La ville d'Oran est implantée entre deux oueds. Le premier est celui du ravin Blanc tandis que le deuxième n'est autre que l'oued Rouina. C'est la saison des vents à forte vitesse et des pluies inéluctablement diluviennes. Les responsables en charge de l'habitat de la wilaya d'Oran sont plus qu'interpellés pour procéder au relogement rapide et en nombre important des familles en mal de logements, en particulier celles occupant le vieux bâti et les habitations précaires. Pour cause, les effondrements, partiels ou complets, n'attendent qu'un signe fort émanant de la nature pour qu'ils refassent leurs fortes apparitions en réagissant fortement et provoquant des dégâts très souvent irrémédiables. C'est le cas de jeudi dernier lorsqu'un quarantenaire a trouvé la mort à l'intérieur d'un immeuble dont une partie n'a pas cédé au vent. Il n'est un secret pour personne, Oran...craque dans les fins fonds de ses entrailles, ses quartiers populaires sont amochés ses immeubles éventrés par le vent et la pluie. Aucun des bâtiments, dont la construction remonte à l'époque coloniale, n'est à l'abri d'une catastrophe naturelle. Le phénomène, qui nécessite un traitement à la hauteur de l'événement, est devenu récurrent ces dernières années. Il sévit un peu partout dans tous les quartiers composant la ville d'Oran. Les bâtisses de Derb et Sidi El Houari sont, dans leur totalité, entièrement étripées. Le même constat est à relever dans d'autres quartiers comme Plateau Michel, Mediouni, El Hamri, Cité Bel Air, Gambetta, Carteaux, La Bastille, Cavaignac, Saint-Pierre...etc. Des familles entières ont transformé des rues et ruelles en oasis en plein milieu urbain en y installant des tentes pour s'abriter plutôt que de se maintenir entre des murs et plafonds voûtés, menaçant de faire une chute libre à tout moment. La mort est inévitable lorsque ces familles prennent le risque de se figer dans leurs domiciles par temps de pluie et de vent. «Nous entendons les craquements des murs qui s'effritent lorsque le ciel se met en furie», dira un occupant d'une vieille bâtisse de Derb, quartier populaire situé en plein coeur d'Oran. «C'est ainsi que durant la saison des grands froids plusieurs dizaines de familles deviennent des sans domicile fixe que de se livrer corps et âme à la mort», a-t-il ajouté. Il suffit donc d'un petit changement climatique pour que l'alerte maximale soit donnée: les occupants du vieux bâti sont, notamment pendant l'hiver, obligés de quitter les lieux pour passer la nuit sous la belle étoile. «Nous courons dans tous les sens aux fins de nous abriter loin du risque des écroulements pouvant survenir lors des vents forts et des fortes trombes», a déploré une septuagénaire habitant dans l'ancien Oran, Sidi El Houari. El Bahia, que l'on veut transformer vaille que vaille en une métropole méditerranéenne, souffre de l'inextricable et irrémédiable problématique du vieux bâti. A Oran, près de 2000 immeubles menacent ruine à tout moment alors que la réhabilitation n'a jusque-là concerné que 600 bâtiments, soit un tiers des bâtisses classées dans la case rouge. La mesure visant à retaper les immeubles en question a été décidée par le président de la République en personne, lors de ses visites de travail et d'inspection qu'il a effectuées à Oran le mois d'août 2007 et au mois de décembre 2008. Les travaux ont été lancés après plusieurs années de retard inexpliqué. Dans le but de mieux cerner la problématique, la wilaya d'Oran aurait décidé de prendre en charge les immeubles ayant une valeur architecturale et historique. Le reste serait sans aucun doute à raser après que ses occupants seront relogés dans des habitations décentes. Cette vision est plus qu'évidente étant donné que le foncier, devant servir d'assiette pour des projets d'envergure dans le cadre de la modernisation d'Oran, manque cruellement. Après les effondrements, l'eau. Cette autre problématique, qui n'est pas nouvelle, constitue ces derniers jours, le sujet principal des débats locaux et des appréhensions des populations locales. L'eau souterraine coule partout et à...flots. Elle s'infiltre dans la quasi-totalité des habitations situées au rez-de-chaussée des bâtiments de la deuxième capitale du pays. Un cas concret est à relever dans la très commerçante rue Khemisti. Un immeuble abrite dans ses soubassements un véritable fleuve d'eau. «Cela fait plusieurs mois que nous intervenons à la moindre alerte signalée pour vidanger cette cave», a affirmé un agent de la Société des eaux d'Oran, Seor. Et un autre d'ajouter déclarant que «notre parking souterrain est, la plupart du temps, inondé par les infiltrations récurrentes des eaux dont on ne connaît pas la provenance». Le garage de stationnement est situé dans le quartier de la Bastille. Des questions ont été posées et peu de réponses ont été apportées faute d'études géologiques devant passer au peigne fin le mouvement de l'eau dans les soubassements de la ville d'Oran. Une chose est sûre, la ville d'Oran est implantée entre deux oueds. Le premier est celui du ravin Blanc tandis que le deuxième n'est autre que l'oued Rouina.