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"L'homme mettait de l'art partout"
KAMEL HAMMADI PARLE DE HOCINE AIT AHMED
Publié dans L'Expression le 03 - 01 - 2016

«Les hommes de la stature de Si Lhocine ne meurent jamais»
«Ses idées et son combat sont un printemps qu'aucune force n'empêchera de fleurir.»
Suite au décès de Hocine Ait Ahmed, l'artiste, auteur et compositeur Kamel Hammadi nous livre avec intensité et émotion ses souvenirs du leader qui vient de nous quitter.
Dda Kamel pensif et la mort dans l'âme disait: «Il est des hommes qui traversent le cours de notre histoire qui appartiennent à une autre sphère, à une autre dimension et Hocine Ait Ahmed est de cette lignée.
L'histoire pourra être réécrite maintes fois, effacée, déchirée, falsifiée mais le nom de Hocine Ait Ahmed y est à jamais gravé, à l'instar de celui d'Abane Ramdane et de Krim Belkacem. Ce sont là trois géants de notre histoire faite de combat et de luttes inachevées que notre mémoire collective transmet d'une génération à une autre. Donc, évoquer les noms de ces trois chefs au destin exceptionnel c'est rappeler qu'ils ont vécu, sans cesse, à combattre les ennemis de l'extérieur, mais aussi ceux de l'intérieur pour que notre pays soit hissé au rang des grandes nations.
Avec des hommes de cette trempe, l'Algérie aurait pu bomber le torse parmi les grandes nations. Ces hommes-là qui surfent éternellement sur le fleuve de l'Histoire demeurent donc un idéal, un chemin à emprunter. Ils sont nos symboles que notre conscience et mémoire collective ne cesseront jamais de transmettre d'une génération à une autre.»
Et pour en revenir à Si Lhocine, je pense que ni les mots ni les images ne suffisent à décrire le combat de cet homme Même mort et digne fils des collines de l'ex-Michelet en Kabylie. il est toujours là, plus présent que ceux qui vivent. Car son combat et ses idées ont pris racine. Ce sont un printemps qu'aucune force n'empêchera de fleurir.
Il était très attaché au patrimoine artistique
Personnellement, je l'avais vu pour la première fois, bien avant le déclenchement de la révolution vers l'année 1948/ 49. A cette époque, lui aussi, était encore jeune étudiant et moi, je faisais partie de la section des scouts de l'ex-Michelet. Ce fut une grande surprise et un plaisir pour moi qui était encore gamin. Voir cette figure emblématique, de notre histoire et surtout de ma région, dont le nom est connu par tout le monde quoique le visage ne soit connu que des plus âgés.
Nous sommes tous les deux du même patelin. C'était un homme très élégant, modeste et charismatique dont j'ai toujours retenu le nom. Je restais médusé devant les traits réguliers et doux de son visage si particulier.
Je me souviens d'ailleurs, que nous, les jeunes scouts, commettions des erreurs à chanter l'un des hymnes de lutte de l'OS, et là Ait Ahmed s'est mis devant nous et entonna l'hymne, nous demandant de l'écouter puis de reprendre avec lui. C'est une image gravée à jamais dans ma mémoire. Ait Ahmed, outre le combattant et héros de la Guerre de libération, était un homme épris d'art et de lettres.
Il faut dire qu'il avait hérité de ses aïeux l'amour de la liberté, l'amour de son pays, la persévérance dans le combat, mais aussi l'art du verbe. Il est le petit-fils du célébre cheikh Mohand Oulhoucine, savant religieux et homme de culture, mais surtout dont la poésie est également empreinte du thème de la résistance et du courage.
Si Lhocine était farouchement attaché au patrimoine artistique de sa région, comme un héritage qu'il fallait choyer avant de transmettre à notre tour à la génération suivante. Chaque représentation artistique kabyle était pour lui la manifestation de cette flamme qu'il fallait préserver.
