C'est samedi prochain que le Chef du gouvernement est attendu à l'Assemblée nationale pour répondre aux interpellations des députés, suite à son discours de politique générale, prononcé début novembre. Les observateurs de l'activité parlementaire s'accordent sur le fait que les députés vont beaucoup plus s'occuper des conséquences des inondations qui ont endeuillé l'Algérie, et accessoirement de la loi de finances 2002, plutôt que de politique générale du gouvernement. A l'approche des échéances électorales, l'heure est à qui sera le plus démagogique. Les thèmes susceptibles d'inspirer le pire des populistes ne font pas défaut, en Algérie. Outre la détresse des sinistrés du 10 novembre, la situation en Kabylie, à la veille du 6 décembre et la dégradation des prix du pétrole seront autant de chevaux de bataille pour tous ceux qui espèrent encore, en les prochaines fraudes électorales, pour se maintenir. Des députés sont allés jusqu'à recueillir des signatures «pour une motion de censure du gouvernement». Avec la suspension d'un certain nombre d'associations, notamment islamistes, le ministère de l'Intérieur donne aux groupes parlementaires d'Ennahda, du MSP, du MNR, et autre PT, l'occasion de gloser sur la démocratie participative et les libertés. Pour sa part, le RCD de Saïd Sadi en profitera pour dénoncer «la collusion pouvoir-administration contre nos élus locaux». Ce parti sera d'autant plus hargneux que des sources proches de la Cadc (Tizi Ouzou) estiment que «les divisions qui apparaissent au sein du mouvement citoyen reproduisent celles qui existent à l'intérieur du RCD, dont les différents courants dictent à la coordination sa démarche vis-à-vis du pouvoir». Mais là où Benflis sera très à l'aise, c'est dans le dossier «Kabylie». La disponibilité dont il a fait preuve depuis que le Président Bouteflika l'a désigné pour gérer en son nom la plate-forme d'El-Kseur, le met de facto au-dessus de toutes les querelles de leadership qui déchirent le mouvement citoyen. Certains députés, dans l'opposition, reconnaissent: «Sur ce plan, nos frères des ârchs ont fait tellement de maladresses que la légitimité est en train de changer de camp.» Il reste ce que les députés de l'opposition, et certains autres de la coalition gouvernementale réservent au ministre de l'Intérieur. Certains députés accusent directement le ministère d'avoir «suscité l'insécurité en Kabylie en donnant des ordres précis aux services de sécurité». Le plan de soutien à la relance économique, le chômage, la prochaine signature de l'accord d'association avec l'UE ne sont pas des sujets porteurs. Seul M.Ouyahia a déjà annoncé la couleur, en convoquant le groupe parlementaire du RND pour une séance de travail, jeudi prochain, dans le but de faire voter l'adoption du rapport-bilan de M.Benflis, et contrecarrer l'action des partis qui veulent proposer une motion de défiance. La partie qui se jouera dans l'hémicycle dépasse de loin les ambitions des uns et des autres. Il n'y a que les acteurs directs qui ne s'en sont pas aperçus.