Chaque année, des dizaines d'immeubles sortent de terre Entre clochardisation et double dégradation de l'environnement et du cadre de vie, Sidi Amar est la plaie béante de la wilaya de Annaba. Cadre de vie dégradé, saleté repoussante, anarchie «organisée» et absence d'aménagement, tels sont, entre autres, les caractéristiques de la commune de Sidi Amar, transformée par le manque de discernement de ses responsables en un ghetto grandeur nature. Avec sur son territoire, le complexe sidérurgique d'El Hadjar, le pôle universitaire ainsi que la technopôle, la commune de Sidi Amar n'est pas parvenue à jouer son rôle de propulseur des nouvelles technologies, et encore moins à se hisser au rang des communes modernes. Passés sous le règne du tandem FLN et du RND, le développement et le cadre de vie n'ont pas changé dans cette ville qui s'est considérablement agrandie. Chaque année, des dizaines d'immeubles sortent de terre dans le but de résorber le problème des bidonvilles ceinturant la commune. Nombreux sont les habitants originaires de diverses wilayas, à l'instar de Tébessa, Souk Ahras, Collo, Jijel et M'sila, notamment à avoir élu domicile à Sidi Amar, en quête d'un logement social. L'exode rural a également impacté Sidi Amar, et l'a détourné de sa vocation initiale, à savoir l'extension urbaine de l'agglomération et ce, au vu et au su des autorités locales. A chaque coin, il n'est pas rare de croiser des troupeaux de bovins qui ont fait de Sidi Amar ce «douar géant entouré de bâtiments». Les vaches présentes sur les lieux causent de nombreux désagréments aux habitants. Il arrive même parfois que ces bovins bloquent la circulation au niveau de l'axe principal de la ville, sur lequel est située l'APC. Et surtout, sans que rien ne soit fait pour éradiquer cette présence qui nuit grandement à l'image de la commune. Outre ce fort contingent de bovins, un autre phénomène croissant, celui des commerces de brochettes et de fruits et légumes. Si les premiers squattent en toute impunité les trottoirs, les seconds portent atteinte au cadre de vie, abandonnant ordures et restes d'aliments pourris sur la voie publique. Ce désagrément, faut-il le noter, évolue au sein d'une situation sécuritaire fragile, imposée par une prolifération de la délinquance «remarquable». Nombre d'agressions sont signalées, dont nombreuses se font en toute impunité. Le fléau de la drogue touche une proportion très importante de jeunes. Pis encore, Sidi Amar, depuis ces dernières années, se distingue par la présence de gangs organisés. Ces derniers, en dehors des batailles rangées, sont à l'origine de désagréments causés de jour comme de nuit aux populations, par une délinquance incontrôlable. Un état de fait transformant Sidi Amar en une zone de non-droit. Une perspective angoissante pour les habitants, de plus en plus nombreux à exprimer leur inquiétude, avec un regret perceptible. Un regret mis sur le compte d'une politique de gestion urbaine bancale. Cette parodie de gestion qui fait de l'incivisme son pantin, a, au fil du temps, transformé Sidi Amar en cité oubliée. Une cité où les ordures ménagères sont une problématique nécessitant une solution radicale, mais surtout rapide. On assiste à une prolifération effrénée des décharges sauvages dans toutes les cités et quartiers de la commune, qui induisent des risques importants de pollution et, par ricochet, une atteinte à la santé publique et une menace pour l'environnement. La situation prévalant aujourd'hui, interpelle à plus d'un titre ceux qui ont été élus par une population ayant fondé énormément d'espoir sur eux. Déplorant l'état déplorable et désolant des lieux, les habitants de Sidi Amar accusent les locataires de l'APC de Sidi Amar, d'indifférence et de laxisme. «Ils sont responsables de cet état de fait déplorable», nous lance-t-on. «Si l'incivisme des populations est devenu leur caractéristique, c'est parce que tout simplement la saleté n'émeut plus personne», a expliqué ce boucher. «Nous vivons dans un environnement infesté de moustiques, d'ordures, d'eaux usées et de puanteur entre autres; la commune de Sidi Amar, est l'exemple parfait de la faiblesse du staff dirigeant de l'APC et de l'absence méme de l'Etat», s'est insurgé ce commerçant d'alimentation générale. «Ecoutez madame, à Sidi Amar on vit chacun selon ses propres lois. Regardez, ces pièces du rez-de-chaussée, transformées en commerces en tous genres. Où est l'Etat, où sont les services de contrôle, la PUP surtout?», s'est interrogé notre interlocuteur. «C'est l'Etat qui cautionne les dépassements et les atteintes aux lois de la République, en adaptant le cadre réglementaire à des comportements censés être verbalisés, voire pénalisés», a déploré un homme habitant une nouvelle cité, où les espaces au bas des immeubles, ont, pour les uns, été transformés en commerces, pour les autres en enclos pour élevage! A travers ce bilan, des zones d'ombre persistent et nuisent à l'image de Sidi Amar, où la situation ne cesse de se dégrader. Tous ceux qui ont occupé l'APC, n'ont rien fait pour cette commune. Ils sont tous pareils», nous dit-on. Pour beaucoup, Sidi Amar mérite mieux, il suffit juste que chacun fasse son travail consciencieusement.