Invité par la quatrième commission de décolonisation, à publier une mise au point sur des propos dénaturés, attribués aux pétitionnaires sur le Sahara occidental, le secrétariat de l'ONU a tenu à présenter ses excuses à l'Algérie en indiquant que les communiqués de presse en question ont été effectivement «corrigés». Que se passe-t-il au niveau du service de presse de l'ONU? Les propos de pétitionnaires en faveur des droits inaliénables du peuple sahraoui ont été sciemment déformés, pire, dénaturés par une ou des mains manipulatrices qui les ont transformés en une plaidoirie au profit de l'occupation marocaine. Faisant fi des règles élémentaires qui doivent présider à la mission d'information fidèle de l'opinion internationale qui incombe à cette structure, ses responsables ont créé un précédent d'autant plus grave qu'il porte atteinte à la crédibilité de l'organisation représentative de la communauté internationale. Ainsi, l'Algérie est-elle montée au créneau vendredi dernier pour exiger des précisions sur cette éventuelle dérive dont pâtit le Sahara occidental, victime de cette manipulation orchestrée par le service de presse de l'ONU qui se trouve dévié de sa mission première consistant à refléter objectivement les positions des uns et des autres, laissant le soin à l'opinion internationale de prendre son parti en toute sérénité et sur une base transparente. L'ambassadeur-adjoint de l'Algérie auprès de l'ONU, Mohamed Bessedik, est intervenu lors du débat de la quatrième commission de décolonisation pour demander que le responsable du département de l'information (DPI) soit entendu afin d'éclairer les membres de la commission sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. «Il est de son devoir de nous expliquer comment ces impairs ont été commis», a ainsi déclaré Mohamed Bessedik avant d'ajouter que le DPI doit, également, «présenter des excuses», étant donné le tort qu'il a causé aux personnes concernées. S'agit-il «d'une erreur commise volontairement ou bien par inadvertance», s'est interrogé le diplomate algérien qui considère que même «si c'est par inadvertance, c'est (aussi) injustifiable». L'affaire a fait grand bruit dans les coulisses de l'ONU car la manipulation, selon toute vraisemblance avérée, a été jusqu'à modifier les déclarations d'intervenants apportant leur soutien total à la cause sahraouie pour en faire des propos laudateurs qu'on a même prêtés à des pétitionnaires qui n'ont jamais pris la parole! Non seulement, il y a eu déformation de propos pro Sahara occidental, mais également invention totale de soi-disant propos favorables à l'occupation de ce territoire non décolonisé par le Maroc au mépris des dispositions et des lois internationales. On devine sans peine qui a orchestré ce genre de dérapages et en vertu de quels arguments ils ont pu être consentis. Le fait est que c'est toute la crédibilité de l'institution multilatérale qu'est l'ONU qui s'en trouve affectée, quand bien même le communiqué de presse en question a été retiré après une mise au point du président de la commission de décolonisation Rafaël Dario Ramirez Carreno. Toujours est-il que les multiples dérapages de ce service de presse qui, encore ce vendredi, attribuait des prétendus propos du représentant sahraoui, Ahmed Boukhari, à l'encontre...du Front Polisario et du processus de paix au Sahara occidental, illustrent, en fin de compte, les interférences complices, voire même la manipulation, du seul pays intéressé dans cette affaire de décolonisation. Il est de rigueur que les débats et les interventions au sein des organes de l'ONU soient reflétés en toute impartialité par les compte-rendus émanant du service de presse de l'organisation. En faisant dévier ce département de sa mission fondamentale et en portant ainsi atteinte à la crédibilité de son travail qui sert de référence aux médias et à l'opinion internationale, on porte un coup fatal à l'institution onusienne toute entière! L'Algérie en sa qualité de coordinateur des pays non-alignés sur la revitalisation de l'Assemblée générale de l'ONU, a eu à plusieurs reprises l'opportunité d'attirer l'attention sur les discordances répétées des communiqués de presse par rapport aux propos réels dans les instances de l'organisation. Dernier exemple en date, le dérapage planifié par un service envahi par des agents marocains des propos de la présidente de Defense Forum Foundation, Suzanne Scholte, qui a dû démentir le communiqué en indiquant: «Je n'ai à aucun moment évoqué le plan d'autonomie du Maroc, j'ai appelé au retrait du Maroc du Sahara occidental occupé.» La lauréate du Prix de la paix de Séoul a fait également savoir qu'elle a été l'objet d'une manigance et même d'une provocation marocaines visant à l'empêcher de prendre part aux travaux de la commission. Des méthodes qui ont déjà eu lieu dans les réunions de l'Union africaine et qui tendent à se généraliser, du fait d'une impunité scandaleuse.