La réduction de 1,2 million de barils par jour suffira-t-elle pour inverser la tendance? Si le baril venait à s'enfoncer davantage, il remettrait sérieusement en question bon nombre d'objectifs, tout comme il compromettrait les décisions prises dans le cadre de la loi de finances 2019. Le marché pétrolier tousse. L'Algérie s'enrhume! L'économie nationale qui était tout juste en train de se remettre de la dégringolade des cours de l'or noir est à nouveau dans l'oeil du cyclone. Une myriade de questions foisonne. Elles ne sont pas porteuses, annonciatrices de nouvelles particulièrement bonnes. Il est de notoriété publique que la bonne santé de l'économie du pays, de sa trésorerie, repose sur les prix du pétrole qui lui assurent l'essentiel de ses revenus, son équilibre budgétaire. Ils lui permettent d'engager les chantiers nécessaires à son développement et surtout garantir la paix sociale. Un édifice qui, en l'absence d'une économie productrice de richesses hors hydrocarbures, se fragilise, se fissure. Il risque l'effondrement dès que les prix de l'or noir s'affaissent. A ce titre, les nouvelles sont loin d'être rassurantes. Hier, le baril a encore plongé, touchant de nouveaux plus bas depuis l'été 2017. Vers 12h40 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 53,42 dollars sur l'Intercontinental de Londres, accusant un repli de 93 cents par rapport à la clôture de jeudi. Son plus bas niveau depuis septembre 2017. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance se négociait à 45, 63 dollars, soit 25 cents de moins que la veille. La sonnette d'alarme est tirée. Les prix du pétrole qui ont culminé à plus de 85 dollars début octobre ont chuté de plus de 30 dollars en l'espace de moins de trois mois. Le spectre du tsunami qui a frappé l'économie nationale, dévasté pratiquement la trésorerie du pays, ressurgit. On risque de passer de la lumière au noir. Du jour à la nuit. Une nuit agitée si les prix du pétrole venaient à poursuivre leur descente en enfer. L'alerte a été lancée il y a quelques jours seulement par le patron de la compagnie nationale des hydrocarbures. Le niveau actuel des cours de l'or noir ne permettrait même pas, au pays et à la Sonatrach, poumon de son économie, de faire des planifications et de se projeter dans le futur avait indiqué, le 24 novembre, Abdelmoumen Ould Kaddour lors d'une conférence de presse organisée à l'issue de la signature de plusieurs contrats avec le groupe italien ENI. Ils se sont davantage enfoncés depuis. L'Algérie a certes pris des mesures pour y faire face, mais elles risquent de s'avérer pas assez robustes pour faire face à un autre choc que provoquerait une chute vertigineuse des cours pétroliers. Le recours au financement non conventionnel risque de tourner à plein régime. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur le pouvoir d'achat des travailleurs alors que l'inflation qui a pu être maitrisée autour des 4,5% pourrait ne plus être contenue. Rappelons que l'option du recours au financement non conventionnel a été vue, au départ, d'un très mauvais oeil par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. La conjoncture s'annonçait pourtant favorable à tel point où il a même été question de renoncer à ce type de financement ou de moins y recourir en 2019. Le constat est implacable: leur niveau actuel des prix du pétrole n'arrange pas les affaires du pays. Ils se situent tout juste au-dessus de celui qui a servi de base à la confection de la loi de finances, soit un baril à 50 dollars. Le déficit commercial qui s'est contracté de façon significative après le rebond des prix risque quant à lui de se creuser à nouveau alors que les recettes hors hydrocarbures peinent à atteindre les 3 milliards de dollars. Les réserves de change qui sont tombées de quelque 193 milliards de dollars en 2013 à 88,61 dollars fin juin 2018 risquent de contrarier les estimations du grand argentier du pays, Abderrahmane Raouya, qui avait annoncé qu'elles atteindraient 85 milliards de dollars fin décembre 2018. Ce scénario est à prendre extrêmement au sérieux. Les spécialistes ne voient pas d'amélioration avant le début de l'année 2019. La réduction de 1,2 million de barils par jour décidée par les pays producteurs Opep-non Opep le 8 décembre dernier entrera en action le 1er janvier. Suffira-t-elle pour inverser la tendance? Wait and see!