img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P151103-02.jpg" alt=""Nous étions sûrs d'arracher l'indépendance"" / Du haut de ses quatre-vingt-dix ans, Mohamed Saïd Mazouzi n'a pas voulu rater cette occasion d'être présent au Sila, en tant qu'auteur et surtout en une date aussi symbolique que le 1er novembre, anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Mohamed Saïd Mazouzi qui a vécu le pire et le meilleur «pour paraphraser le titre de son ouvrage, nous confie qu'en réalité, le 1er Novembre est la date de notre indépendance. «Certes, ça a été le début de la guerre de Libération nationale», mais en même temps, c'est la date de la libération de notre peuple et de notre pays du joug colonial», souligne Mohamed Saïd Mazouzi au milieu des crépitements des flashs des appareils photos de ses lecteurs, venus nombreux se faire dédicacer le livre. Le stand Casbah avait du mal à abriter tout ce beau monde. Comme les vieux sages des villages d'antan et avec une modestie impressionnante, Mohamed Said Mazouzi, dédicace ses livres et répond aux questions des journalistes. Mais contrairement à bon nombre d'auteurs, Mohamed Saïd Mazouzi est peu prolixe, non pas qu'il n'a que peu de choses à dire mais c'est qu'il a cette capacité et faculté de choisir ses mots. Il résume ses pensées en quelques phrases et parfois en quelques mots. Pour en savoir plus, nous dit-il, avec un air sympathique, il faut lire le livre. «J'y ai tout raconté. Mon enfance à Tizi Ouzou, ma vie à Alger, mes séjours dans les prisons...», nous confie l'auteur. En effet, notre interlocuteur a consacré de nombreuses années, en collaboration avec Lahcène Moussaoui pour compiler toutes les pérégrinations de sa vie dans près de 450 pages de son livre, édité par Casbah. Il y narre ses moments passés dans les prisons de Blida, en France, Oran, El Harrach, Serkadji, El Asnam et l'étape de sa libération, «une liberté retrouvée dans le bonheur et la désillusion.» Il s'étale ensuite sur les responsabilités qu'il a occupées aussi bien à Tizi Ouzou qu'au gouvernement, en tant que ministre du Travail et des Affaires sociales puis des Moudjahidine pour terminer avec l'arrivée de Chadli Bendjedid et la suite. Sa présence aujourd'hui au Salon international du livre d'Alger au milieu de ces dizaines de milliers de citoyens de l'Algérie indépendante lui fait dire: «Je suis très heureux de rencontrer autant de personnes en une journée qui revêt autant de symbolique que le 1er Novembre.» Mohamed Saïd Mazouzi dit que s'il a un message à passer aux jeunes Algériens en cette journée historique, il s'agira de leur dire qu'ils doivent connaître leur histoire: «Les Algériens doivent savoir d'où ils viennent, ce qu'ont fait leurs parents et les sacrifices qu'ils ont consentis. L'Algérie est un très beau pays, c'est un grand pays. Les jeunes doivent en prendre soin et le préserver.» Notre interlocuteur continue dans le même sillage: «Pour prendre soin de son pays, il faut connaître son histoire et l'étudier.» Quant à l'inévitable question inhérente au «comment est née l'idée d'écrire ses mémoires avec moult détails», Mohamed Saïd Mazouzi répond qu'il a longuement hésité d'abord à le faire en se rappelant qu'il a passé 17 ans de sa vie en prison, de 1945 à 1962. «Puis, devant l'insistance de mon entourage et de plusieurs personnes qui ne cessaient de me demander ce que j'attendais pour écrire mes mémoires, j'ai fini par me résoudre à le faire», précise-t-il. «Je suis alors passé à l'action et j'ai commencé à raconter ma vie depuis ma naissance jusqu'au jour de la parution du livre, c'est-à-dire que cet ouvrage raconte 90 ans de vie», révèle Mohamed Saïd Mazouzi. Avant cette brève mais mémorable rencontre avec Mohamed Saïd Mazouzi, nous avons voulu rebondir sur la date-anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale en lui posant une question sur les circonstances de son incarcération et sur la manière dont il a vécu la guerre de l'intérieur de la prison. Notre interlocuteur nous a répondu tout simplement avec l'optimisme de l'époque: «Dans l'espoir.» Mohamed Saïd Mazouzi nous a confié que lui et ses compagnons recevaient toutes les informations concernant les opérations menées par l'Armée de Libération nationale contre l'armée coloniale. «Nous étions contents à chaque fois que les troupes de l'ALN menaient des opérations avec succès», souligne-t-il en concluant: «Dès le déclenchement de la guerre, nous étions sûrs que nous allions arracher l'indépendance de l'Algérie. Le doute sur cette question ne nous a jamais traversés.»