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Le paradis des émigrés retraités
ILS RENTRENT AU «BLED» APRÈS DES ANNEES DE TRAVAIL EN FRANCE
Publié dans L'Expression le 01 - 08 - 2017

440 000 retraités algériens qui ont sacrifié leur santé et leur jeunesse pour construire la France
Après avoir sacrifié les plus tendres années de leur vie pour nourrir la grande famille, dans le froid glacial des villes françaises, les émigrés des première et deuxième générations rentrent au pays pour y vivre leurs dernières années...
Arrivés en masse généralement lors des Trente Glorieuses, alors que la France avait besoin de bras, les émigrés souffrent de lois injustes après leur retraite. C'est à la limite de l'ingratitude envers cette catégorie estimée à 440 000 retraités algériens qui ont sacrifié leur santé et leur jeunesse pour construire la France d'aujourd'hui. Une France qui divise leur retraite par deux si le vieux «chibani» décide de rentrer dans son village, tout près du cimetière de son père et sa mère qu'il n'a pu voir mourir.
Après avoir sacrifié les plus tendres années de leur vie pour nourrir la grande famille, dans le froid glacial des villes françaises et belges, dans la solitude loin des parents, de leurs femmes et de leurs enfants, les émigrés des première et deuxième générations choisissent de rentrer au pays afin d'y passer leurs dernières années. Au marché, l'euro fait tourner la machine. Et puis c'est vrai qu'il la fait tourner sur les étalages des bouchers, sur les comptoirs de galeries et surtout entre les allées des marchés de fruits et légumes, voire même dans le marché de l'automobile.
Malheur des uns et bonheur des autres
Cet adage prend tout son sens lorsqu'on fait une rétrospective de l'évolution de cette catégorie depuis la décennie trente. Parti juste pour subvenir aux besoins de la famille, l'émigré a sacrifié toute sa jeunesse pour vivre là-bas et envoyer de l'argent au pays. La vie dans la montagne est difficile et la France avait besoin de bras. L'équation est vite trouvée. Aussi, depuis ces années-là et jusqu'aux années 1970, les vieux et les vieilles s'en souviennent. «A cette époque, c'était la fête à la maison lorsque le facteur ramenait ce petit bout de papier de couleur mêlant le violet et le rose. On l'appelait lmanda'' (le mandat). Mon père venait d'envoyer de l'argent. Généralement c'était mon grand-père qui allait à la poste. On était aussi heureux de savoir qu'il allait bien», raconte Amar un retraité, lui aussi parti en France remplacer le père décédé. «Si je me souviens? mon fils, on n'oublie pas toute une vie, sa vie. Je suis parti à Marseille à l'âge de 12 ans. Il fallait supporter le froid glacial et parfois la faim pour économiser de l'argent pour envoyer au pays», raconte Saïd, un autre émigré rencontré devant la boutique secrète d'un cambiste. «Je ne sais pas comment la vie s'est retournée, mais disons qu'elle le fait pour compenser un tant soit peu la perte de notre jeunesse. Aujourd'hui, je vis à l'aise avec ma petite retraite de moins de 300 euros. Disons qu'avec le taux de change actuel, c'est quand même bien, n'était-ce les problèmes de santé, conséquence des travaux pénibles de ma jeunesse, je remercie Dieu», ajoute-t-il.
Le «mandat» et le cambiste du coin
En fait, le taux de change n'a tourné au profit de cette catégorie que vers la fin des années 1980 avec la dévaluation du dinar. «Ce taux de change qui nous rend la vie meilleure est le fruit du hasard. Il a gonflé un peu notre retraite misérable. Car il faut que les gens sachent que notre retraite est divisée par deux lorsque nous décidons de revenir mourir parmi notre famille.» «Cette loi est vraiment injuste. Après avoir sacrifié toute sa jeunesse à construire la France, elle nous fait du chantage en réduisant de moitié notre retraite déjà inférieure à celle d'un Français si nous voulons mourir parmi nos enfants», ajoute, Amar un ancien des usines de Renault. «Je me souviens encore qu'il fallait serrer la ceinture pour économiser quelques francs à envoyer à la famille. Certains d'entre-nous qui n'y arrivaient pas revenaient au pays», raconte notre interlocuteur, un vieux retraité.
