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"2 millions d'entreprises sont un préalable au décollage économique du pays"
KARIM SI LEKHAL, ECONOMISTE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 28 - 06 - 2017

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Selon Karim Si Lekhal, la situation financière du pays n'est pas aussi grave que le laissent entendre certains éconoomistes.
L'Expression:
«L'Algérie est effectivement sortie de l'ère de l'aisance (financière) dès 2014. Mais la situation est acceptable», a déclaré Abdelmadjid Tebboune lors de la présentation du Plan d'action de son gouvernement en mettant en avant le fait que nos réserves de changes sont encore supérieures à 100 milliards de dollars. Pensez-vous que la situation est aussi tenable que l'affirme le Premier ministre?
Karim Si Lekhal:Effectivement, depuis juin 2014, la chute du prix du baril de pétrole continue à éroder inexorablement les réserves en devises du pays: elles sont passées de 194 milliards de dollars en janvier 2014 à quelque 100 milliards en ce premier trimestre de l'année 2017, soit une chute de près de la moitié (-48,5%) sur ces trois dernières années. A ce rythme, la barre symbolique des 100 milliards sera vite franchie (c'est une question de mois seulement), et le pays ne disposerait plus que d'une dizaine de milliards de dollars d'ici 2019.
Ainsi, la situation financière du pays est-elle tenable? Suite à l'état de fait soulevé, rien ne semble pouvoir enrayer cette fonte de réserves de changes. Ajoutons à cela le fait que l'Algérie peine sérieusement à amorcer un décollage économique et industriel qui porterait une perspective économique et sociale meilleure. Il est vrai que la situation financière actuelle est critique, mais le pays dispose encore de ressources assez suffisantes, ainsi que de sérieuses opportunités pour enrayer, dans un premier temps, la spirale du déclin et espérer, par la suite, amorcer une transformation profonde de la structure de l'économie nationale. Autrement dit, la situation des finances publiques est effectivement angoissante mais pas alarmante vu ses réserves en devises restantes. D'ailleurs, celles des économies voisines sont largement inférieures. Le niveau des réserves de changes de la Tunisie par exemple s'établit à quelque 12 milliards de dollars, soit 100 jours d'importations. Cependant, et il faut le dire, il nous reste peu de temps si nous voulons que l'Algérie se dote d'une économie structurée, capable de produire des richesses en biens et services pour répondre, en premier, à une demande intérieure grandissante d'une population qui n'a pas encore réalisé pleinement sa transition démographique, et qui augmente de près d'un million d'habitants par année (le pays devrait compter plus de 50 millions d'âmes en 2050); et espérer, à moyen terme, pouvoir exporter certains produits et aller sur les marchés extérieurs.
Pour sortir de cette situation de crise, le gouvernement parle de «diversification de l'économie et d'encouragement de l'investissement productif». Mais, concrètement, il ne livre ni analyse ni objectifs chiffrés. Peut-on redresser une économie en agissant au coup par coup?
D'après le discours officiel, l'Algérie a adopté une économie de marché depuis la fin des années 1980. Pourtant, plus de 25 ans plus tard, force est de constater que les officiels et une bonne partie des politiques et des acteurs économiques peinent à assumer cette transition vers plus de libéralisme. D'ailleurs, publiquement, on préfère encore parler «d'une économie sociale du marché et non d'une économie!» Conséquence directe de cette ambiguïté et des nombreuses réformes «inachevées», sans cesse reportées grâce, notamment, à l'embellie des finances publiques, le secteur privé manque encore cruellement de dynamisme et l'économie nationale souffre sérieusement d'un manque d'entreprises: elle ne compte que quelque 950 000 PME dont 95% sont de très petites entreprises, alors qu'un tissu de 2 à 3 millions de PME et d'entreprises de taille intermédiaire constituerait un préalable au décollage économique du pays. Il faut donc redoubler d'efforts car le nombre d'entreprises créées annuellement en Algérie s'approche à peine de 100.000 unités alors que les standards internationaux se situent entre 350000 et 450.000 PME par an. Le nouveau programme de relance, présenté par le gouvernement dont l'objectif principal est effectivement la diversification de l'économie nationale pour sortir du modèle rentier, basé à 98% sur les hydrocarbures, est plus un discours de politique générale du gouvernement, qu'une feuille de route détaillée, avec des objectifs chiffrés et précis. Par exemple, le nouveau gouvernement annonce que le gel de grands projets est levé, mais il ne donne pas comment il va financer ces derniers; il avance aussi la création de 400.000 emplois, mais n'explique pas dans quel secteur d'activité (privé ou public), avec quels mécanismes et surtout comment il compte les financer en ces temps de crise financière!
