Une myriade de groupes jihadistes et de milices armées, qui changent d'allégeance selon leurs intérêts, font régner un climat d'insécurité dans ce pays aux riches ressources pétrolières. Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué samedi une attaque ayant tué six militaires dans l'ouest de la Libye, tandis que les autorités ont annoncé l'arrestation des auteurs présumés. Dans un communiqué diffusé par son organe de propagande Amaq, l'EI a revendiqué cette attaque perpétrée jeudi «contre le barrage de Wadi Kaam sur la route entre Zliten et Khoms, visant un groupe d'agents de sécurité du gouvernement d'union (GNA)». Jeudi matin, des hommes armés ont tué six militaires de la Force des opérations spéciales du ministère de l'Intérieur lors d'une attaque contre un barrage de sécurité et un bâtiment attenant à Zliten, une localité située à 160 km à l'est de Tripoli, dans une région où l'EI est actif. «Les auteurs de l'attaque ont été appréhendés», a affirmé samedi soir le ministre de l'Intérieur du GNA, le général Abdessalam Achour, sur la chaîne privée libyenne Libya al-Ahrar. «Toutes les personnes arrêtées sont des ressortissants libyens (...) et les premières investigations laissent croire qu'il s'agit de membres de l'EI», a ajouté M. Achour, sans donner de détails sur leur nombre. Le maire de la ville, Moftah Ahmadi, avait fait état jeudi d'un homme tué parmi les assaillants et de deux personnes ayant réussi à prendre la fuite. Sept ans après la chute du régime de Maâmmar El Guedafi en 2011, la Libye reste à la dérive, avec deux camps se disputant le pouvoir: le GNA à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, et un cabinet parallèle dans l'est du pays, soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar. Une myriade de groupes jihadistes et de milices armées, qui changent d'allégeance selon leurs intérêts, font régner un climat d'insécurité dans ce pays aux riches ressources pétrolières. Acteurs politiques et milices continuent à se disputer son contrôle, rendant incertaine toute échéance électorale voulue par la communauté internationale dont la dernière initiative a vu les trois principaux protagonistes valider verbalement une plate-forme concernant la tenue avant la fin de l'année en cours d'élections législatives et d'une présidentielle. Il y a exactement trois semaines, le président de la commission chargée d'établir la liste des électeurs a présenté sa démission, au moment même où le maréchal Haftar annonçait qu'il confiait la commercialisation des hydrocarbures aux autorités de l'Est, une mesure vite abandonnée sous l'effet d'un rappel à l'ordre du conseil de sécurité de l'ONU. Autant de soubresauts qui montrent bien que la situation demeure à la fois instable et incontrôlée malgré les efforts du GNA qui peine à asseoir son autorité au-delà de la zone immédiate de la capitale, une donne qui devient encore plus inquiétante avec le retour en force de Daesh dont les coups deviennent de plus en plus nombreux et de plus en plus forts au point que la menace terroriste apparaît aussi pérenne que durant les années précédant l'accord onusien de décembre 2015.