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Voyage initiatique dans l´oasis blanche
CELEBRATION DU MAWLID ENNABAOUI À BENI-ABBÈS
Publié dans L'Expression le 23 - 04 - 2005

Cela fait des siècles que ce rituel religieux existe, il n'a d'ailleurs pas pris une seule ride. L'odeur du soufre qui caractérise le baroud vient embaumer l'air de cette ville paisible et accueillante à chaque anniversaire de la naissance du prophète, célébrée dans une liesse indescriptible.
Les habitants de Beni-Abbès mettent un point d'honneur à observer à la lettre les traditions séculaires qu'ils perpétuent non sans fierté et ostentation car la fête est aussi l'occasion inopinée de montrer ses talents de «baroudeur», symbole de virilité et de puissance. Il s'agit avant tout de conjurer le mal mais surtout de surpasser sa peur et de combattre les esprits démoniaques. N'est-ce pas là, l'essence même de l'existence du messager de Dieu?
En tout cas les autochtones y croient dur comme fer et c'est pour cette raison que durant des mois, ils se préparent pour célébrer l'événement en grande pompe. Ainsi ils auront préservé les valeurs ancestrales tout en prouvant leur attachement aux préceptes religieux. Dans cette ville berbère, on accorde énormément d'importance aux constituants de la personnalité. On y rencontre une mosaïque de cultures et de caractéristiques identitaires mais dont l'unité reste un facteur substantiel qui fait de la région un creuset où se fondent toutes les divergences. Beni-Abbès qui porte gracieusement le nom de l'oasis blanche ou encore la perle de la Saoura est située à 240 km au sud de Béchar. Aussi vieille et aussi ancienne que l'existence de l'humanité. Elle a été peuplée dès l'ère préhistorique, en témoignent les fossiles, des premiers êtres vivants, des poissons datant approximativement de 400 millions d'années sur une vaste étendue aride et rocheuse appelée terre primaire, la seule au monde, nous dit-on, mais qui malheureusement, n'échappe pas aux mains des vandales.
Cette ville d'habitude calme et flegmatique devient animée avec l'avènement du Mawlid. Ce dernier sera célébré d'une façon tout à fait particulière puisque le ministre du Tourisme, Mohamed Seghir Kara, a choisi d'être son hôte durant tout le temps des festivités. Avec sa bonhomie et sa jovialité naturelle, accompagné du directeur général de l'Office national du tourisme et d'une délégation de journalistes dont il aime s'entourer ayant conscience du rôle des médias dans la promotion du tourisme et de l'image de l'Algérie, il va sillonner les sites en dépit d'une chaleur suffocante et des pistes presque impraticables, des écueils qui ajoutent à la difficulté le frisson de l'aventure. Le périple commence le mardi 19 avril.
Une odeur d'aventure
L'avion qui transporte la délégation officielle atterrit à Béchar à 20h 30. La ville hôte somnole mais ne se laisse pas bercer par les bras de Morphée. Elle gardera les yeux ouverts trois jours d'affilée. Le wali de Béchar et une escouade de responsables locaux forment le comité d'accueil. Après le cérémonial d'usage autour d'un thé spécialement préparé à la manière du terroir, voilà que tout ce beau monde arrivé du Nord pour un voyage initiatique et de villégiature est nourri et hébergé à l'hôtel Antar, l'une des structures hôtelières de l'Entreprise de gestion touristique de l'ouest (Egto). Le lendemain à 9 h 30, tous les invités ont pris place dans le bus en direction de la commune de Knadsa éloignée de 20 km du chef lieu de wilaya. Le vieux Ksar qui abrite la Zaouia de Sidi Mohamed Bouziane est un fleuron architectural qui mérite sa place dans la nomenclature des sites à préserver à tout prix et de la patine du temps et de la négligence des hommes. Les cheikhs de cette entité religieuse expliqueront avec une verve éloquente aux visiteurs le rite soufi ezziyania en référence à leur maître spirituel. Pour ces derniers, le Ksar est construit de façon calculée, répondant à des critères bien spécifiques. Même le patio dont la toiture qui présente une ouverture au milieu, est considéré comme un espace sacré par lequel les rayons irisés du soleil pénètrent en apportant la sérénité et la quiétude dans cette demeure du mysticisme. On apprendra ainsi que les sanitaires et les cuisines sont bannis de la bâtisse car celle-ci est réservée à la prière et l'ermitage mais également à l'accueil des demandeurs d'asile ou de conseil. La maison de la confrérie, la Djemaâ, ne doit pas contenir d'odeurs hormis les fragrances de musc et d'ambre. L'inspection finie, les ascètes offrent à leurs invités un couscous roulé rugueusement contrairement au couscous fait dans d'autres régions. La sauce servie avec ce met est un délice, bien épicée à base de viande rouge, de carottes et de pois chiche. Suivra le rituel du thé répandu dans le Sud.