L'art était pour lui l'expression que l'être gardait pour manifester ses luttes et ses engagements. Né à une époque où l'injustice régnait au grand jour, Hocine Ait Ahmed n'avait jamais cessé de la combattre dans le maquis ou sur le terrain politique. Ainsi, durant la résistance de la Kabylie contre le régime de Ben Bella et consorts en 1963 conduite par Si Lhocin, Tamazirt Mouloud (Mouloud Aït Youcef, un ami et l'un des adjoints de Si Lhocine m'avait contacté pour me dire que Si Lhocine veut que les artistes kabyles viennent chanter et se solidariser avec la Kabylie en guerre contre les putschistes d'Alger et se mettre en communion pour soutenir le peuple révolté.
Donc, message reçu, c'est surtout l'appel du devoir. Ainsi, moi-même, Cherif Kheddam, Taleb Rabah, Akli Yahiatène, Sadaoui Salah, on a pris nos billets en France pour la Kabylie afin de répondre à l'appel du devoir. C'est là où j'ai revu pour la seconde fois Hocine Ait Ahmed. Il était venu nous féliciter pour notre humble représentation, durant quelques minutes pour s'éclipser ensuite. Il avait les armes à la main et une révolte à conduire, c'était très dangereux pour lui de rester. Moi, quand je l'avais vu, je suis resté muet de fierté face à ce grand homme qui venait faire l'éloge, avec sensibilité, de notre travail.
Il n'a jamais abdiqué
Avant de partir, Si Lhocine nous a également demande de chanter pour les Soeurs blanches qui tenaient l'hôpital de Michelet, car ces dernières, témoignait-il, ont beaucoup aidé le peuple durant la guerre d'Algérie. Mais lors de notre représentation à l'hôpital il n'y avait que des femmes et les Soeurs blanches refusaient la mixité. Les patientes étaient de belles femmes des blondes contrairement à certaines régions de la Kabylie, une beauté qui semblait exotique à Akli Yahiaten.
Akli Yahiatene s'est inspiré de cet événement pour composer sa célèbre chanson «Z'righ Ezzine dhi Michelet» chose qui m'a été avouée des années plus tard par lui-même lors de l'une de nos rencontres amicales. Et en 1964, lors d'un gala à Tizi Ouzou avec Nouara, alors qu'elle chantait la chanson intitulée «Amirouche» nous avons vu Ait Ahmed au milieu de la foule se mettre debout en signe de respect à Amirouche. Pourtant, il était le plus recherché et le plus surveillé, il était l'homme à abattre. Ses ennemis étaient à ses trousses, mais il est venu, il était là parmi nous et écoutait la chanson de Nouara. J'avais la chair de poule à ce moment-là.
C'était un seigneur, bien debout, avec une taille qui surplombe tous les présents. En 1973, lors d'un gala de Cherifa «Ourar L'khalath,» à l'Institut du Monde arabe de Paris, j'étais avec le célèbre poète Ben Mohammed. Dans la foule un homme nous salua, c'était Ait Ahmed qui s'était déplacé de Lausanne pour le spectacle de Cherifa. Bref, il était toujours là et sans protocole, mais discret.
Un jour, son ami et compagnon de guerre Mouloud Ait Youcef m'a récité un poème intitulé «Le serpent à sept têtes (Lafâa m' sevâa iqourray)». Surpris par la beauté de ce poème, qui m'était inconnu, je lui demandai qui en était l'auteur. Il me fit savoir que c'était l'oeuvre de Hocine Ait Ahmed lui-même. J'en suis resté bouche-bée quoique je savais qu'il écrivait des poèmes.
Hocine Ait Ahmed était un homme qui a toujours aimé l'art kabyle en général et la poésie en particulier. Il était farouchement attaché à la préservation de ce patrimoine, la lutte pour la liberté serait devenue insignifiante, si l'homme une fois ses chaînes brisées décidait de tourner le dos à son identité.
Selon lui, nos vies étaient chargées de poésie, c'était un héritage de son ancêtre Cheikh Mohand Oulhocine auquel il était très attaché, il ne perdait jamais cela de vue tel le flanc d'une montagne dans l'horizon brumeux.
Au-delà de l'histoire, le temps, le cycle de la vie et ces montagnes qui ont vu naître des hommes de cette force, ne retiendrons-nous pas juste Dda Lhocine et sa vie baignée de lutte et d'idéal poétiques»?


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