a perdu sa saveur.
C'est du moins le sentiment qui vous prend à la gorge quand vous faites un tour au centre-ville d'Oran. Les hordes de sans-abri, de démunis, d'enfants abandonnés, errant dans la ville, le ventre creux et le corps transi de froid vous en mettent plein la vue et plein l'ouïe. La solidarité est devenue cathodique, elle se range dans les tiroirs sitôt les caméras de télévision parties.
Oran la diurne, comme Oran la noctambule vous diront que les parias ne se cachent plus pour exhiber leur misère. Et qui pourrait apaiser la faim d'un enfant en guenilles quand la tomate est cédée à 120 DA, les petits pois à 160 DA ou la pomme de terre à 60 DA?
Chamia (kalbelouz), la zalabia ou encore les bananes (un gâteau à ne pas confondre avec le fruit) sont devenus insipides, leur prix ont fait fuir les plus téméraires. On n'ose plus céder aux caprices de la panse. On se contente du peu en évitant le regard des nécessiteux.
La rue de la Bastille est envahie, sitôt les étals enlevés par une meute d'enfants au regard hagard se disputant les restes de légumes jetés par les marchands.
Les marchés de M'dina j'dida , l'USTO, El Hemri ou encore Ederb ont aussi leur ruée de fin de journée. Des enfants débarqués de nulle part se disputent, toutes griffes dehors, les restes que les couffins des ménagères ont refusés.
La hrira n'embaume plus les rues de la ville que la lumière a fui depuis les dernières intempéries. Les associations jadis promptes à réclamer des sous pour faire bonne figure et distribuer des bols de soupe aux nécessiteux sont aux abonnés absents. Tenues au respect par des contraintes budgétaires et bloquées par des considérations propres, elles n'ont pas vu arriver le Ramadan. Point de couffin pour les démunis, point de soupe populaire.
Les restos du coeur c'est un refrain d'outre -mer qu'on se plaît à fredonner, mais qu'on ne peut vivre chez nous par les temps qui courent. Les sinistrés des dernières intempéries ont passé des nuits dans le froid et ont accueilli le mois sacré dans le dénuement.
D'un côté le faste, de l'autre la misère se disputent les murs d'une ville qui vacille au moindre coup de vent. Oran est devenue égoïste, elle n'a d'yeux que pour sa petite personne. Les autres, elle s'en f.... . Et le soir, quand arrive l'heure du f'tour, quand certains se retrouvent autour d'une table pour laper à coups de furtives cuillerées la hrira, d'autres cherchent dans les anfractuosités des murs un peu de chaleur pour avaler à la dérobée une miche de pain rassis.
Puis quand l'esprit émerge d'une journée d'un jeûne harassant, la vie reprend dans de rares îlots de la ville. Quand les rues accueillent ceux qui ont rusé pour survivre, les rounds d'un autre combat hypocrite se préparent. On compatit on se dit solidaire pour ne rien donner du tout. Les mendiants, qui se disputent les largesses des passants, ne récoltent que rancoeur. On n'a plus le sou, on n'a plus rien à donner. La solidarité est devenue cathodique, on l'exhibe comme un trophée qu'on dissimule aussitôt les caméras de télévision reparties. Le règne du «chacun pour soi» s'est installé pour le Ramadan. L'Oranais généreux jusqu'au fond des tripes ne sait plus quoi, comment et à qui donner. Trahi par des temps difficiles, il essaye de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs qui lui permettront de noyer de sa bonté tous ceux qu'il feint de ne pas voir aujourd'hui.


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