C'était prévisible, mais il a fallu moins de 36 heures pour que les équipes de NBA s'engagent à dépenser plus d'un milliard de dollars en salaires: Stephen Curry a touché le jackpot avec son contrat mirobolant de 201 millions de dollars sur cinq ans. Contrairement à l'hystérie de l'été 2016, seules des stars, comme Curry, Blake Griffin ou Kyle Lowry, ont, pour l'instant, signé des contrats XXL. Dans la nuit de vendredi à samedi, quelques minutes après l'ouverture officielle de la «free agency», la période de négociation des nouveaux contrats, Curry est devenu le joueur le mieux payé de l'histoire de la NBA. Il n'est pas le sportif le mieux payé de la planète, puisque ce titre officieux revient toujours à la star du Real Madrid Cristiano Ronaldo (93 millions de dollars, dont 58 en salaires, soit 81,7 millions d'euros, dont 51 en salaires). Mais Curry va devenir le premier, en NBA et dans le sport professionnel nord-américain, avec un contrat dépassant le chiffre astronomique de 200 millions de dollars (175,7 millions d'euros). Golden State récompense ainsi le double meilleur joueur de NBA (MVP) pour sa contribution aux deux titres de champion remportés en trois ans (2015, 2017), mais aussi pour sa patience. Curry était jusque-là une très bonne affaire pour les Warriors: il émargeait à un salaire de onze millions de dollars (9,6 millions d'euros), bien loin de LeBron James (33,3 millions de dollars soit 29,2 millions d'euros). Elu meilleur joueur de NBA la semaine dernière, Russell Westbrook pourrait lui aussi parapher avec Oklahoma City un contrat de 200 millions de dollars. Blake Griffin a rempilé avec les Clippers, orphelins de Chris Paul, parti à Houston, pour 173 millions de dollars (152 millions d'euros) sur cinq ans, tandis que le meneur de Toronto Kyle Lowry va toucher 100 millions de dollars (87,8 millions d'euros) sur trois ans à Toronto. L'autre star de Golden State, Kevin Durant, est lui aussi «agent libre», c'est-à-dire libre de rejoindre une nouvelle équipe. Il veut rester à Oakland, où il devrait signer un contrat d'un an ou deux avec un salaire revalorisé par rapport aux 26,5 millions de dollars (23,3 millions d'euros) qu'il a touchés cette année, en attendant le jackpot en 2018. Ces contrats sont, aux yeux des observateurs, logiques au regard du standing des joueurs en question, pas comme certains, jugés extravagants, signés lors de l'été 2016. Comme lorsque Memphis a offert 153 millions de dollars (134,5 millions d'euros) sur cinq ans à son meneur Mike Conley, ou quand les Lakers ont fait signer un contrat de 64 millions de dollars (56,2 millions d'euros) sur quatre ans au pivot russe Timofey Mozgov, ou les 72 millions de dollars (63,2 millions d'euros) des Knicks pour le pivot franco-américain Joakim Noah, de retour de blessure. «Pour la «classe moyenne» de la NBA, les contrats vont être un peu plus réalistes (..). Le problème, en 2016, c'était que le plafond salarial avait explosé et qu'il était très difficile de donner la juste valeur d'un joueur», explique Alexandros C. Saratsis, directeur des opérations globales de l'agence Octagon. Les géants de l'audiovisuel Turner et ESPN, filiale de Disney, se sont engagés à débourser 24 milliards de dollars (21 milliards d'euros) sur neuf ans pour diffuser le Championnat NBA. Depuis la saison 2016-17, ils versent 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros) par saison, contre 930 millions de dollars (817 millions de d'euros) jusque-là. Et ce n'est pas tout: chaque équipe négocie la vente de ses droits TV à un diffuseur local. Les Los Angeles Lakers ont ainsi touché le gros lot quand le câblo-opérateur Time Warner Cable a signé un contrat sur vingt ans d'une valeur de 4 milliards de dollars (3,5 milliards d'euros), soit 200 millions par saison. Non. Des joueurs, en particulier la superstar LeBron James, trouvent que les propriétaires d'équipes reçoivent un part du gâteau bien trop généreuse. «Steph (Curry) devrait en fait signer cet été pour 400 millions de dollars (351 millions d'euros)», a ainsi tweeté «King James», remonté contre le plafond salarial qui empêche la surenchère pour garantir la concurrence sportive entre les équipes et, aussi, protéger les bénéfices des propriétaires. Si les salaires explosent, la valeur des équipes NBA s'envole: racheté en 2010 450 millions de dollars (395 millions d'euros), Golden State est désormais valorisé 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros).