«Il est temps de tout se dire» avouera Sid Ali Fettar.Mais un cinéaste c'est d'abord par l'esthétique de l'image et la poétique des sensations. Ce qui viendra gravement à nous manquer dans ce film, hélas! Apres des années d'absence, le réalisateur algérien Sid Ali Fettar refait surface. Lundi dernier, il a présenté à la salle de cinéma l'Algéria son dernier film, un navet sur la fin des années de terrorisme et l'appel à la Réconciliation nationale, appelé Les tourments., une coproduction Aarc et Amin Intaj, avec le soutien du ministère de la Culture et du Fdatic. Une avant-première qui s'est faite en présence du réalisateur Sid Ali Fettar, ainsi que de l'ensemble de l'équipe technique et artistique. Le synopsis? si M'hamed ouvrier à la retraite a été forcé de déserter sa maison ancestrale délabrée de la Casbah, pour se réfugier dans un baraquement en attendant des jours meilleurs en compagnie de toute sa famille. Tous les membres de sa famille font face à de multiples tourments dont son fils aîné Mahmoud qui, par la mouvance intégriste s'est retrouvé dans les habits d'un terroriste. Cela paraît intéressant au premier abord si ce n'est le déroulé du scénario plein de failles temporelles, qui ne nous permet pas vraiment de situer exactement quand certaines actions ont eu lieu tant les flash-back et les invraisemblances sont présents ajoutés à cela des dialogues à l'emporte-pièce, complètement ridicules car dignes plutôt d'un feuilleton télé de série B. Point d'émotion. On arrive parfois à rigoler tant certains dialogues sont à pleurer de niaiserie. La dramaturgie se transforme en un amas de théâtralité empathique sans queue ni tête. Les acteurs, si pour certains s'en sortent bien, force est de constater que la plupart jouent mal et décrédibilisent cette histoire qui semblait pourtant bien partie. Le réalisateur voulant dire beaucoup de choses s'emmêle les pinceaux. Entre l'histoire des jeunes terroristes, le couple marié qui bat de l'aile, le cliché de l'homme d'affaires riche qui trompe sa femme, et les escrocs faux dévots qui traficotent avec les Saoudiens, pour ne citer que cela, le tout très mal assemblé dans un puzzle cinématographique approximatif, donnera à voir un film vraiment lourd et indigeste, a fortiori lorsque l'on a observé le temps de la rupture du jeûne, sans aucun jeu de mots. Hélas, Sid Ali Fettar manque son retour et repartira non pas par la grande, mais par la petite porte, tant ce film restera sans aucun doute, lui aussi dans la poussière des tiroirs du 7e art algérien et ne verra incontestablement hélas, pas les salles obscures, ni les autres salles, encore moins des festivals internationaux, car de qualité médiocre, ne nous mentons pas à nous-mêmes, malgré ses prises de vue et ses plans assez charmants. Mais cela ne suffit pas pour rehausser ce film au registre Cinéma, car c'est un film télé au tout au moins boiteux et insipide. Les tourments demeure un film à l'allure inachevée et surtout au scénario tarabiscoté, avec toujours cette manie, vouloir tout dire, tout montrer et mettre en dérision des personnages avec leur trop-plein de mélodrame et faire dans le propret qui dénature complètement la sincérité du propos. Pour rappel, Sid Ali Fettar a fait des études à l'ex-Institut du cinéma du CNC de Ben Aknoun, Alger (1964-1967), il a obtenu sa licence en sciences journalistiques et d'informations de l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger en 1971 puis un diplôme MBA en management (Inped/Dpge Boumerdes et HEC Montréal) en 1974. Il a à son actif plusieurs feuilletons télés et une comédie, intitulée Les voisins réalisée en 1994. Son dernier opus nous laisse supposer que son réalisateur encore attaché à ces années-là, n'arrive pas à les transcender cinématographiquement parlant, même s'il avouera après la projection «il est temps de tout se dire». Mais un cinéaste c'est d'abord par l'esthétique de l'image et la poétique des sensations. Ce qui viendra gravement à nous manquer dans ce film, hélas!