L'Algérie opte pour l'achat de raffinerie Ould Kaddour fait montre d'une certaine «audace», plutôt rare dans le milieu des responsabilités économiques nationales. Sonatrach négocie l'achat d'une raffinerie à l'étranger, espère réceptionner celle d'Alger vers la fin de l'année en cours et entend développer des investissement dans de nombreux pays africains. Ce sont là les principales déclarations du P-DG de la compagnie nationale pétrolière, lors de la conférence de presse qu'il a animée, hier à Oran, en marge du Napec. Cette ambition programmée a toutes les chances de trouver le chemin de la concrétisation, du fait d'une disponibilité financière presque inespérée. En effet, Abdelmoumène Ould Kaddour a révélé qu'avec une estimation d'un baril de pétrole oscillant entre 50 et 55 dollars, Sonatrach pouvait se permettre un programme d'investissement de 50 milliards de dollars, courant sur 5 années. Ce niveau du prix de l'or noir est déjà dépassé de plus de 10 dollars par baril. Ce qui enchante le premier responsable de la compagnie pétrolière qui, lors de son intervention devant la presse, n'a pas caché une ambition assez appréciable, compte tenu de la situation économique que traverse le marché mondial des hydrocarbures. Ould Kadour a opté pour l'offensive. «Nous avons lancé un projet pour voir la possibilité d'acheter une raffinerie à l'étranger», a-t-il lancé, montrant une certaine «audace» plutôt rare dans le milieu des responsabilités économiques nationales. Qu'une entreprise publique «s'offre» une infrastructure à l'étranger, c'est un fait qui ne passera pas inaperçu. Mais le P-DG de Sonatrach semble accepter le risque, puisque, dit-il, ce projet actuellement au «stade des négociations (...) nous permettra de faire d'énormes économies dans le cadre du raffinage de nos propres produits pétroliers et maintenir davantage notre dynamique d'investissement à l'étranger». Le souci est donc économique, même si l'investissement peut paraître discutable, dans certains cercles, tout au moins. Le P-DG de Sonatrach assume pleinement la nouvelle acquisition du groupe pétrolier public et va jusqu'à l'inscrire dans une vision globale signifiant la nouvelle stratégie de Sonatrach. Celle-ci, souligne son premier responsable, poursuit l'objectif de valoriser les ressources brutes en développant l'aval, à savoir la transformation du pétrole et du gaz. Si l'objectif de Ould Kaddour est partagé par tous, la méthode qui consiste à acheter clés en main une raffinerie à l'étranger peut ne pas réunir le consensus au sein des professionnels du pétrole et plus généralement auprès de l'opinion nationale. Mais le P-DG explique que cette acquisition est une phase transitoire, pour faire vite, gagner du temps et de l'argent, en attendant l'achèvement de la réalisation de la raffinerie de Sidi R'zine, à Alger, attendu pour la fin de l'année en cours. Un investissement susceptible de renforcer sérieusement l'offre nationale en matière de produits raffinés. Ce qui permettra de réduire la facture des importations de carburant. L'offre nationale sera, par ailleurs, consolidée, par la réalisation d'une raffinerie à Hassi Messaoud, dont les travaux débuteront dans le trimestre à venir. Le seul point noir au tableau du redéploiement de Sonatrach dans l'aval concerne le projet de raffinerie de Tiaret, dont aucune disposition pour son lancement n'a été encore prise. L'enthousiasme de Ould Kaddour est «objectivement» porté par le redressement des cours au-delà des espérances. Le patron de la compagnie pétrolière mise sur une stabilité à plus ou moins moyen terme, ce qui permettra «de booster davantage les investissements à venir de la compagnie pétrolière nationale», note le P-DG qui ne manque pas de révéler que Sonatrach opère déjà au Niger, au Mali, en Tunisie, au Pérou, en Irak et dans d'autres pays. Un dynamisme remarquable, dont les négociations engagées avec l'Egypte pour lui fournir du gaz de pétrole liquéfié (GPL), en est l'une des expressions.