L'Opep et les non-opep serrent les vannes Selon les analystes, la nouvelle courbe haussière des cours est destinée à se raffermir en raison de la baisse de production, plus importante que prévu. Au lendemain d'une réunion, tenue, jeudi dernier, entre les pays membres de l'Opep, où les «incertitudes» et les déclarations «trop prudentes» de l'Arabie saoudite, en sus des «injonctions» du président américain ont fait plonger les cours de plus de 2 dollars, la rencontre Opep-non Opep, hier, a donné quelques couleurs à l'or noir, en raison d'une information qui a fuité, en milieux d'après-midi, annonçant une réduction de 1,2 million de barils par jour. Cet effort baissier serait partagé entre les pays de l'Opep à hauteur de 600.000 baril et leurs alliés non-Opep autour de 400.000 barils par jour. Ces informations distillées par les agences spécialisées n'ont pas tardé à agir sur le marché. Le bond était d'ailleurs remarquable, puisque les cours ont bondi de plus de 5% en cours de séance. Vers 16 heures, le Brent était coté à 63, 27 dollars le baril à la Bourse de Londres, tandis que le WTI américain s'affichait à 54,04 dollars. Selon les analystes, cette nouvelle courbe haussière est destinée à se raffermir en raison de la baisse de production, plus importante que prévu. Il faut savoir, en effet, que le principal producteur de l'Opep, l'Arabie saoudite a placé la barre à un seul million de barils. Retirée du marché, cette quantité devait provoquer une progression assez lente des cours. Mais les 0,2 million supplémentaire, vraisemblablement proposé par d'autres membres de l'Opep et les alliés du cartel pétrolier, lors de la réunion d'hier, a provoqué un sursaut de confiance au niveau des investisseurs. Il reste, cependant, que si l'ensemble des producteurs intéressés par la hausse des cours s'est entendu sur la quantité globale, ramenée à l'échelle des pays, l'équation passe pour être très compliquée. Et pour cause, les trois gros producteurs, que sont la Russie l'Arabie saoudite et l'Iran tentent, chacun pour ce qui le concerne, d'éviter de payer la facture de cette baisse. Les Russes, invoquent leur hiver vigoureux qui les obligerait à pomper plus de pétrole, alors que les Iraniens brandissent les sanctions américaines pour demander à être exemptés de l'accord de réduction. Quant aux Saoudiens qui vivent des pressions directes des Etats-Unis et fragilisés par l'affaire Khashoggi, chercheraient à donner le change à Washington et conserver un niveau de prix «acceptable» pour Donald Trump. D'ailleurs et contre toute obligation de réserve que s'obligeaient ses prédécesseurs, le président américain Donald Trump a sommé l'Opep, à la veille de sa réunion, de maintenir sa production à un niveau élevé, «afin que les automobilistes américains puissent continuer de rouler pour pas cher.» Un discours à consommation interne, certes, mais qui fait des vagues auprès des 25 pays réunis à Vienne, dont le poids équivaut à la moitié de la production mondiale. Indépendamment des interférences politiques qui sous-tendent désormais, toute décision de l'Opep et de ses alliés, quelques aspects techniques sont de nature à complexifier le travail du conclave de Vienne. Les exemptions pour des raisons strictement économiques, dont sont censés bénéficier le Venezuela et la Libye, rendent plus difficile le calcul des quotas de réduction par pays, au même titre d'ailleurs que l'établissement du calendrier de la baisse de la production en Russie. En tout état de cause, il semble que l'essentiel a été fait lors de cette réunion, en ce sens que la catastrophe crainte par l'ensemble des pays producteurs ne s'est pas produite. L'accord a permis d'éviter le pire. Un expert disait, avant le début de la réunion Opep-non Opep que «si l'hypothèse d'une baisse de production d'entre 1 à 1,4 million de barils par jour ne se concrétise pas, la pression sur les cours va s'intensifier et on peut s'attendre à une chute des cours jusqu'à fin 2018 et au-delà». Un scénario apocalyptique pour 25 Etats, dont des puissances économiques membres du G20, à l'image de la Russie et de l'Arabie saoudite. Cet accord permet aux pays producteurs de souffler un peu et d'entrevoir une fin d'année entre 60 et 70 dollars.