Mais, contrairement à ce qu'on peut lire dans la presse, ou entendre sur les plateaux télé, il importe d'apporter, ici, un petit éclaircissement. Qu'est-ce qu'une déclaration de la politique générale? Un discours de politique générale est l'acte par lequel le chef du gouvernement engage la responsabilité de son gouvernement devant les membres de l'Assemblée nationale en exposant de manière solennelle les grands axes de ses programmes et les principales mesures et priorités qu'il souhaite mettre en oeuvre. Ainsi, on peut dire que le Premier ministre est resté dans son rôle de chef de gouvernement, même si la stratégie d'ensemble (long terme) manque encore de visibilité, car plus le temps passe, plus les marges de manoeuvre du gouvernement se réduisent!
Par ailleurs, il faut dire que les réactions au dicours de Tebboune cachent en vérité des interrogations sur le role de l'Etat dans l'économie. Sur ce point, il faut rappeler que ce sont les entreprises privées et publiques qui engendrent une croissance durable en créant des richesses, des emplois productifs et en exportant vers l'international et non pas l'Etat. Le rôle principal d'un Etat moderne consiste à assurer la stabilité des revenus pour protéger les populations (transferts) et produire les biens publics (éducation, santé, sécurité, protection des libertés...). Ce qui signifie, dans le cas algérien, de repenser le rôle de l'Etat pour l'adapter aux nécessités d'une économie moderne.
A cela, il faut ajouter que la libération des forces productives nécessitera de mener rapidement de sérieuses réformes et d'expliquer la profondeur de celles-ci, leur nécessité, et les opportunités qu'elles présenteraient, car comme on le sait, il ne peut y avoir de système économique viable et efficace sans la confiance entre les agents qui l'animent et les institutions qui favorisent cette confiance! Ainsi, pour faire émerger un tissu d'entrepreneurs producteurs capables de porter une promesse d'un avenir économique meilleur, il faudrait mobiliser toutes les énergies du pays, lui fixer une stratégie de développement claire, et donner un véritable rythme aux réformes structurelles et aux efforts à mener. Le redressement économique passe avant tout par l'investissement productif, qui a besoin d'une stabilité institutionnelle et politique durable et non de politiques «court-termistes» qui n'ont pour objectifs que de résoudre les problèmes les plus immédiats.
Comment le gouvernement va-t-il financer son Plan d'action?
C'est vrai que la situation financière du pays devient particulièrement difficile ces derniers temps, car depuis des décennies, trop d'hommes politiques de l'inaction se sont succédé aux postes de responsabilités. La problématique de la recherche de sources de financement est, certes, centrale dans tout processus de développement puisqu'elle conditionne les équilibres budgétaires de l'Etat, l'activité des entreprises et la consommation des ménages, mais elle ne doit pas, pour autant, servir d'exutoire pour évacuer du débat les questions relatives à l'économie réelle (production, emploi, exportation...). Parce que le pays, comme nous l'avons précédemment souligné, souffre surtout de véritables défaillances structurelles: peu d'entreprises productives et manque de capacités de gestion.
Avec la chute des prix du pétrole et la crise financière qui réduit peu à peu les réserves en devises, l'Etat ne peut plus se permettre le maintien de tous les projets déjà engagés ou programmés. Il faut donc être pragmatique sur ce dossier et fixer les priorités qui s'imposent: sélectionner les projets prometteurs qu'il faut accompagner, et différer dans le temps ceux qui peuvent attendre. L'Etat dispose encore d'une centaine de milliards de dollars qu'il peut et doit orienter vers les secteurs industriels créateurs de la valeur ajoutée et non des importations. Aussi cette réserve de devises, encore disponible, pourrait-elle servir à constituer le capital de base d'un fond souverain public pour financer des projets stratégiques et industrialiser les régions algériennes. Ce fonds de diversification de l'économie pourrait, en plus de cette réserve de devises, être alimenté par des emprunts nationaux sur des projets porteurs et précis, et par des levées de fonds en Bourse à travers la cession partielle de participation de certains opérateurs publics. La mise en oeuvre de cette stratégie sera un gage supplémentaire pour plus d'efficience dans la gestion et la gouvernance dans les secteurs publics et permettra, par conséquent, de dynamiser le marché boursier d'Alger, dont le nombre de sociétés cotées reste très limité comparativement à la place tunisienne qui compte 81 sociétés cotées et à la Bourse de Casablanca qui affiche une capitalisation de 55% du produit intérieur brut, classée de fait deuxième marché boursier en Afrique derrière la place de Johannesburg en Afrique du Sud.
