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Plaidoyer pour la dignité
70E FESTIVAL DE CANNES
Publié dans L'Expression le 20 - 05 - 2017

La belle et la meute de la réalisatrice tunisienne Kawther Ben Hania a été projeté hier en exclusivité dans la section Un Certain Regard, où elle a marqué les esprits avec son film qui met à nu la violence faite aux femmes dans les pays arabes.
On peut dire que cette cinéaste méticuleuse soucieuse du réel a bien fait du chemin. De sa passion du documentaire est née la fiction, pourrait-on dire ou vice versa. Maintenant que Kawther Ben Hania est parvenue à maîtriser le jeu des acteurs même si elle préfère souvent les comédiens de théâtre pour leur endurance, la réalisatrice de Chelat Tunis est venue présenter hier dans la section Un certain Regard du festival de Cannes, son premier long métrage fiction. C'est auréolée aussi de son succès lors de la dernière édition des Journées cinématographiques de Carthage où elle avait obtenu le Tanit d'or avec Zeineb n'aime pas la neige (un docu-fiction) que Kawther Ben Hania a proposé devant le fort nombreux public sa toute nouvelle production cinématographique des plus poignantes. Une chose est sûre: l'on ne peut occulter au final une thématique qui s'est dégagée et affinée au fil des années et dans laquelle la réalisatrice a bien sûr trouvé ses marques. Il s'agit de son engagement qui prend tout son sens aujourd'hui envers la femme. Mais toujours sous un regard différent doublé d'une démarche bien singulière. La femme certes, mais partant, pour les droits à la dignité humaine dans une société souvent castatrice. L'histoire de La Belle et la meute (le film présenté hier à Cannes, Ndlr) est celle de Meriem, une fille naïve, mais qui ne laisse pas indifférent, notamment chez Youssef, le militant. Une nuit, alors que Meriem sort d'une soirée bien animée elle se fait agresser par un groupe d'individus. Fragilisée Meriem ne veut pas se taire pour autant, la jeune fille est bien décidée à dénoncer ses bourreaux et les faire emprisonner. Mais comment peut-elle réussir quand ses agresseurs eux-mêmes sont... des policiers! Construit en une série de plans séquences, ce film qui se décline comme un cauchemar durant une nuit, dresse un portrait tragique d'une jeune femme qui se retrouve confrontée à l'indifférence de ceux qui sont censés la secourir. La protéger. Dans le dossier de presse qui accompagne le film, la réalisatrice souligne dans un entretien que «cette histoire est à la fois cruelle du point de vue de Mariam, mais aussi paradoxalement anodine du point de vue de la police, des hôpitaux. Il s'agit de leur lot quotidien. Des victimes comme Mariam il y en a tous les soirs. Le décalage entre ces deux attitudes, la tragédie personnelle et la froideur des institutions, dessine le ton du film. Et de rajouter plus en détails: «Le film est à cet égard, un constat de cette «banalisation du mal»» non seulement en Tunisie, mais dans le monde entier. À cet égard, je fais référence au documentaire The Hunting Ground (Kirby Dick, 2015) qui traite du cas des viols dans les prestigieuses universités américaines (Columbia, Harvard, etc.) où les victimes féminines ne parviennent pas à trouver justice au sein de l'administration de leur campus. En effet, les universités sont des entreprises placées dans un système hyper-compétitif qui ne souhaitent pas voir leur réputation ternie. Aussi, l'administration pousse les victimes de viol à se taire, d'autant que les personnes incriminées sont des champions adulés de l'équipe de football, objet de gros enjeux financiers. La Belle et la meute est plus un film sur le diktat de l'institution que sur le viol. C'est pourquoi le viol est commis par des policiers, autrement dit ceux qui incarnent le monopole de la violence symbolique dans la société. Les sociétés modernes sont en effet construites sur cette idée que les individus sont protégés par ces fonctionnaires.». Kawther Ben Hania reconnaît qu'elle a pris beaucoup de libertés en s'inspirant d'un vrai fait divers pour écrire le scénario. Elle confie: «C'est un fait divers qui m'avait énormément touchée à l'époque et qui avait fait beaucoup de bruit, avec de nombreuses manifestations de soutien à la victime. J'ai pris l'événement de départ qu'était le viol. Mais les personnages du film ne ressemblent pas aux personnages réels. Tous les événements qui se déroulent dans le scénario ne se sont pas produits comme tels dans la réalité.». Enfin, elle estime qu'il «est évident que ce film n'aurait pas pu être réalisé avant 2011 en Tunisie. Le film, qui ne fait pourtant pas un portrait tendre des garants de l'ordre en Tunisie, est soutenu par le ministère de la Culture. C'est pour moi un symbole de soutien fort à une époque où règne en Tunisie un pessimisme général. C'est le signe que les choses sont en train de changer dans le pays. Comme le personnage principal du film, désormais rien ne peut plus être comme avant. Le film veut surtout dire aux personnes qui fonctionnent encore comme sous le régime de Ben Ali, que l'ordre de la société ne peut plus être le même». Quoi qu'il en soit, gageons que son nouveau long métrage fiction ne laissera sans aucun doute personne indifférent. ce film qui nous tient en haleine est une belle plongée cinématographique dans les méandres psychologiques du système et d'une certaine pensée nihiliste que la réalisatrice tend à combattre dans ce film, celle qui perdure et que même le printemps arabe n'a su endiguer car le chemin de la véritable liberté de la femme est encore long et celui du respect de l'autre, voire de la dignité de l'homme dans le monde reste encore d'actualité, la violence étant partout, voire, elle redouble de férocité parfois...

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