Le president s'est engagé à ouvrir un «dialogue inclusif» avec l'opposition, a indiqué le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à l'issue de leur rencontre hier à Bujumbura. Cette annonce, qui comprend encore des zones d'ombre, s'inscrit dans une série de mesures prises ces derniers jours par le gouvernement burundais - levée de mandats d'arrêts internationaux, autorisation de réémettre pour deux radios - interprétées hier par le secrétaire général de l'ONU comme des «gestes de bonne volonté». Des responsables politiques de l'opposition et du parti au pouvoir «ont promis de s'engager dans un dialogue inclusif. C'est ce que le président Nkurunziza a également confirmé, qu'il allait s'engager dans un dialogue politique», a déclaré M.Ban à l'issue de son entretien avec M.Nkurunziza. «Les responsables politiques burundais doivent être prêts à rassembler le courage et la confiance qui aboutiront à un processus politique crédible», a ajouté le secrétaire général de l'ONU. Lundi soir, ce dernier avait réuni à la même table les rares responsables de partis politiques d'opposition à ne pas être partis en exil et ceux du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. «Rien ne les empêche de continuer sur cette voie», a estimé M.Ban hier. La question demeure toutefois de savoir qui sera invité à participer à ce dialogue politique. Sur ce point, crucial, le président Nkurunziza a précisé: «Ce dialogue concerne tous les Burundais à l'exception de ceux qui sont engagés dans des actes de déstabilisation». Le gouvernement burundais a donné quelques gages d'ouverture ces derniers jours à l'approche de la visite de Ban Ki-moon puis de celle, jeudi et vendredi, de chefs d'Etats africains dépêchés par l'Union africaine. Hier, la présidence a ainsi annoncé la remise en liberté imminente de 2.000 détenus, sans toutefois préciser s'il s'agissait de personnes arrêtées en lien avec la crise ou non. La justice burundaise a également récemment annulé des mandats d'arrêts internationaux contre quinze personnalités, dont plusieurs leaders de l'opposition en exil. Enfin, Bujumbura a accordé vendredi à deux radios privées le droit de réémettre. La visite du secrétaire général de l'ONU a été marquée par de nouvelles violences: dix grenades ont explosé dans la nuit de lundi à mardi dans plusieurs quartiers de Bujumbura, «faisant une dizaine de blessés», selon un haut gradé de la police ayant requis l'anonymat. Deux autres grenades ont explosé hier matin dans le quartier de Ngagara (nord de la capitale), à peu près au moment où MM. Ban et Nkurunziza se rencontraient, selon des témoins et des journalistes. Aucun bilan n'était encore disponible. Le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, et sa réélection en juillet. L'opposition, la société civile et une partie de son camp jugent ce troisième mandat contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha, qui avait mis fin à la guerre civile (1993-2006). Les autorités burundaises ont déjoué un coup d'Etat militaire en mai et ont brutalement réprimé six semaines de manifestations à Bujumbura.