La réforme du système des subventions en allant vers de meilleurs ciblages des catégories défavorisées figure, selon Tebboune, parmi les priorités du gouvernement. Cette réforme viserait à réduire les montants alloués à cet effet et qui dépassent 27 milliards de dollars. Quel impact aurait cette réforme sur l'économie nationale? Est-elle à ce point importante pour figurer parmi les priorités de l'Exécutif?
Durant les années d'embellie financière qu'a connue le pays, depuis les années 2000, grâce à la rente pétrolière qui déversait des milliards de dollars, l'Etat algérien a malheureusement dépensé beaucoup trop! D'ailleurs, en fin 2013/début 2014, nombreux sont les experts nationaux et internationaux (FMI en particulier) qui ont tiré la sonnette d'alarme sur l'insoutenabilité de la dépense publique du pays. Pourtant, rien de vraiment significatif n'a été fait pour réduire les frais de fonctionnement de l'Etat et rationnaliser les transferts sociaux pourtant peu efficaces et extrêmement coûteux pour le Trésor public. Il faut dire que les réserves dont disposait le pays autorisaient, provisoirement, les hommes politiques à maintenir ces aides étatiques pour rester au pouvoir, et éviter à tout prix la contamination du pays par les mouvements dits du «printemps arabe» en continuant à acheter la paix sociale.
Mais avec la crise financière qui sévit depuis 2014, l'Etat algérien ne peut plus s'offrir ce luxe d'accorder des aides généralisées à travers des subventions, qui coûtent au Trésor public quelque 27 milliards de dollars par an, soit 16 à 17% de la richesse nationale selon les années, au risque de connaître une faillite financière totale.
Ainsi, la dégradation des finances publiques exige une profonde refonte du système des subventions jusqu'ici trop généreux et qui ne profite pas aux plus démunis. Pour notre part, nous pensons qu'il est souhaitable que l'Etat maintienne, du moins provisoirement, ses subventions pour les produits de première nécessité, en attendant la mise en place d'une alternative plus efficace de lutte contre la pauvreté et la précarité. Car une suppression brusque de celles-ci libérerait les prix sur le marché, et par voie de conséquence, provoquerait une forte inflation qui va laminer, à son tour, le pouvoir d'achat des Algériens déjà mis à l'épreuve par un taux d'inflation qui avoisine les 8%. Un taux d'inflation anormalement élevé qui freine non seulement la consommation - qui constitue l'un des moteurs de la croissance - mais impacte négativement aussi les investissements productifs.
Tebboune parle de «l'assainissement du climat des affaires», discours qu'on a trop souvent entendu, mais sans qu'il ait un prolongement dans la réalité. Selon vous, assainir le climat des affaires devrait se traduire par quelles mesures?
L'essor de l'économie nationale passe essentiellement par l'entreprise, considérée comme étant la seule entité capable de créer des richesses et de la valeur ajoutée. L'entreprise est un fait collectif qui naît et vit par la combinaison de quatre principaux acteurs, à savoir les salariés, les apporteurs de capitaux, les collectivités publiques et les entrepreneurs. Les entrepreneurs prennent l'initiative de mettre en synergie les apports des trois autres pour bâtir des entreprises. Par ailleurs, il faudrait oeuvrer à faire profiter ces acteurs d'un environnement favorable pour qu'ils créent le plus d'unités productives possibles.
L'un des premiers chantiers concernerait la modernisation de l'administration par la mise en oeuvre d'un choc de simplification administrative lié aux procédures de création d'entreprise: cette démarche portera, entre autres, sur la suppression de certaines procédures d'autorisations préalables, la réduction du nombre de documents exigés et des délais nécessaires à la concrétisation d'un projet.
Pour cela, il faudrait abroger la règle des 49/51% et la loi qui exige des Algériens investissant à l'étranger de rapatrier 100% des dividendes avant même la décision de réinvestissement, réserves ou placements de l'excédent brut d'exploitation. L'assainissement du climat des affaires devrait aussi se traduire par la réduction de l'ampleur du secteur informel et la lutte contre la corruption que provoque le déficit démocratique.


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