Le petit malin avait cru trop tôt à l'impunité, après avoir scanné un reçu des assurances! Le juge était vraiment désorienté devant l'inculpé de faux et d'usage de faux, fait prévu et puni par l'article 222 du Code pénal, car le bonhomme a fait un faux sur un reçu des assurances, acte ridicule en soi, puisque le méfait a été découvert, aussitôt que le papier scanné fut présenté au policier. Le juge n'a pas apprécié les balbutiements de Farid. H. qui s'est confondu en excuses maladroites devant le tribunal. Vous vous imaginez la tronche d'un gamin qui chipe à ses parents quelque chose de valeur, qui se fait prendre bêtement et recevra une mémorable raclée dont il se souviendra longtemps! Oui, c'est un peu cela qui a fait que le détenu est plutôt confus: «- Du moment que vous aviez pris le sérieux risque de scanner le reçu, pourquoi avoir pris le volant? dit, l'air peu soucieux le président qui n'est pas du tout pressé d'avoir une réponse de l'inculpé. -Je croyais que jamais, on ne pourrait trouver l'arnaque car, à mes yeux, ce fut un travail inimitable, dans la confection...et... -Oh, oui! Ce fut vraiment un travail inimitable,! coupa le président fâché «comme tout, car, au moment où il risque la peine de 6 mois d'emprisonnement ferme, au minimum, monsieur le prévenu continue à croire que ce fut du bon travail que le faux réalisé!» tonne le magistrat qui est peiné de voir un père de famille empêtré dans un problème pareil pour une modique somme qu'il aurait dû payer et qu'on n'en parle plus. Le pauvre bougre allait voir s'accélérer la cadence du procès au moment où le magistrat effectua une sortie inattendue: -Et qui vous a cédé le faux reçu? Et ne donnez surtout pas un prénom qui ne veut rien signifier! Avertit le juge qui va être bien servi: -C'est un certain Bounour qui habite à Douaouda. Il m'a été présenté par l'agent technique du service, connu pour être un champion du faux!, répond-il en tremblant de trouille, car il venait de saisir la gravité de son acte et mesuré aussi vite l'ampleur des dégâts qu'il a commis envers les siens. Le président lève la tête, le cou et les yeux puis, assène: - Monsieur le procureur, êtes-vous prêt à vous rendre à Douaouda, chercher ce Bounour et le ramener pour payer sa dette de faussaire à la société? - Le parquet ne voit pas d'inconvénient à entreprendre cette opération d'utilité publique: ramener un auteur de faux, c'est une des missions dévolues au ministère public, balance le procureur, comme pour faire peur à l'inculpé qui est entré dans ses petits souliers depuis un bon bout de temps. -D'après ce que j'ai saisi, on vend du faux à Douaouda!, s'écrie le juge à l'aise depuis qu'il a remarqué la position debout gauche de l'inculpé, mort de trouille, juste après avoir entendu le parquetier se lancer dans une diatribe sans précédent dans ce tribunal où les prévenus ne sont jamais gâtés ni encore moins choyés ou dorlotés. Au contraire, cette juridiction est un lieu de souffrance morale pour ceux qui croient à tort que c'est la paix! Le représentant du ministère public a fort bien présenté la chose en élevant le faux au rang de crime: -Oui, monsieur le président, il y a des dossiers de faux criminalisés! Ce n'est un secret pour personne que les documents administratifs ou les faux en écriture peuvent être punis jusqu'à la réclusion perpétuelle. Je peux citer l'article 214 (loi N° 82-04 du 13 février 1982) qui va jusqu'à la réclusion perpétuelle, lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui occupe un poste officiel. En effet, les termes sont, on ne peut plus clairs, et je les cite de mémoire: -C'est dans la section V, du chapitre VII, les faux! Il est stipulé que: «Est puni de la réclusion criminelle tout magistrat, tout fonctionnaire ou officier public qui, dans l'exercice de ses fonctions, a commis un faux en écriture publique ou authentique... Nous avons pris cet extrait comme exemple pour montrer qu'il ne faut jamais jouer avec le faux!» s'est écrié le procureur qui a voulu ainsi frapper l'imagination des présents pour qu'à l'avenir, les gens ne diront jamais qu'ils ne savaient pas! Maintenant, l'article qui nous intéresse - le 222 - lui, est explicite, car il s'agit de la section III, et là, c'est le faux commis dans certains documents et certificats''. Ici, le peine prévue pour ce délit est entre 6 mois et 3 ans et d'une amende de 100 à 15 000 DA.» Le parquetier a achevé son réquisitoire par les demandes et c'est avec les 18 mois ferme et 10 000 DA d'amende aussi ferme que finit l'intervention du représentant du ministère public. L'avocate se limitera en la demande de larges circonstances atténuantes car, lancera-elle, «N'ayant pas présenté son véhicule au contrôle du service technique, il a craint les représailles administratives et alors il est tombé sur un rabatteur qui a fait le reste et les poursuites en font partie!» conclut le conseil qui apprendra plus tard le verdict somme toute, indulgent - le sursis - car le juge n'a pas eu la peau de ce Bounour qui joue avec la liberté des gens parce que ses victimes le protègent par leur assourdissant...silence!