C'est en grand promoteur de la réconciliation nationale que s'est présenté, jeudi, le leader du MSP, lors de la journée de clôture de la 8e «université d'été» initiée par son parti à l'université de Boumerdès (Inhp) depuis le 18 du mois courant. «Vous êtes les sapeurs-pompiers et il vous faut éteindre les feux qui se déclarent çà et là», lance-t-il à l'endroit de ses militants, venus en grand nombre. Cette entrée en matière a permis au cheikh de développer quatre thèmes principaux, autour desquels s'agitent des forces antagonistes depuis plusieurs mois, à savoir la langue arabe, l'amazighité, la liberté d'expression et l'indépendance de la justice. Nahnah estime qu'il faudrait faire preuve de prudence et ne pas se laisser aller vers des dérapages politiques, le mieux aussi, observe-t-il, pour contrecarrer les tueries abjectes du terrorisme et pousser à plus de démocratie est de faire plus d'efforts pour promouvoir la concorde civile. «C'est votre engagement envers votre pays», lance-t-il, ajoutant que, plus que jamais «il faut se garder des conflits ethniques, linguistiques ou régionalistes». Le message étant particulièrement adressé «aux enfants de Kabylie qu'il exhorte à ne pas entreprendre l'aventure de clivages et de guerres ethniques, au sein de la nation de l'Islam». Prenant à témoin les sages de tadjmaât qu'il invite à plus de modération et de recul par rapport aux chants des sirènes, les radicalistes de tout bord et les apôtres de l'interventionnisme étranger. Cette organisation sociale qu'est tadjmaât a toute la confiance de Nahnah, elle qui est imprégnée des principes de l'Islam, forte des traditions sociales les plus séculaires et qui ne peut mener qu'aux rivages de l'harmonie et de la concorde nationale. Pour atteindre l'idéal de concorde nationale, le leader du MSP est pour l'ouverture des portes du dialogue responsable à toutes les parties qui oeuvrent sincèrement à la cessation des troubles. La légitimité constitutionnelle et la promotion des acquis démocratiques baliseront les sentiers de ce dialogue. Quant à l'édifice de concorde il ne peut être bâti que sur le socle d'une justice impartiale et indépendante dont le magistrat suprême est le Président de la République. L'offre de garanties constitutionnelles est également primordiale pour le chef du MSP, afin de bannir toute pratique non démocratique dans les institutions élues. Allusion faite au Conseil constitutionnel, le message étant également adressé au président du Parlement. Comme il attire l'attention sur les luttes intestines ayant pour toile de fond la langue arabe et l'amazighité. «Nous appelons le Président de la République à renforcer la loi portant généralisation de la langue arabe. Ne nions pas pour autant notre conviction en la nécessité d'apprendre les langues étrangères. Notre but n'étant pas de faire de la langue arabe la rivale de tamazight.» A propos de ces «luttes intestines» Mahfoud Nahnah souhaite que leur soit apportée toute la transparence nécessaire et invite expressément le Président de la République à mettre fin aux rumeurs faisant étant de conflits larvés au sein du pouvoir. Finalement, pour Mahfoud Nahnah, la concorde est une question d'audace politique loin de toutes surenchères et de règlements de comptes. Car l'heure est à la construction d'un Etat stable. Il est plus que temps d'entreprendre des procédures nationales, politiques et sociales dans ce sens. Pour le MSP, qui siège au gouvernement de coalition depuis cinq années et qui a pu réunir plus de 60.000 «manifestants» en 1994, la concorde nationale n'est pas une lubie et cette huitième université d'été du parti aura vu l'émergence d'un ensemble d'idées appelant toutes à la concorde et au dialogue. A l'occasion de cette université, les «universitaires» du MSP se seront familiarisés avec un nouveau concept: celui de «concorde intellectuelle» à la base de tout projet de concorde et auront passé en revue les différents scénarios de la rentrée sociale qui s'annonce. Au chapitre international, la question palestinienne aura figuré de manière constante dans les ateliers d'étude. Pour cette cause arabe, le cheikh Nahnah lance un appel à tous les parlementaires, les ONG et autres «lobbies» pour dénoncer l'«omerta» qui ne profite pas aux civils en Palestine. «Toutes les forces de libération et éprises de liberté doivent être du côté de ce peuple opprimé», conclura-t-il.