Le Ksar qui en cours de restauration est entouré par un carré vert, vague souvenir d'un jardin luxuriant que les anachorètes tentent de recréer en y plantant des grenadiers et des palmiers. Accolades, embrassades et poignées de main chaleureuses terminent la visite du Ksar. Deuxième escale, celle qui verra le lancement officiel des festivités, reste indéniablement Beni-Abbès. Le temps de déjeuner et de se rafraîchir le gosier à l'hôtel Rym et l'aventure continue. La chaleur que l'on prédit forte pour cet été, tape de plus belle mais tout le monde est excité à l'idée d'assister à la kermesse.
18 h, on se dirige vers la place des Martyrs au centre de la ville. La longue procession déboule et grossit au fur et à mesure que la marée humaine se rapproche de la place désignée. La foule euphorique guidée par les sages lancent des flagorneries et des louanges à la gloire de Dieu et de son prophète. C'est un grand jour pour les riverains qui ne sont pas les seuls sur la place car des nationaux et même des étrangers, sont venus des quatre coins du pays célébrer le Mawlid. Ces convives qui ont fait le déplacement, l'ont fait d'abord par dévotion mais aussi pour assister aux joutes extatiques et théâtrales des «baroudeurs», s'affrontant dans l'arène en se lançant mutuellement des défis.
Les femmes présentes en force
La fête qui a commencé par la lecture de la Fatiha est un véritable spectacle grandeur nature. Les âmes sensibles n'ont qu'à se tenir car elles ne pourront pas échapper aux déflagrations qu'on leur projette sous les jambes pour leur enlever «la fazaâ» en d'autres termes la frayeur. La blancheur immaculée des gandouras dont est également vêtu le ministre, symbolise la pureté, mais celle-ci n'est possible qu'après que le baroud ait retenti dans le ciel traversant le firmament tels des orages intermittents et grondants. Comme le veut la tradition, en ce rendez-vous important, les enfants âgés d'à peine un an sont habillés de gandouras, les yeux maquillés de khôl, sont exhibés dans les bras de leur père ou proches parents en tenant une branche de palmier signe de fertilité et de protection. «Ces enfants seront tous circoncis demain» nous précise un vieil homme au visage buriné.
Ils seront plusieurs dizaines d'enfants à subir le rituel. Ces derniers forment la descendance des quatre tribus de la région, à savoir les Ouled Sidi Mohamed Ben Abdeslam, l'unificateur de ces tribus au 16e siècle et le concepteur de l'architecture des ksars, les Ouled Rahou, les Ouled Mehdi et les Ouled Hamed. Les femmes sont également présentes en force, elles sont parées de leurs plus beaux atours.
Des tenues traditionnelles enjolivées par des foulards bigarrés. Elle chauffent les «histrions» qui s'en donnent à coeur joie en tirant le baroud et en dansant sur les rythmes endiablés du tambour et des battements de mains qui vont crescendo mêlés aux incantations et aux psalmodies. «Le baroud conjure le mal», nous dit une femme mure, au visage basané, son odeur est bénéfique, ajoute-t-elle. Il est loisible de voir les fêtards se barbouiller le visage avec la poudre de baroud. Pour Wahiba, originaire d'Oran, «c'est un remède contre l'acné et les problèmes de peau». Pas étonnant lorsqu'on sait que le produit est composé d'un sel spécial et d'une quantité non négligeable de soufre dont l'efficacité contre les boutons est prouvée cliniquement. Au bout de deux heures, les esprits se calment et on s'essouffle. Il faut dire que c'est l'heure du coucher du soleil qui annonce le répit. Les hommes se rendent à la mosquée faire la prière du «Maghreb» et les présents se dispersent nonchalamment.
Cependant, ce n'est que partie remise car «les coups de semonce» reprendront avec la même intensité toute la nuit. «Ces tirs éloignent le mauvais oeil et conjure le mal», nous dit une jeune dame comme pour détein-
dre un air de mystère sur l'ambiance illuminée. Cette cérémonie appelée par la population «El Fedila», est maintenue jusqu'à une semaine (le septième jour de la naissance du prophète).
Le lendemain jeudi, c'est une autre halte qui attend la délégation conduite par Kara. Elle concernera des sites archéologiques et naturels que recèle cette région: palmeraies et dunes à perte de vue ainsi que les stations préhistoriques.
Le ministre plaidera pour la préservation de la faune et de la flore en insistant que c'est l'affaire de tous.


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