L'émigré nourrit le maçon du village
Cet incident de l'histoire économique a scellé le sort de ces vieux qui ont galéré dans les usines et les mines de France et de Belgique. C'est la revanche de la misère sur le sort. Pour reprendre l'expression traduite du kabyle, d'un ancien émigré. «Il ne faut pas nous envier sur ce petit moment de vie facile. Il ne sera d'ailleurs pas long. Nous partons en retraite pour finir notre vie dans peu d'années. Nous avons effectué tous les travaux que les Français ne voulaient pas donner à leurs enfants. C'était des travaux dangereux et difficiles qui ne laissaient pas beaucoup d'années à vivre après la retraite explique Ali, un émigré qui a acheté une belle voiture mais qu'il ne peut pas conduire. C'était son petit-fils qui le faisait. «Cette petite retraite que nous touchons ne compensera jamais toutes ces années passées loin de mes enfants, mes parents et ma femme. Pour tous les milliards du monde, je n'aurais fait cela si l'Algérie de notre jeunesse était comme celle d'aujourd'hui. Vous êtes dans un paradis, mes enfants, comparé aux années que seuls les plus de 60 ans peuvent connaître», dit Moh Nali, un retraité qui a aujourd'hui plusieurs bus de transport privé. «Cette petite retraite a de la baraka. Parce que nous l'avons méritée. Et vous savez que nous la dépensons pour nos enfants.»
...Il offre aussi la «waâda»
Loin de cette époque de misère, l'émigré participe aujourd'hui activement à la vie de son village. Il fait travailler les jeunes. Il fait marcher les commerces. Et souvent, les villageois attendent de lui la «waâda» les jours de «Timechret». «Vous savez, nos émigrés, bien qu'avec des petites retraites payent les cotisations des pauvres les jours de Timechret. Ils payent aussi certains travaux du village», reconnaissent les villageois dans un village de Tigzirt. «Cette année, l'achat des boeufs pour Timechret'' a été assuré par des retraités. Les villageois n'ont rien payé. Il leur a juste suffi de faire le boulot», raconte un autre jeune.
Ils se remarient au claquement des doigts
«L'euro» à 180 dinars apporte également quelque peu de facilités à cette catégorie. Un phénomène à la mode actuellement dans les villages de Kabylie fait que même les jeunes filles cherchent à se marier avec un émigré. A un âge où l'un des deux conjoints décède, certains émigrés recourent au remariage après avoir perdu le conjoint. La tâche n'est pas difficile. Ils se remarient au claquement des doigts contrairement aux vieux retraités qui ont galéré ici. «Regardez bien autour de vous. Un émigré qui perd sa femme en trouve dix. il n'a même pas besoin de chercher. Ce sont les gens qui lui proposent des listes de femmes à remarier. Mais si jamais un vieux a la malchance d'avoir passé sa vie à galérer ici au pays, alors il a tout intérêt à suivre sa vieille compagne au pas. Sans euro à hériter après la mise en bière du vieux, aucune chance de trouver une compagne», raconte un vieil homme qui ne dit pas s'il est retraité de France ou pas. les témoignages sont nombreux à confirmer ses dires: «Oui, si je trouve un vieux retraité qui a de l'euro, je n'hésiterais pas à le prendre. Et alors! Il y a beaucoup d'avantages à gagner avec lui dans cette vie de misère. Sa future femme, si elle a la chance de lui survivre pourra bénéficier de sa retraite et pas mal de gains matériels aussi comme la maison et pourquoi pas des enfants», affirme un femme à la cinquantaine, infirmière de profession.
Une assurance au régime international
En fait, en matière d'avantages, le retraité aujourd'hui est vraiment dorloté par son pays, l'Algérie. Avec une retraite transférée dans les banques algériennes, il se voit garantir une assurance maladie au niveau de la Caisse nationale d'assurance. Avec la signature d'une convention entre les deux pays, l'Algérie et la France, l'émigré peut bénéficier de l'assurance maladie dans son pays avec tous les avantages. C'est une convention qui allie les cas au régime international. Il suffit d'une demande déposée à la Cnas pour que le travail soit fait. Nous explique-t-on justement au sein de l'agence de Tizi Ouzou. Pour comprendre la formule, nous avons fait un tour du côté de la Caisse nationale d'assurances maladies. On nous expliquera que les émigrés, leurs conjoints et leurs ascendants bénéficient d'un régime international d'assurance.
Une convention lie les deux pays, l'Algérie et la France, pour garantir une couverture sociale. Une simple demande est exigée. C'est l'agent de l'assurance qui s'en occupe. Le retraité lui, n'a qu'à attendre pour que le transfert de ses droits soit effectué.
Ah, l'argent maudit!
Mais, comme l'argent du père est convoité par toute la progéniture en ces temps de vaches maigres, il arrive souvent que des conflits éclatent entre frères, voire entre frères et soeurs. «Je regrette d'être revenu. Ces quelques maudits sous ont provoqué l'éclatement de toute ma famille. Mes enfants ne veulent plus travailler et deux autres refusent de se marier pour rester avec moi. Alors les plus grands réclament leur part», témoigne un vieux retraité.


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